lundi 27 février 2012

CHRONIQUE DU SOUPIR de Mathieu Gaborit (par Phooka)






Éditions le Pré aux clercs
298 pages
19 euros


Résumé :

Lilas, une naine flamboyante, a choisi, depuis la disparition de Frêne, son époux, de prendre sa retraite de Chef de la garde du palais de la Haute Fée pour ouvrir une auberge au bord de la mer, à l'endroit même ou Frêne s'est "ancré" pour l'éternité. Entourée de quelques amis et d'Errence, un elfe qui est aussi son amant, elle mène une existence un peu trop paisible à son goût.
Alors qu'elle s'interroge avec angoisse sur son devenir, son fils Saule, pourchassé par un groupe de miliciens au service de la Haute Fée, fait irruption dans l'auberge. Il serre dans ses bras une fillette de 10 ans, Brune, qui est à l'agonie.
Après quelques heures d'hésitation, et bien que pressentant l'immense danger qui émane de façon indicible de la personnalité de Brune, Lilas décide de les protéger envers et contre tous.


L'avis de Phooka:

Voilà un roman qui aura fait parler, quasi idéal pour une lecture commune. Les avis se sont étoffés, se sont affinés et  ils se sont même confrontés parfois, au fil des discussions passionnées.
Tout comme LOVD dans sa chronique, je ne vais même pas essayer de parler du thème du roman, et encore moins d'en faire un compte rendu avec mes propres mots. Mes propres mots qui seraient bien pauvres par rapport à ceux de Mathieu Gaborit.
Car s'il y a une chose sur laquelle nous étions, il me semble, tous d'accord, c'est bien l'imagination et la poésie qui imprègne ce récit. Un récit souvent déroutant, voire même frustrant parfois et pourtant incroyablement prenant. Dis comme ça, ça semble vraiment être tout et son contraire...et bien  oui, c'est le cas!

Le roman est "catalogué" Fantasy et comme tel, on s'attend à de la ..Fantasy. En est-ce? oui...et non...
Oui c'est de la Fantasy car on y trouve tous les ingrédients. De la magie, sous la forme incroyablement imaginative du "souffle", des "créatures" avec des nains, des elfes des sirènes et des humains. Mais aussi et surtout, les fées. Ces fées qui sont source de vie, source de magie, source de tout. On y trouve même la quête indispensable à toute fantasy qui se respecte, la quête de la fée primordiale, celle par qui tout est arrivé, celle qui peut tout faire ou tout défaire. Et Mathieu Gaborit nous entraîne dans ce récit fabuleusement étonnant, avec la poésie qui le caractérise.

Mais alors, me direz-vous, pourquoi ai-je donc dit au début que ce n'était pas vraiment de la fantasy? Parce que si beaucoup de choses y sont, beaucoup aussi manquent. Et ces manques sont vraiment frustrants pour le lecteur. Il est évident que pour un si court roman, on ne pouvait pas s'attendre à une saga avec tous les détails des séries de 16 tomes (non je ne cite personne). Mais tellement (trop?) de choses sont laissées sous silence. Des choses qui, on le sait, on le sent, sont bel et bien dans la tête de l'auteur! Tel ce chasseur Elfe aveugle, qu'on croise au tout début. Personnage au potentiel monstrueux qui mériterait une saga à lui tout seul, mais qu'on ne croise qu'au détour d'un chapitre bien court et qu'on ne revoit pas! Quelle incroyable imagination il faut de la part de l'auteur pour créer de tels personnages et de les rendre vivants en quelques lignes. Mais quelle incroyable frustration pour le lecteur qui voudrait tellement, tellement en savoir plus. Et cette frustration, on la retrouve plusieurs fois dans le roman.

Alors que faut-il en penser?

Pour une première fois sans doute, je dois reconnaître que je ne sais pas trop.
Tout le roman aura été pour moi déroutant. A la fois passionnant et frustrant.
Frustrant parce que tant de choses sont laissées de côté. Les personnages que l'on pense importants et qu'on revoit jamais, malgré un potentiel énorme..
Passionnant parce que Gaborit a quand même une imagination délirante, que son monde est un des plus étonnant que je connaisse et que si on accepte (et je dis bien "si") de le suivre dans son délire sans se poser de questions, on se retrouve emporté dans un récit hallucinant.

Par contre, si on cherche à analyser chaque situation, si on ne laisse pas ses sentiments dominer son intellect, si on cherche à tout comprendre, alors on ressent forcément une immense frustration qui peut complètement gâcher la lecture... Les ingrédients qui composent ce roman sont tellement bons, tellement fabuleux (au sens "fable" du terme) que le lecteur voudrait pouvoir avoir une vision d'ensemble et comprendre les raisons des agissements des héros. Et ce n'est pas toujours le cas. Les personnages sont souvent survolés et pas assez attachants, des situations ne sont pas exploitées.
Si  le déraisonnable ne vous effraie pas, si on accepte que ce ne soit pas le livre qu'on attendait, alors le lecteur peut se laisser emporter dans un univers très personnel, celui de Mathieu et faire symbiose avec le récit. Une partie de moi l'a fait.
Mais une autre partie de moi, plus terre à terre , aurait voulu autre chose. Ma partie lectrice de Fantasy se dit qu'elle est passée à côté d'un livre qui aurait pu être géant. Vu tous les ingrédients vraiment extraordinaires et atypiques concoctés par l'auteur, il aurait pu en faire un récit hallucinant. Mais clairement ce n'était pas son but. Pas cette fois en tout cas.

Pour faire une métaphore, je dirais que je vois ce livre comme une ballade en canoë. Alors que je partais pour une ballade tranquille pour observer la végétation environnante, la faune et les flore, mon guide m'a emmené sur des rapides. Malgré la vitesse, je voyais au loin des petites criques magnifiques, des arbres majestueux, des fleurs exotiques, mais loin, si loin, impossible d'en voir le détail, impossible de s'y arrêter, la descente continuait. Même en se tordant le cou, ces petites criques avaient bel et bien disparu. Mais la vitesse du canoé sur les rapides était grisante et tout en regrettant de ne pas admirer le magnifique paysage environnant, la ballade était fascinante.


Je vais donner un avis de normande alors:
Ai-je aimé? P'tet ben qu'oui P'tet ben qu'non. Mais en tout cas c'est une lecture que j'ai apprécié et que je ne suis pas prête d'oublier.



Kamana 
Vozrozhdenyie 
Chica Nessita

11 commentaires:

Lelf a dit…

Je crois que tu es celle qui a le plus réussi à se laisser porter et je t'envie presque ^^
Comme tu le sais, je ne suis pas toujours d'accord avec ta façon de justifier les choses, mais c'est terrible, je crois qu'on pourrait en parler pendant des heures ! :D
C'est au final ce qui fait que cette lecture commune a été très sympathique, parce que même si je n'ai pas apprécié le livre, en discuter en détail avec vous toutes a été un plaisir ^^

Charabistouilles a dit…

Bon bin voilà, tu as assez bien résumé mon avis :P
Je suis comme toi, une partie de moi est frustrée, l'autre bluffée par l'imagination débordante de Gaborit. Le potentiel que ce livre avait, c'est quand même dommage.. :(

Ta métaphore est parfaite, on a aperçu de choses qui auraient pu être grandioses, mais on les a esquivées. J'espère retenter ma chance avec cet auteur étant donné qu'il dit que dans Chronique du soupir, le flou est voulu et qu'il est plus pragmatique dans ses autres romans !

Phooka a dit…

Oui clairement ses atres romans sont plus "classiques" mais on y retrouve cette imagination incroyable qui fait son charme!

Unknown a dit…

"Dis comme ça, ça semble vraiment être tout et son contraire...et bien oui, c'est le cas!" cette phrase résume assez bien le sentiment qu'il m'est resté du livre. Oui, je suis d'accord pour le côté délirant et l'imagination débordante mais je suis restée au bord, je n'ai pas été emportée :)
En tout cas, j'ai adoré la lecture commune et j'ai hâte de recommencer avec plus de présence ce coup-ci ! Merci :)

heclea a dit…

Comme Lelf, je suis limite jalouse de ne pas avoir réussi à me laisser porter comme toi, j'ai l'impression d'être passée totalement à côté !
Merci pour l'organisation et à très vite pour une prochaine LC ;)

Cerisia a dit…

Là je suis passée sous mon canapé (du moins virtuellement) qu'est-ce que je vois y'a que moi qui n'ai pas publié ma chronique...et pour cause je n'ai pas encore lu le livre. Ben oui je viens tout juste de finir "les chroniques des Féals".
Dites moi quelle est la date limite que je ne sois pas totalement honteuse en venant ici....

Phooka a dit…

Ben la date limite c'est la fin du mois de Mathieu donc euh..demain! :))

fais au mieux Cerisia.

Cerisia a dit…

oops, je suis sincèrement désolée, je vais le commencer ce soir, il a l'air de ce lire vite, je devrais pouvoir faire ma chronique jeudi soir. toutes mes excuses pour le retard!

Phooka a dit…

C'est pas grave Miss!

Cerisia a dit…

Ben si quand même ça serait la première fois que je ne tiens pas les délais et j'aime pas ça :( mais je vais arranger ça :)

Cerisia a dit…

Livre lu et chroniqué, j'ai adoré :) je vous ai envoyé le lien via un mail. Merci pour cette excellente lecture :)