mardi 17 octobre 2017

LES YEUX de Slimane-Baptiste Berhoun




Editions Bragelonne

Date de parution : 26/07/2017

Prix : 12.99 €

Nombre de pages : 444

Format : Numérique





Tout en haut du Plateau, le vent pouvait rendre fou.
On avait choisi d’y construire un asile. L’Orme : une grande bâtisse lugubre, battue par les vents et la neige. Même les bombardements de 44 n'avaient pu en venir à bout. À croire qu’il échappait à toute influence humaine.
Et des morts étranges, violentes, il y en avait toujours eu et il y en aurait encore, là-haut. D’ordinaire, personne ne venait s’en mêler. Ni la gendarmerie du Village, ni les réducteurs de tête de Paris.
Si on avait écouté les fous enfermés derrière les murs de l’Orme, on y aurait peut-être vu l’oeuvre d’un monstre. Mais les fous, ça ne s’écoute pas, ça se traite. Ce que le psycho-chirurgien à la tête des affaires médicales de l’établissement sait faire d’une main de fer. À l’abri des regards. À condition de parvenir à se débarrasser définitivement de cette trop curieuse disciple de Lacan venue fouiner dans les dossiers de ses malades.







Allez je suis sympa, je vous refais pas le topo sur Slimane, mon chouchou adoré de la Théorie des Balls et du Visiteur du Futur. Si ? Naaaannn, quand même. Allez donc le lire sur la chronique de La meute ! Je l'adore, point final !


Initialement publié par épisodes avant l'été, Les yeux est maintenant complet et c'est tant mieux parce que je ne me serais pas vue attendre entre deux épisodes. Les yeux est un thriller, un vrai, un dur, un qui fait peur, le genre que j'évite normalement et qui fait dire à Dup que je suis vraiment une poule mouillée. Mais là, il fallait que je le lise, je n'avais pas le choix (si vous avez déjà oublié pourquoi relisez le début de la chronique). Et je me suis laissée prendre au piège, tout à la fois fascinée et effrayée par cette histoire sordide.

A l'instar de Lucie, l'héroïne, on entre d'abord dans cet asile par curiosité, puis on y reste pour essayer de comprendre et ensuite on y est piégé. Vraiment le parallèle entre le destin de Lucie et celui du lecteur est flagrant.

Posons d'abord le décor: Sur un plateau venteux est installé un asile: l'Orme. Au début il comptait quatre bâtiments qui formaient une cour, puis la guerre passant par là, l'un des bâtiment est tombé. Il n'en reste que trois et en assez mauvais état. L'argent manque et le directeur de l'asile fait au mieux avec ses maigres moyens. 
Comme dit dans la quatrième de couverture, il y a toujours eu des morts à l'Orme. C'est normal il parait dans un asile. Alors les gendarmes ne s'en formalisent pas, même si leur chef, Durieux, commence quand même à se poser des questions. Mais ça ne va pas plus loin que ça. Des questions, mais pas de réponses.

Arrive, Lucie, une étudiante d'un grand ponte parisien. Son but à elle c'est de s'entretenir avec Marguerite, une patiente internée à l'asile. Elle veut étudier sa maladie extrêmement rare. Évidemment le directeur accepte. Il voit en Lucie, la chance de se faire connaître en haut lieu à Paris et ainsi de peut-être obtenir des fonds supplémentaires. Mais l'arrivée de Lucie ne se fait pas sans heurt. D'abord il y a Valmont le psychiatre de l'hôpital. Valmont a des méthodes, comment dire ... expérimentales. Ses patients sont ses cobayes et il règne sur l'asile en maître, de même que sur le directeur.
Et puis il y a, Gaultier, le pharmacien. celui qui distribue les médocs aux malades. Discret, effacé, timide, il est fasciné par Lucie. Et puis il y a tous les autres, infirmiers et gardiens. Un microcosme. Un huis-clôt. 

Et dans ce huis-clôt, des relations vont se nouer et se dénouer, des drames vont se jouer. Qui des patients ou des encadrants est le plus fou finalement ? De cellules en salle d'opération, du réfectoire à la cour extérieure, nous les suivons tous, patients, médecins, infirmiers, gardiens, pharmacien, étudiante et nous essayons de comprendre ce qui se passe. Que sont ces "yeux" que certains patients affirment voir la nuit et qu'il ne faut surtout pas regarder sous peine de mourir. Pourquoi ces patients n'osent ils plus regarder personne en face. Qui sont tous ces morts dont la liste s'allonge à chaque hiver ? La grippe est mauvaise par ici, les hivers sont froids et les bâtiments peu chauffés, mais à ce point ?

Il faut aller jusqu'au bout du roman pour comprendre et surtout pour se prendre une claque magistrale par un final qu'on n'a pas vu venir. Et quand on pense tout savoir, on lit les remerciements de Slimane, on tourne la page ... et on découvre LA scène finale. Une demi page rajoutée à la toute fin et qui vous fait frissonner.

Alors oui, j'ai eu les chocottes, oui j'ai frissonné, oui j'ai parfois fermé les yeux pour ne plus voir les mots. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de les ré-ouvrir car je voulais savoir ! Moi qui voyait Slimane-Baptiste Berhoun comme un homme bien gentil sous tout rapport, je révise mon jugement  et je vais dorénavant le regarder avec des Yeux différents! Quel auteur ! Quelle claque !


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