vendredi 15 juin 2012

5ème partie de l'ITV de Nicole Provence



On continue avec cette cinquième page !
Elle est bavarde notre Nicole, mais c'est que du bonheur pour nous :)

Pour relire les précédentes c'est ici :  
Tome 1 , Tome 2 , Tome 3 et Tome 4

" Le Mois de ... " Nicole Provence







Une question de Didi pour démarrer !


Bonsoir Nicole, bonsoir les filles : Phooka et Dup'
Je pointe le bout de mon nez alors que se profile le tome 4 de l'interview de Nicole. C'est vrai que je connais Nicole depuis pas mal de temps maintenant (depuis 2006 je crois :-)et que sur le coup je n'avais pas de questions.
Je suis une de ses lectrices et amie et nous avons partagé beaucoup de bons moments et moi en tant que lectrice j'ai aimé sincèrement son univers et son écriture poétique qui sait mettre en avant dame nature et aussi le caractères de personnages forts. Mon livre chouchou de Nicole est "La pierre du diable"
Mais je ne suis pas là pour évoquer mon ressenti et ma liaison avec Nicole mais bien pour poser une question.
La voilà :

Tu t'es lancée dans le numérique et j'en suis heureuse même si je ne suis pas munie de tablette et que par conséquent je n'ai pas trop envie de lire un roman sur mon écran d'ordi...

Ainsi comment se passe la promotion de tes nouveaux livres en éditions numériques lors de ta participation à des salons et fêtes du livre ?

Nicole :

Bonjour Did. Contente de ta petite visiteJ

Hé bien il faut que tu saches qu’il n’est absolument pas prévu de présenter des romans numériques dans des salons du livre, du moins pour le moment. Les libraires font un barrage systématique contre ce mode de lecture qui commence à leur voler quelques clients, même si tout le monde sait que les deux éditions cohabiteront et que l’une ne tuera jamais l’autre. Il y aura tout simplement deux façons de lire.

Et puis,  il n’existe pas actuellement de salons du livre  numérique. Il faudrait en créer, sans doute cela arrivera-t-il un jour, mais rien pour l’instant. Nous en avons déjà discuté avec mon éditeur, nous avons imaginé la possibilité de télécharger directement sur place les romans, avec les auteurs présents qui dédicaceraient sur la liseuse puisque c’est possible, mais  cela impliquerait l’utilisation d’un matériel spécifique et ce ne serait réalisable que dans de grands salons comme le salon de Paris.
En principe chaque maison d’édition envoie deux ou trois auteurs pour les dédicaces. Pour notre maison il faudrait en déplacer une quarantaine… ce ne serait pas possible.
Pourtant, dans  la foule qui se précipite dans ce dernier, je ne doute pas que nous pourrions toucher un certain public de lecteurs numériques. Ce ne serait pas le cas dans les petits salons que je fréquente. N’ayant pas sorti de nouveau roman papier depuis 2008, je ne suis plus invitée dans les salons de moyenne ou grande importance

Si j’ai pu parler de mes romans numériques à Roisey c’est uniquement parce que j’avais fait du forcing, précisant que je ne voyais pas l’intérêt de me déplacer pour  présenter mes «  vieux » d’autant que j’avais sorti trois nouveaux.  Après délibération des organisateurs, l’idée de présenter au public ce nouveau mode de lecture devenant un sujet possible de table ronde, j’ai pu préparer mon petit spitch et les présenter.

J’avais la chance d’avoir avec moi deux lecteurs numériques qui ont fait des démonstrations de manipulation sur liseuse et tablette. L’un d’eux avait un de mes romans téléchargé et je me suis sentie plus à l’aise. On « pouvait voir » La ravin des anges écrit sur une page virtuelle comme sur une page de livre.  : OUF !
La rencontre a été très agréable, la plupart des participants étaient déjà convaincus avant mon intervention,  mais elle n’a pas touchée la majorité de lecteurs présents. C’était une graine de semée…



N'y a -t-il pas une certaine frustration à ne pas présenter un livre "objet" à ses lecteurs et à en faire une dédicace ?
Très amicalement chère Nicole.
Bisous et bon WE à tous

Nicole :

Ho oui ! Un sentiment de frustration terrible de ne pas avoir sur ma table ne serait-ce que des petites boites représentant mes romans en numérique exposés à côté de mes autres romans. Des petites boites magiques, genre DVD que le lecteur  pourrait acheter et  télécharger de retour chez lui. Ou des clés USB, même si cette dernière solution ne serait pas avantageuse car on le sait une clé USB délivre autant de fois son contenu qu’on le lui demande
Je sais que quoi qu’on nous en dise, les e-pub, e-book et le PDF se « passent »  aussi plutôt facilement pour qui sait se débrouiller.
D’où, avec le recul du temps, la question de savoir finalement combien de romans ont été téléchargés et combien de téléchargements se sont réellement vendus.

Présenter quelque chose de matériel, même si la couverture n’est pas terrible au goût du lecteur ( mais en ai-je vraiment eu d’extraordinaires depuis que je suis publiée ? L…) donne l’opportunité d’en discuter plus aisément, de défendre  le côté  innovant, pratique ou abordable d ’un roman numérique. Là, je ne peux que me contenter d’en parler, de présenter la photo du téléchargement et essayer de convaincre les lecteurs du salon, qui je le vois dans ses yeux, n’en n’ont pas du tout envie parce qu’ils sont pratiquement que des lecteurs papiers.

Petite note au milieu : ça commence à se faire et cela va se faire à mon avis de plus en plus ;)




Et oui, tenir entre mes mains une édition papier de mes romans, les toucher, les poser à côtés de ceux qui sont sur une étagère dans mon bureau, les regarder de temps en temps  donne vraiment l’impression d’avoir « fait quelque chose ». Sensation que je n’ai pas actuellement.

Alors, j’ignore quel sera l’avenir de mes romans en numérique mais si j’avais l’opportunité d’en sortir un dans une maison d’édition classique ( puisque je ne suis pas « pour » les éditions à compte d’auteur) …. Je ne cracherai pas dessus.

Nous verrons ce que nous réserve l’édition numérique car avant toute chose le vrai problème pour moi et les auteurs de Gaïa Village Publications  est de se faire distinguer parmi toutes les autres maisons qui sont sur le Net. Et cela ce n’est pas de notre ressort.


Question de Phooka maintenant :

Quand je vois la longueur et la beauté de tes réponses je me dis que la relation avec tes lecteurs est sans doute une de tes motivations pour écrire.

Quelles sont les autres?


Nicole :

Bonjour Phooka .                  

Ravie de ton intervention même si tu connais déjà presque tout de mon écriture ! J

En effet, j’attache énormément d’importance à cette relation que l’on pense à juste titre, sacrée, entre l’écrivain et le lecteur. Que serait l’un sans l’autre ! Et ce sont des motivations, la rencontre, l’échange. Sans eux, j’aurais l’impression d’écrire dans le vide, de ne m’adresser qu’à mon écran d’ordinateur.
De lui je n’attends rien d’autre qu’il me produise un texte mieux écrit et plus lisible que si je le  faisais au stylo comme naguère, une catastrophe, et qu’il me soulage de quelques fautes d’orthographe.

Quand j’écris, je pense déjà à ceux qui liront et j’engage à l’avance un dialogue silencieux avec eux. Je ne sais pas pourquoi, mais j’imagine souvent une lectrice. C’est sans doute parce que je l’imagine en face de moi que j’ai envie de lui offrir le meilleur de moi-même. Et petit à petit, yeux dans les yeux, très importants les yeux pour moi dans un roman, pensée dans sa pensée, je vais lui faire partager mon aventure, même si je sais que ce n’est pas forcément celle qu’elle attend. Si pour écrire j’ai besoin d’être seule dans mon bureau, il faut en revanche que je sente en face de moi une certaine complicité, même virtuelle.

D’autres motivations ? En tout cas, pas celle de me faire gagner ma vie. A moins d’être un auteur très connu et apprécié, le livre ne nourrit pas son homme, encore moins la femme que je suis. Donc je n’écris pas pour m’enrichir, ni même pour me rembourser de la mise de fond que nécessite l’écriture, matériel, production de manuscrit, envois dans les maisons d’éditions. Quand tu penses qu’on nous réclame même le prix du retour par la poste du manuscrit qui n’a pas été retenu !...

Si je n’avais eu que cette motivation en tête j’aurais arrêté d’écrire depuis bien longtemps

Ecrire,  pour moi, c’est s’oublier pour adopter une autre personnalité, homme ou femme, je n’ai pas de préférence. C’est  pouvoir, si on s’identifie complètement à un des personnages,  traduire tous les sentiments qui l’assailliront lors de ce qu’il vivra.  C’est surtout l’illusion d’être pour quelques mois d’écriture une autre personne très éloignée de nous-même. Il fait bon rêver parfois.

Ecrire c’est vivre une aventure exceptionnelle dont on ne serait jamais capable en temps ordinaire. C’est sortir du quotidien qui lasse. C’est s’isoler du monde réel, rentrer dans une bulle pour se concentrer et s’introduire dans un autre monde. Mais un monde que l’on crée au fur et à mesure des lignes qui s’écrivent. Il y a une certaine jouissance à décider du destin des autres, de la vie ou de la mort d’un personnage, de le faire beau, laid, heureux, violent ou innocent. Un peu Dieu quoi, en espérant offrir au lecteur une petite séance de paradis lors de sa lecture.

Ecrire, c’est aussi se confronter à une difficulté, se jeter un défi et voir si on pourra tenir le coup et écrire le mot fin  sans la terrible page blanche que je n'ai heureusement jamais connue. La première fois où je suis allée jusqu’au bout de mon histoire, c’était pour ma première nouvelle « L’œil ouvert » primé par France Loisirs. J’ai compris que je ne pourrais jamais plus m’arrêter d’écrire pour l’ivresse, la fatigue et la joie  que cela m’avait donnée.

Tant pis pour le temps qui passe, les doigts qui se coincent, les yeux qui tirent, le dos qui râle, écrire c’est… c’est vivre sur un nuage , près du soleil et des étoiles. Exaltation, oui, je crois que lorsqu’on écrit et que l’on parvient à transmettre ce que l’on désire, on ressent une exaltation. Mais à chaque début de nouveau roman je suis  emplie du doute de pouvoir renouveler l’expérience.  Angoisse, Inquiétude, impatience. Arrivée à la page 50 je me sens mieux.

Ecrire, c’est aussi souffrir. Je crois que les auteurs sont tous un peu schizo, enfin moi du moins, …pas trop, mais un peu quand même. Quand j’écris une situation douloureuse je souffre réellement et parfois les larmes me viennent aux yeux au désespoir que j’impose à mes personnages. Je m’attache tant à eux, ils sont si vivants, si réels que  je réagis en symbiose. Cela me permet aussi de transcrire les émotions au plus juste, peur, douleur, chagrin.

Et l’on en revient a ta première phrase,  écrire c’est aussi et surtout pour la relation que je vais entretenir au fil des jours avec mes lecteurs après ces longues séances de solitudes dont je sors affamée de rencontres.  Dans les salons, avec les lecteurs en face de moi,  ou dans les blogs, comme dans Bookenstock, une autre aventure que je vis avec plaisir. Je me remplis à nouveau d’espoir et cela m’encourage à recommencer un autre parcours.

Je sais que ce ne sera pas toujours une rencontre sur du velours. Il y aura certes  ceux qui auront aimé, et là du miel coulera dans ma gorge, un sentiment de soulagement immense, Mais il y aura aussi ceux qui critiqueront ou condamneront, à tort ou à raison. Je ne peux m’y opposer, c’est leur droit, mais ce sera l’occasion de repartir à la bataille, d’expliquer, d’essayer de convaincre, de persuader, de défendre mon point de vue, et parfois d’accepter le fait qu’ils auront raison sur une partie de leur critique.

Ce sera aussi et surtout une manière de progresser ou de me conforter dans l’idée que oui, j’aime écrire et que je ne devrai jamais m’arrêter, même en face d’un échec de publication.

Ecrire  enfin, c’est une évasion,  c’est s’octroyer une liberté absolue dans le virtuel puisqu’une fiction à le droit de ne pas être toujours réaliste. On reste maître des actions et réactions qui se déroulent, on a le droit d’inventer et d’imposer même si ce n’est pas toujours plausible

( Reste après la confrontation avec le directeur de collection, mais ça, c’est une autre histoire….)

Quand j’ai envie d’écrire une belle page, je suis dans mes mots comme l’abeille dans les fleurs de mon jardin. Je vais de l’un à l’autre, les examine, les respire, les butine,  pour en extraire le meilleur. Je cherche ( du moins j’essaie) de trouver parmi tous ceux qui se ressemblent, le plus juste, celui qui saura transmettre le meilleur de ce que je veux exprimer. Une amie écrivain m’a dit et j’essaie de suivre ce conseil : Il faut toujours se remettre en cause, ne jamais trop vite se satisfaire,  ne  jamais hésiter à chercher plus loin, même quand on en a marre de revenir toujours sur la même phrase qui nous dérange.

C’est une balade agréable et  difficile parfois, pour moi surtout qui n’ai jamais fait d’études littéraires, la langue française et si riche et si précise qu’on doute souvent du choix. En revanche je me suis nourrie et enrichie de toutes les écritures des autres écrivains, ce qui valait bien des cours en facultés.

Ecrire c’est se réfugier dans son jardin secret. J’écris des textes qui n’appartiendront qu’à moi…



Questions de Sabine, qui nous sont parvenues par mail ;)


1/ j'ai lu "le ravin des anges" en numérique. J'ai été happée par ce roman qui offre de très beaux portraits, des personnages attachants. Avez vous un secret pour les rendre si réels ?

Nicole :

Bonjour Sabine.

Votre enthousiasme me fait chaud au cœur ! J’ai tant aimé écrire ce roman et j’ai rencontré tant de difficultés de la part des éditeurs que je doutais qu’il paraisse un jour quelque part et même qu’il plaise aux lecteurs. Votre chronique, et les avis chaleureux que j’ai reçus depuis sa parution dans Gaiavillage, m’ont réconciliée avec moi-même.

Dans ma réponse à Phooka hier, j’écrivais que j’adorais vivre une aventure par personnage interposé, une vie à mille lieues de ma petite vie bien rangée, maison, jardin, petits-enfants, écriture. Et ce que j’aime par-dessus tout, c’est me mettre dans la peau d’un autre, essayer de voir avec ses yeux, ressentir avec son cœur, me révolter contre quelque chose même si ce n’est pas le cas dans la vraie vie. Sans doute est-ce cela mon secret ! J

Lorsque Teki suggérait doucettement que j’avais mis beaucoup de moi dans le personnage de Diane que j’aime énormément, il ne s’était pas trompé de beaucoup. Mis un peu de moi, ou sans doute de ce que je rêverais d’être.

Me mettre dans la peau d’un écrivain de polar ne m’a pas demandé beaucoup d’efforts. Ensuite je me suis glissée avec délices  dans la situation de cette femme malmenée par la vie qui allait bouleverser son existence pour partir au secours de sa jeune amie turque.
Mais j’ai aussi adoré me mettre dans la peau de Borry et même…de Feyzullah, ce brave chauffeur de taxi qui jouera un petit rôle dans cette aventure.

Sans doute est-ce pour cette raison que j’aurais aimé faire du théâtre ou même jouer un rôle dans un film. S’oublier pour vivre dans un autre, n’est-ce pas magique ?

Je crois qu’il faut avant tout aimer les personnages que l’on crée, qu’ils soient des monstres ou de véritables héros pour pouvoir les décrire comme s’ils étaient nous-même ; un reflet dans un miroir qui nous délivre petit à petit tous les aspects de sa personnalité.

Je me suis attachée à tous les personnages de ce roman, Jasmine bien sûr mais aussi  Johnny-Efkan,  Ralph, et tous ceux qui gravitent autour de ce drame. « Ce con de Paulo » m’a ému, malgré sa folie. Et je ne vous parle pas d’Alicia pour qui j’avais une immense tendresse
 Ils faisaient partie de ma famille du Ravin des anges et j’aime bien avoir ma famille autour de moi.


 2/ "Le ravin des anges" est un parfait scénario pour un thriller, un pont jeté entre Orient et Occident. Pourquoi avoir choisi La Turquie ?

J’ai choisi la Turquie parce que je suis allée plusieurs années de suite à Istanbul. J’adorais me balader dans ses rues populeuses, les turques sont très gais et très volubiles, son marché aux épices si typique, son grand bazar illuminé de mille merveilles. Et comme j’aime écrire «  sur le terrain » j’avais sous les yeux une formidable documentation.

Mais aussi parce que j’avais été sensibilisée par le problème des jeunes filles turques que j’avais rencontrées dans un lycée de Roussillon. Lors de notre rencontre avec un représentant de l’association « Ni putes ni soumises »  elles avaient clairement défini leur avenir : les études jusqu’au jour où leur père, ou leur frère, déciderait de les marier  à l’homme qu’ils auraient choisi. Que ça leur plaise ou pas : Décision qui les révoltait, elles étaient nées en France et bien qu’ayant été éduquées selon leur rite, n’étaient absolument pas insensibles au mode de vie de leurs camarades de cours.  Mais à quoi bon s’y opposer, elles ne pourraient en aucun cas refuser au risque de se mettre au ban de leur communauté ; d’où le thème de cette partie du roman.

Le thème défini, l’écriture commencée, lors de mon retour en Turquie j’ai recherché dans Istanbul ( plan et appareil photo en mains…)  les rues, les quartiers, l’hôtel qui devaient apparaître dans le roman pour les décrire au plus juste. Et plaisir doublé avec la visite du Palais de Topkapi, des mosquées et de la citerne basilique. Il faut toujours joindre l’agréable à l’utile !


3/ Sans dévoiler l'histoire, je suis tombée sous le charme de Diane, qui me semble pouvoir être le fil rouge d'une série. Y avez-vous pensé ? Pourrait-il y avoir une "suite" de ses aventures ?

J’ai toujours rêvé que mes romans se retrouvent un jour sur les écrans, mais ça, c’est une toute autre histoire. Passer du texte d’un roman à celui d'un scénario d’un film ne se fait pas aussi facilement qu’on le pense. Cela exige une réécriture complète du roman, de nouveaux contrats avec l’auteur et l’éditeur. Un gros investissement financier en perspective. Et aujourd’hui  les réalisateurs préfèrent travailler directement avec des scénaristes. Les thèmes sont souvent proposés ou imposés afin d’éviter tous ces chemins de traverses.

Diane m’inspire beaucoup. Je vous en parle et je l’ai devant les yeux. J’avais prévu une suite ( déjà commencée)  dans laquelle le lecteur découvrirait les secrets de Diane, l’histoire de son passé, celle de Douce découverte par Borry, la réelle raison de sa mort. Tout en enchaînant sur d’autres crimes, enquêtes menées par les deux femmes ( peut-être sans Di Nazzo).  J’adore écrire sur deux thèmes à la fois, le côté roman et le côté polar qui fusionnent et ont une fin commune. Le genre de roman qui est rarement bien accueilli dans les « lignes éditoriales » qui ne veulent que l’un ou l’autre.
Mais écrire demande un investissement de plusieurs mois, et sauf si un éditeur me le demandait, je ne me lancerais plus dans un si grand roman sans être certaine qu’il ait une chance d’être publié.
Je ne veux plus proposer mon roman à des maisons d’édition de polars pour m’entendre dire qu’il est bien mais pas assez thriller, pas assez noir, pas assez si… pas assez ça…

Vous lui trouvez un côté thriller et j’en suis ravie même si ce n’est pas le thriller habituel que l’on lit. Chacun est libre de sa définition.  Mais les maisons d’édition ont des casiers très étroits et sauf de correspondre absolument à leur volume, on en est rejetés !

Merci Sabine pour votre belle chronique et les questions posées sur un sujet qui me tenait énormément à cœur.

Questions de Dup :


On devait, en parallèle de cette ITV faire un débat sur le numérique. Mais aux vues de certains commentaires haineux recueillis sur le blog dès que nous annoncions une lecture sur reader, nous avons abandonné le projet, à ton grand regret, je sais. C'est ballot, mais on ne se sentait pas le courage, ni Phooka, ni moi de faire les modérateurs durant tout un mois !
Alors ma mes questions sont les suivantes :

1) As-tu déjà été confrontée à ce genre de réaction ?

Nicole :

Après Phooka, voici Dup, qui mouille sa chemise, sans doute  pour clore avec ses questions  cet agréable intermède que fut la rencontre avec les bloggueurs de Book en Stock J

Débat annulé c’est regrettable, mais je vous comprends bien. Dommage, il y avait encore certainement beaucoup à dire, à développer, à signaler et mon éditeur était prêt à participer. Il n’en demeure pas moins que depuis les invectives dont vous avez été les victimes, le numérique a fait son chemin dans l’esprit des lecteurs. Les pour et les contre, et c’était bien se fatiguer pour rien que de s’attaquer à un blog ou à ses administratrices qui prennent régulièrement la peine de présenter un choix de romans ou de modes de lecture pour le plaisir de chacun. Sans oublier que ce travail est bénévole et prend beaucoup de temps personnel.

J’ai moi aussi du plaisir à tourner les pages, pourquoi condamner ou agresser ceux qui aiment la nouveauté et le côté pratique des choses.
Il me revient toujours en tête un refrain d’une chanson populaire : Si vous n’aimez pas ça n’en dégoûtez pas les autres !

J’avais trouvé super que vous ayez été un des premier blog à lancer le sujet sur l’édition numérique et les readers. Et crois moi Dup, cela m’avait vivement réconfortée car j’étais d’une indécision folle.
 Je crois aussi que beaucoup de vos visiteurs hésitaient de même pour des raisons différentes et ne savaient pas trop où se renseigner. L’être par vous qui êtes devenues des «  super-readeuses » avait quelque chose de rassurant.

Se lancer dans un projet d’édition qui ne nous correspond pas de prime abord, et surtout à son lectorat habituel  était déroutant. Mais c’était dans l’air du temps, il fallait prendre le train en marche. Ne pas avancer c’est reculer. C’est ce qui se passe désormais avec la publication des romans en édition numérique. Seule différence avec ma maison, elle ne publie que des romans non édités, avec des auteurs qui, s’ils sont triés sur le volet, ne sont pas forcément connus. D’où la difficulté de toucher un grand nombre de lecteurs, du moins pour l’instant.

Et n’oublions pas que par leurs articles et diffusion de titres, les blogs, avant de soutenir les maisons d’édition numérique soutiennent et encouragent surtout les auteurs. Tous ceux qui ont tenté l’aventure, surtout ceux qui ne sont pas très connus comme les auteurs que Book en stock a pris sous ses ailes protectrices ( Ne sont pas mémés qui veut ! J  )

Je vous remercie aujourd’hui, Phooka et Dup, de tout ce que vous avez  mis en œuvre pour promouvoir la lecture en numérique, tout le monde y trouve son compte..


S’en prendre à vous est d’un grotesque incroyable. Comme si édition numérique était un gros mot ou une insulte à la littérature. Personne n’oblige personne. Que ceux qui sont contre ce mode de lecture s’en désintéressent sans injurier les autres. Ils seront probablement ceux qui dans quelques temps décideront de l’adopter pour tous les avantages qu’il représente.

Les seuls qui pourraient faire grise mine sont les libraires puisque les téléchargements coûtent ( en principe, mais pas toujours, hélas) moins cher que les romans papiers. Mais le compte est vite fait, et pour qui aime beaucoup lire sans se ruiner, trois romans numériques au prix d’un seul papier à quelque chose d’assez agréable


2) Ton éditeur t'a-t-il préparée à affronter ce gente d'attitude...euh, déstabilisante ?

Nicole :

Non, pas du tout. Sans doute parce qu’il était persuadé que les lecteurs seraient convaincus, qu’ils s’y rallieraient très vite , et nous feraient bon accueil.
Ce n’est pas du tout le cas. Je galère comme pas deux mais j’ai la foi ! J’ai l’habitude d’affronter les difficultés, les propos désobligeants et je me fais toujours un malin plaisir de monter à l’assaut des montagnes qui se disent imprenables. Nul n’est tenu d’aller vite, l’essentiel est d’être opiniâtre, et de ce côté je ne suis pas de reste

En tant qu’auteur de romans numériques je me suis trouvée confrontée à deux catégories de lecteurs :

La première, désolée de ne pas se joindre à l’engouement qui prenait de l’ampleur. Pas assez lecteurs pour faire les frais d’un reader ou ultra  fidèles de la lecture papier. Quelques qu’en soient les raisons, elles leur appartiennent. Le ton sincèrement désolé en confirmant qu’ils n’auraient pas le plaisir de me lire me déçoit à chaque fois, mais tant pis. Dans ce cas je soupire et je me dis «  tout n’est pas perdu, ils y viendront peut-être un jour ». Et c’est ce qui s’est encore produit très récemment. Une amie qui avait juré que JAMAIS…vient de m’annoncer avec un sourire « ça y est, je me suis lancée, du coup j’ai commandé tes trois romans pour le prix d’un, c’était bête de m’en priver  !   Finalement ce n’est pas si mal que ça !

Et là, je fonds de plaisir…

L’autre catégorie, la plus coriace et la plus récalcitrante , n’hésite pas parfois à émettre un jugement négatif, voire même méprisant,  sur les romans numériques en général, du style,  bof, si ce n’est pas publié papier ce ne doit pas être super. Certes dans le numérique on trouve de tout, du bon et du nul, mais c’est aussi le cas dans des romans publiés dans des maisons d’édition traditionnelle..
Certains   m’ont annoncé d’un ton assez sec, comme une punition que  « puisque mes romans étaient en numérique, ils ne les liraient pas ! » ( na !)

A cette admonestation j’ai été plus peinée qu’en colère, comme si le fait de se faire publier en ligne était une condamnation pour une majorité de lecteurs  Que puis-je répondre à cela, rien ! Je laisse courir, parce que depuis que mes romans sont sortis en numérique, des lecteurs qui ne me connaissaient pas du tout m’ont découverte et appréciée. Ceci,  grâce à la publicité faite, par Bookenstock en tête et bien d’autres blogs amis qui ont suivi la tendance, et à l’inoxydable discours que je tiens chaque fois que l’occasion m’en est donnée.

Peu importe ce qui les a motivés. L’envie de la découvrir un  auteur qui les ont incités à au moins «  essayer »,   ou l’attrait du prix  minime en pensant,  au pire, que s’il ne plaisait pas,  et c’est valable pour tous les romans, il n’auraient pas perdu grand chose »
Ce qui n’est pas le cas avec un roman acheté entre 18 et 23 euros.

Dans la vie il faut regarder le meilleur côté des choses, l’histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide… Les détracteurs, les mauvaises langues finiront par se fatiguer, bien que je trouve désolant que vous ayez dû payer pour votre goût de l’innovation et votre désir de faire partager tous les bons trucs que vous connaissez

Je pense qu’il y a encore du chemin parcourir, mais rien n’est désespéré.




Et Olya qui revient à la charge :)



Hello Nicole :) Je reviens par ici !
Pas énormément de temps en ce moment, il faut que je termine mon mémoire qui sera à rendre prochainement.

Nicole
Alors plein de courage, je suis certaine que tu vas bien t’en tirer !


Olya
Comme nous arrivons bientôt à la fin du mois qui t'est consacré, et que tu vas partir en vacances, quels sont tes ressentis ? Est ce que tu as apprécié être parmi nous et répondre à nos questions de curieux ?

Nicole
Cette rencontre avec vous a été formidable, pourtant vois-tu, je craignais que mes romans d’un genre différent de ceux présentés dans Bookenstock ne motivent pas trop. Le fait que plusieurs d’entre vous aient accepté de jouer le jeu sans trop savoir ce que vous alliez lire m’a fait extrêmement plaisir. J’ai trouvé ça très sympathique.

J’ai toujours aimé la rencontre avec les lecteurs mais d’habitude elle s’effectue de visu, et le contact est différent, dirai-je plus proche. Mais le ton de vos questions a été si agréable que j’ai ressenti le même élan à échanger avec vous. J’étais en confidence avec chacun de vous et je pense à toi et Hécléa qui m’avez consacré plusieurs questions. Merci donc Olya, et je n’oublierai pas les autres dans mon petit mot d’au-revoir. Je ne dis pas d’adieu car qui sait si un jour Bookenstock ne vous présentera pas un roman de genre fantastique ! J

Sache en tout cas, que j'ai été très heureuse de te voir faire partie de ces grands auteurs présents sur Bookenstock, et que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire chacune de tes réponses (enfin, celle de l'interview 5 je ne les ai pas encore lu en entier, ça sera pour plus tard ^^).

Nicole
Il est vrai que j’y suis allée de bon cœur… bavarde a dit Dup, mais j’ai trouvé vos questions si pertinentes et si intéressantes que j’ai essayé d’être le plus précise possible. C’était aussi une manière d’aborder l’écriture différemment que celle des autres auteurs  « Bookenstockiens »..( on peu inventer, hein !) Mon ancienneté dans l’édition a permis, je l’espère, d’éclaircir des petits points qui n’avaient pas été soulevés.

Alors oui, je confirme que le plaisir a été complet et réel. Ces deux grandes semaines sont passées à vitesse grand V tant elles ont été riches en échange.

Tiens, et d'ailleurs, tu pars où en vacances ? :P

Voici une question qui allait dans le sens de mon petit mot de départ, car oui, mercredi matin, très tôt, nous prenons la route de l’océan atlantique, entre Lacanau océan et le Cap Ferret,un camping face au grand large.
Chère Olya, je profite donc de ces derniers instants pour te souhaiter une réussite dans le projet que tu désires entreprendre. Et garde du temps pour la lecture, elle saura te divertir et te faire un peu oublier ces petis soucis inhérents aux études.
Je te fais une grosse bise.

6 commentaires:

Didi a dit…

Merci Nicole pour tes réponses toujours très travaillées et agréables à lire.
J'aime aussi comme tu parles de ton rapport à l'écriture, ça donne envie d'avoir ce don.
Bonne soirée.
Amicalement

Nicole Provence a dit…

Merci ma Did, mais c'est si facile de parler de ce que l'on aime... :-)

Sabine (Ma Bibliothèque Bleue) a dit…

merci Nicole pour toutes ces réponses. j'ai hâte de vous lire à nouveau !

Dup a dit…

On devait, en parallèle de cette ITV faire un débat sur le numérique. Mais aux vues de certains commentaires haineux recueillis sur le blog dès que nous annoncions une lecture sur reader, nous avons abandonné le projet, à ton grand regret, je sais. C'est ballot, mais on ne se sentait pas le courage, ni Phooka, ni moi de faire les modérateurs durant tout un mois !
Alors ma question est la suivante :
As-tu déjà été confrontée à ce genre de réaction ?
Ton éditeur t'a-t'il préparé à affronter ce gente d'attitude...euh, déstabilisante ?

Dup a dit…

ATTENTION, EN RAISON DES PROCHAINES VACANCES DE L'AUTEUR, CE MOIS2 SERA CLÔTURÉ LE 20 JUIN.

LES QUESTIONS PEUVENT CONTINUER A ÊTRE POSÉES JUSQU'AU 18 INCLUS.

Marion a dit…

Hello Nicole :) Je reviens par ici !

Pas énormément de temps en ce moment, il faut que je termine mon mémoire qui sera à rendre prochainement.

Comme nous arrivons bientôt à la fin du mois qui t'es consacré, et que tu vas partir en vacances, quels sont tes ressentis ? Est ce que tu as apprécié être parmi nous et répondre à nos questions de curieux ?

Sache en tout cas, que j'ai été très heureuse de te voir faire partie de ces grands auteurs présents sur Bookenstock, et que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire chacune de tes réponses (enfin, celle de l'interview 5 je ne les ai pas encore lu en entier, ça sera pour plus tard ^^).

Tiens, et d'ailleurs, tu pars où en vacances ? :P