vendredi 8 juin 2018

BLACKWING de Ed McDonald


T1 : La Marque du corbeau



Editions Bragelonne
Date de parution: 18/04/2018
384 pages
25 euros




Sous son ciel brisé et hurlant, la Désolation est une vaste étendue de terre ravagée, née quand la Machine, l’arme la plus puissante du monde, fut utilisée contre les immortels Rois profonds. De l’autre côté de ce désert, grouillant de magie corrompue et de spectres malveillants, les Rois et leurs armées observent encore – et attendent leur heure…

Pour Ryhalt Galharrow, la Désolation n’a pas de secrets. Chasseur de primes armé pour affronter les hommes comme les monstres, il la traverse en quête d’une jeune femme aux mystérieux pouvoirs. Quand il se retrouve pris dans une attaque qui n’aurait jamais dû être possible, émanant des Rois profonds eux-mêmes, seule l’intervention inattendue de celle qu’il recherche lui sauve la vie.

Jadis, cette femme et lui se connaissaient bien. Voilà qu’ils se redécouvrent au milieu d’une conspiration qui menace de détruire tout ce qui leur est cher, et qui pourrait mettre un terme à la trêve fragile de la Machine…







Quel étrange mélange que ce Blackwing ! Étrange et savoureux.

Venez faire la connaissance de Ryhalt Galharrow, un chasseur de prime sans pitié, qui n'a pour seul but que de trouver et tuer les différents monstres et autres humains "dégénérés" dont les têtes lui rapporteront quelques sous. Pour cela, il s'entoure d'une équipe de mercenaires, tous aussi pourris les uns que les autres. Mais parmi ceux là se distinguent deux ""phénomènes": Nenn et Tnota. Nenn est une femme oui, mais surtout une incroyable combattante qui se serait prête à se sacrifier pour son chef. Quant à Tnota, il n'a sans doute jamais tué personne, mais c'est un guide hors pair pour affronter la Désolation.

La Désolation c'est une sorte de désert nucléaire géant. Évidemment ce n'est pas présenté brutalement en tant que tel, mais on le comprend petit à petit. A la fois par les paysages, les phénomènes étranges qui s'y produisent, par les créatures qu'on y croise et surtout par l'effet produit sur ceux qui s'y aventurent. Rien que ce détail surprend dans un roman de fantasy qui au premier abord semble de la pure fantasy épique. Le lecteur comprend alors que le monde dans lequel l'auteur l'a embarqué n'est pas aussi simple qu'il y parait.

Dans ce monde étrange, on comprend alors un peu mieux le rôle de Galharrow et sa complexité. Traîner dans la Désolation n'est pas de tout repos. C'est dangereux, on peut y croiser n'importe qui ou n'importe quoi. Et quand on en revient, on passe quelques jours dans un sale état, le temps de s'en remettre. Ces jours de "repos", la compagnie les passe dans l'un des forts qui encerclent la Désolation. Car oui cette Désolation est sous surveillance constante. Des bêtes y rôdent, mais aussi  les Rois des profondeurs, des sortes de demi-dieux, des immortels dotés de pouvoirs dont le but est d'éradiquer les humains du royaume de Dotmark. Alors les hommes veillent constamment, creusent des tranchées ... Cela ne vous rappelle rien? La peur est une amie de tous les jours, toujours présente malgré la Machine de Nall censée protéger les humains et pouvant être mise en route à tout moment en cas d'invasion. Cette Machine, c'est la garantie que les bêtes et les Rois des profondeurs ne vont pas attaquer. Ils en ont peur, ils connaissent sa puissance. La Machine de Nall c'est la "dissuasion". Là cette fois, nous sommes en pleine guerre froide. Oui mais voilà, cette Machine n'a finalement pas servi depuis des années ...

Dans ce monde brutal et sombre, Galharrow fait ce qu'il a à faire. Il continue de traquer ceux qui peuvent lui rapporter quelques sous. Juste qu'au jour où il doit sauver une jeune femme. Et cette jeune femme il la connait. Il l'a rencontrée et même aimée dans une autre vie ... il y a bien longtemps , lorsqu'il faisait encore partie de l'élite du Royaume. Depuis Galharrow a bien changé, mais surtout il a été marqué. Parce que si la Désolation a ses rois des profondeurs, d'autres immortels sont eux du côté des humains, même s'ils ne se manifestent plus beaucoup de nos jours. Et Galharrow a été marqué par l'un d'entre eux: le corbeau. 

Blackwing est un roman vraiment atypique. De la Dark fantasy mâtinée de post-apo. C'est très sombre, le monde créé par l'auteur est incroyablement complexe et réussi. Chaque chose est pensée et soupesée. Rien n'y est là par hasard. On y retrouve la première guerre mondiale ou la guerre froide, mais aussi tout ce qui fait une bonne recette de fantasy: des guerriers, des sorciers dont certains sont extrêmement puissants. L'humain, lui est bien faible face à tout ceci. Que peut faire un être humain face à toutes ces monstruosités ? face à ce qu'il ne comprend pas ? Galharrow va lutter de toutes ses forces pour sauver ceux qu'il peut (ou ce qu'il peut). Le prix à payer sera élevé. 

Galharrow est un magnifique personnage. Torturé, sombre et alcoolique, il arrive malgré tous ses défauts à nous toucher. Sa rédemption, s'il y en a une qui l'attend, ne sera pas facile à obtenir et il le sait pertinemment. Il ne se laisse pas abattre et va de l'avant quoiqu'il en coûte.

Pour un premier roman Ed McDonald ne fait pas dans la facilité. Il crée un monde "à tiroirs", bourré de références, sombre à souhait et totalement fascinant. Il maîtrise son univers à merveille. De la même façon, ses héros sont complexes, incroyablement forts et fragiles tout à la fois. Les personnages secondaires apportent une touche de fraîcheur bienvenue avec l'humour de Tnota et la mauvaise humeur de Nenn. Eux aussi sont de belles réussites et ils apportent beaucoup au récit. Ce premier opus est une très belle découverte et il me tarde de lire ce que va donner sa suite ... En attendant Blackwing fera évidemment partie de mes coups de coeur!



1 commentaire:

Bouchon des bois a dit…

Je ne l'ai pas encore tout à fait terminé mais... Je te rejoins sur de nombreux points chère Phooka ! Ce roman est assez incroyable, je ne m'attendais pas du tout à une telle complexité, un tel univers... Et un tel personnage central. D'ailleurs, je file : Galharrow m'attend !