vendredi 30 mars 2018

TOUTES BLESSENT, LA DERNIÈRE TUE de Karine Giebel





Éditions Belfond
736 pages
21,90 euros


4ème de couv :

Maman disait de moi que j'étais un ange.
Un ange tombé du ciel.
Mais les anges qui tombent ne se relèvent jamais...
Je connais l’enfer dans ses moindres recoins.
Je pourrais le dessiner les yeux fermés.
Je pourrais en parler pendant des heures.
Si seulement j’avais quelqu’un à qui parler…


Tama est une esclave. Elle n’a quasiment connu que la servitude. Prisonnière de bourreaux qui ignorent la pitié, elle sait pourtant rêver, aimer, espérer. Une rencontre va peut-être changer son destin…
 
Frapper, toujours plus fort.
Les détruire, les uns après les autres.
Les tuer tous, jusqu’au dernier.


Gabriel est un homme qui vit à l’écart du monde, avec pour seule compagnie ses démons et ses profondes meurtrissures.
Un homme dangereux.
Un matin, il découvre une inconnue qui a trouvé refuge chez lui. Une jeune femme blessée et amnésique.
Qui est-elle ? D’où vient-elle ?
 
Rappelle-toi qui tu es. Rappelle-toi, vite !
Parce que bientôt, tu seras morte.






Tama était une petite fille sans histoire et très sage, comme aurait pu dire Jean-Jacques Goldman... mais c'est Karine Giebel qui va nous le dire. Et immanquablement on va s'y attacher tout de suite à cette petite marocaine qui a déjà eu un parcours de vie pas facile. Elle perd sa maman à cinq ans, son père se décharge d'elle en la confiant à sa tante pour refaire sa vie. Je savais pourtant qu'il ne fallait pas que je m'attache, oui je le savais... Mais la plume de l'auteur est ainsi faite que c'est impossible. Je défie quiconque de ne pas aimer cette môme, puis cette ado, et enfin cette jeune femme qu'elle deviendra.
À huit ans Tama est vendue par son père à Mejda pour "lui donner une éducation et la chance d'aller à l'école en France". Mais voilà, Mejad va la déposer directement au sortir de l'aéroport dans une famille Franco-Marocaine où elle sera la bonne à tout faire. Privée de tout, dormant dans la buanderie non chauffée et ne mangeant que les restes, quand il y en a... Et ce n'est que le début, le tout début d'une longue série de supplices que va subir Tama.

Mais dans ce roman il n'y a pas que Tama, on a aussi Gabriel. Un homme d'une cinquantaine d'années qui vit dans un hameau déserté et perdu dans les Cévennes. Il n'a pour seule compagnie que son chien, ses deux chevaux et ses fantômes. On comprend très vite que c'est un assassin, une sorte de tueurs à gages... sans gages : un nom, une adresse, il s'y rend, repère sa cible et l'élimine. Froidement, sans remord. Et là encore, malgré tous les ingrédients accablants amers ou acides utilisés pour le découvrir, on sent que la mayonnaise prend, que l'on s'y attache petit à petit.
Et puis un jour, une belle jeune femme, blessée, mourante et amnésique débarque chez lui et vient perturber son quotidien, ses certitudes...

Les chapitres vont alterner entre Tama et Gabriel. On se doute bien que la fin du trajet de Tama sera le début du trajet de Gabriel. On a hâte de voir la jonction, hâte qu'enfin cesse le calvaire de l'une et commence la rédemption de l'autre. Les chapitres défilent à une vitesse ahurissante, il ne m'aura fallu que deux jours pour avaler ce pavé, que dis-je, ce parpaing.
La construction de cette histoire est magistrale, on assiste à des changements de directions radicaux du parcours de Tama, qui va aller de Charybde en Scylla, puis être sauvée par Izri, le fils de Mejda, puis... arf, c'est indescriptible ! La parenthèse Izri fait du bien, mais elle fait peur aussi, parce qu'elle est beaucoup trop loin de la fin… Les coups de théâtre sont nombreux, certains, peu, heureux.

Avec ce roman Karine Giebel dénonce haut et fort un esclavage moderne qui existe hélas aujourd'hui un peu partout, pas qu'en France. C'est une réalité, cachée bien entendu, mais qui existe partout autour de nous, dans des maisons cossues comme dans des cités défavorisées. Dans ce roman il y a beaucoup de maltraitance, beaucoup de violence, mais aussi beaucoup d'amour dans ce qu'il a de plus pur. J'aime ces livres qui, en plus de nous embarquer complètement dans leur histoire, prennent faits et causes pour dénoncer, pour nous ouvrir les yeux sur une réalité bien sombre de notre quotidien. Karine Giebel rejoint en cela Olivier Norek qui lui aussi n'y est pas allé par quatre chemins dans Entre deux mondes.

Toutes blessent, la dernière tue est un roman noir magistralement bien mené par Karine Giebel qui n'a plus à prouver qu'elle est maître en la matière. Est-ce que Tama délogera Marianne de Meurtres pour rédemption dans mon coeur ? Et bien non, mais à l'image d'une soeur elle y prendra la même place. Comme une mère pour ses enfants, je les aimerai autant mais différemment. Quant à vous, je ne saurais vous conseiller l'un ou l'autre de ces deux livres, donc ce sera les deux !
ÉNORME COUP DE COEUR !





3 commentaires:

XL a dit…

je vais le lire car Marianne est incontestablement ma préférée

Dup a dit…

Tama a pris une bonne place quand même, sans déloger pour autant Marianne ;)

Nahe a dit…

Un univers à découvrir donc :)