jeudi 2 juin 2016

LE VILLAGE de Emmanuel Chastellière





Les éditions de l'instant
340 pages
18,50 euros


Le pitch :

Une jeune fille se réveille un matin dans une demeure inconnue.
Livrée à elle-même au cœur d'un village aussi étrange que désert, privée de ses souvenirs, elle va bien vite se rendre compte que les secrets de son passé sont liés à ceux des anciens habitants des lieux.
Pour se défaire de ces liens invisibles et espérer quitter ce village aux allures de prison hors du temps, elle va devoir raviver les cendres d'un bûcher centenaire...


L'avis de Dup :

Quand on se réveille un beau matin dans un décor inconnu c'est déjà stressant. Mais quand en plus on se rend compte que l'on n'a plus aucun souvenir, ce doit être plus que flippant. C'est ce qui arrive à cette ado que nous allons suivre : "la jeune fille blonde". Parce que oui, elle ne sait plus comment elle s'appelle, ni à quoi elle ressemble. Et il n'y aura que ce dernier point qu'elle pourra résoudre, en croisant un miroir dans cette grande maison vide où elle vient de s'éveiller. Mais elle reste incroyablement zen, trouve de quoi s'habiller, rien pour se nourrir et sort donc explorer les alentours.

Au loin un petit bourg, une église, une fontaine, quelques maisons et autres bâtiments. Tout semble vide, inhabité. Elle déambule dans les rues désertes alors que le soleil décline. L'ambiance est déjà bien lugubre, lorsqu'enfin elle aperçoit un personnage vivant. Celui ci porte un masque affreux évoquant un corbeau. Malgré sa mémoire vide elle sait immédiatement deux choses : 1) C'est un docteur de peste. 2) La Peste n'existe plus depuis des décennies. Interloquée, déstabilisée, elle reste figée là, malgré le malaise qui l'envahit. Elle ne devra son salut qu'à l'apparition soudaine d'une silhouette adolescente sur un toit proche qui lui conjure de fuir, de quitter le village avant la nuit. Et c'est le début d'un véritable cauchemar pour échapper à ce corbeau humain menaçant, pour éviter les pièges que semble dresser le village lui-même. De retour à la case départ, elle y trouvera de quoi manger et un petit mot lui donnant rendez-vous le lendemain, de jour. 

Et voilà, je vais arrêter là sinon je vais tout vous raconter ! Le village d'Emmanuel Chastellière est typiquement le genre de roman que je ne sais absolument pas comment chroniquer. Je ne sais par quel bout le prendre. Notre jeune fille blonde va donc découvrir un petit groupe de plus ou moins jeunes, qui se sont nommés les Enfants Perdus, qui comme elle n'ont plus de mémoire et ont été parachutés ici au Village. Ils se sont surnommés Fumée, Fugue, Paille, Caillou, Carotte, Pastel. Ils vont lui apprendre les règles de survie dans ce milieu hostile frappé par une malédiction bientôt centenaire. Lui apprendre à se méfier des apparences changeantes de ce village, trouver et mériter un surnom. Et tout cela sur fond de peste, rien que le mot fait trembler, de docteurs de peste qui symbolisent réellement l'épouvante, et un bestiaire horrifique qui se glisse dans le récit.

J'ai beaucoup aimé l'idée de cet univers changeant, de faire de ce petit village "piégeux" un véritable personnage mauvais, retors ! Comme s'il s'était allié au personnage démoniaque responsable de la malédiction. J'ai adoré Fugue, bien aimé notre jeune fille blonde et Carotte, détesté Paille. C'était plus que prévu par l'auteur je pense bien sûr ! Mon coeur n'a cessé de faire le yo-yo concernant Fumée durant toute ma lecture... aujourd'hui encore je suis incapable de trancher et cette indécision m'exaspère.

Un roman sur la quête identitaire d'adolescents dans des conditions extrêmes, en milieu hostile, et sans aucun point de repère ni aucun souvenir sur lequel s'appuyer. Un roman dur, un auteur sans concession pour ses personnages qu'il fait évoluer dans un univers imaginaire vraiment sinistre, fort bien évoqué par l'illustration de couverture réalisée par Marc Simonetti.

Cependant malgré un récit sombre, et des passages parfois glauques, la plume reste fluide et belle, avec de-ci, de-là, des phrases pleines de poésie. 
« La brise chasse un nuage qui s'attardait devant la lune, l'envoyant rejoindre ses pairs dans leur enclos d'étoiles. »
Le village est un roman que j'ai trouvé captivant, qui m'a collé quelques sueurs froides et vous savez combien j'aime ça, et qui  pourtant m'a mise mal à l'aise plus d'une fois ! Si j'osais, je dirai que j'ai adoré détester certains passages glauques, tant la plume de cet auteur est visuelle. Un roman qui s'est avéré un "inlâchable". Un rythme soutenu grâce à une alternance des chapitres avec des interludes revenant sur le début de la malédiction, de l'action et des situations souvent très stressantes pour les personnages. Une fin qui m'a complètement déroutée, et qui me fait attendre avec impatience que d'autres l'aient lu afin de pouvoir en discuter. J'attends donc de pied ferme ce "mois de" d'Emmanuel Chastellière qui débutera le 15 juin. Une chose est sûre, c'est un roman qui marque et qui ne peut laisser personne indifférent.



6 commentaires:

Les lectures de Licorne a dit…

Je lis pas cette chronique, mais ça me démange ... et pour cause j'attends de recevoir mon exemplaire ...

Emmanuel a dit…

Ils arrivent, ils arrivent ! :-)

Les lectures de Licorne a dit…

Voilà que je viens de me faire remarquer ... glups !
je sera patiente, merci Emmanuel ;)

Les lectures de Licorne a dit…

*serai ... le doigt a fourché.. c'est l'émotion !

Emmanuel a dit…

Je reste le plus impatient de toute façon ! ;)

Emmanuel a dit…

Ah, et cette fois, ils sont enfin partis/disponibles, OUF ! ;-))