lundi 23 mai 2016

L'ÉPÉE DE L'HIVER de Marta Randall





Les moutons électriques
236 pages
19,90 euros


Le pitch :



Dans le pays glacé de Cherek, lord Gambin de Jentesi va mourir et le chaos menace.
Durant les quatre décennies de sa toute-puissance, Gambin a tenu sa province d’une main de fer. Tandis que complotent ses quatre héritiers possibles, le peuple de Cherek observe avec inquiétude les péripéties de la passation de pouvoir. Car si la puissance de Gambin passe tout entière à ses héritiers, Cherek risque de voir compromises les promesses d’un avenir meilleur et de retomber dans l’obscurantisme. Dans cette atmosphère empoisonnée, un tissu d’intrigues se tisse autour de Lyeth, femme lige du seigneur de Jentesi, qui déteste l’homme cruel qu’elle a servi.




L'avis de Dup :



Gambin, le seigneur de la province de Jentesi est mourant. Comme le veut la tradition, Lyeth sa femme lige parcourt les villages isolés pour annoncer la nouvelle et convoquer les représentants des différentes guildes à Jentesi pour la passation de l'Épée. Lyeth est une cavalière, de la grande guilde des cavaliers, respectée et crainte. Partout où elle passe, les sentiments de peur, voire de haine des villageois à son égard lui colle à la peau. Mais elle sait que celle-ci ne sera jamais aussi forte que celle qu'elle éprouve pour Gambin et sa cruauté. Lyeth attend avec impatience ce décès qui la libérera de son serment. 


Son chemin sur les routes enneigées, les pentes glacées, les rivières gelées du froid pays de Cherek va l'amener à croiser Emris, un jeune orphelin servant dans une auberge. Mue par une impulsion soudaine et charmée et irritée par l'affront et l'irrespect qu'il lui témoigne, elle va le "réquisitionner", comme son grade le permet, et le ramener avec elle. Ensemble ils vont cheminer vers la capitale de la province : Jentesi, au bord du fleuve gelé et son château sur le Rocher qui se dresse au milieu des flots figés. 

J'en profite pour ouvrir une parenthèse sur la somptuosité des décors glacés décrits par Marta Randall. Ce voyage qu'elle nous offre dans Cherek aux côtés de Lyeth est de toute beauté. La magie se poursuit lorsque nous découvrons Jentesi, la ville, son Rocher et son château. Les descriptions sont justes magnifiques. J'avais l'impression de me mouvoir dans un magasin de verroteries scintillant de mille feux, et malgré les batailles, les meurtres, les courses poursuites, d'évoluer dans une ambiance ouatée. Magique, vraiment ! Fin de la parenthèse. 

Lyeth et Emris vont débarquer dans un véritable panier de crabes, où les héritiers potentiels affûtent leurs arguments, complotent, en douce ou non, assassinent pour servir leurs desseins. Jandi, grand maître de la guilde des cavaliers sera sauvagement assassiné et Lyeth va mener l'enquête pour éclaircir cet horrible meurtre et venger son mentor. C'est ainsi que cette Fantasy épique va basculer gentiment mais sûrement en thriller médiéval ! 

Mais ce n'est pas la seule des surprises que nous réserve l'auteur. Alors qu'elle nous a bien ancré dans son monde médiéval et glacé, elle laisse échapper l'existence d'un télégraphe qui hélas, ne fonctionne pas toujours avec les rigueurs de l'hiver de cette province. Puis plus loin encore, d'un sommet Lyeth observe la dernière invention de la guilde des forgerons : une machine infernale crachant de la fumée de son immense chaudière alimentée au charbon. Une machine qui roule sur un ruban d'acier reliant une ville à l'autre, et tractant des chapelets de plateformes où s'entassent des quantités de marchandises, mais aussi des petites maisonnettes équipées de confortables banquettes pour transporter des hommes... On découvre donc une société en pleine mutation où Lyeth et sa guilde ont du souci à se faire ! 

Une touche de steampunk est amenée de-ci, de-là, par le biais d'un personnage loufoque, féru de cartomancie et d'astrologie : Maranta, nièce de Gambin qui défend ses droits à la succession de son oncle par justification cosmique. :))  
«Le Ménestrel de Maranta exhibait un œil artificiel taillé dans une émeraude. Un temps, il avait arboré un mécanisme d'horlogerie dont l'iris faisait un tour complet tous les quarts d'heure, à la grande joie de Maranta et pour le plus grand dégoût de tous les autres.»
Mais ce que j'ai le plus aimé dans ce roman c'est de voir évoluer la relation entre Lyeth et Emris. C'était passionnant, remuant, surprenant, parfois émouvant. 

Bref vous l'avez compris, j'ai adoré cette lecture. Je ne sais si elle s'inscrit dans une saga ou si c'est un one shot. La fin est suffisamment ouverte pour justifier une suite, même si c'est une véritable fin qui répond à toutes nos questions. Et puis j'avoue que j'aimerais beaucoup découvrir plus avant cet univers dont nous n'avons visité qu'une province. Donc madame Randall, messieurs des moutons électriques, je me tiens prête pour décliner les quatre saisons !


Quatrième lecture de Fantasy pour le challenge de dame Licorne
Session 4





2 commentaires:

Boom a dit…

Tu me donnes envie de le découvrir :)

Les lectures de Licorne a dit…

Je suis convaincue, je note. Merci Dup !