jeudi 14 janvier 2016

IL RESTE LA POUSSIÈRE de Sandrine Collette




Éditions Denoël
Collection Sueurs Froides
302 pages
19.90 euros


4ème de couv :

Patagonie. Dans la steppe balayée de vents glacés, un tout petit garçon est poursuivi par trois cavaliers. Rattrapé, lancé de l’un à l’autre dans une course folle, il est jeté dans un buisson d’épineux.
Cet enfant, c’est Rafael, et les bourreaux sont ses frères aînés. Leur mère ne dit rien, murée dans un silence hostile depuis cette terrible nuit où leur ivrogne de père l'a frappée une fois de trop. Elle mène ses fils et son élevage d’une main inflexible, écrasant ses garçons de son indifférence. Alors, incroyablement seul, Rafael se réfugie auprès de son cheval et de son chien.
Dans ce monde qui meurt, où les petits élevages sont remplacés par d’immenses domaines, l’espoir semble hors de portée. Et pourtant, un jour, quelque chose va changer. Rafael parviendra-t-il à desserrer l’étau de terreur et de violence qui l’enchaîne à cette famille?



L'avis de Dup :

WOW ! ÉNORME COUP DE COEUR !

Rafael a toujours été "le petit" dans cette fratrie de quatre garçons, le dernier, l'indésirable, la bouche de trop à nourrir. Souffre douleur des deux aînés, les jumeaux Mauro et Joachim depuis qu'il tient sur ses deux jambes, Rafael vit dans la terreur permanente et n'attend aucun secours de son autre frère Steban dit "le débile". Et encore moins de "La mère"... Il n'y a guère qu'à cheval que Rafael peut échapper aux brimades de ses aînés. 

La mère dirige d'une main de fer l'Estancia et ses terres arides, brûlées par le soleil et balayées par le vent violent des steppes de Patagonie. Les milliers d'hectares suffisent à peine à nourrir leurs troupeaux de bovins et ovins. La vie des quatre garçons est une longue succession de jours éreintants qu'ils effectuent sans moufter, obéissants, tremblants devant La mère. Le fait qu'on ne connaisse jamais le prénom de la génitrice accentue le sentiment malfaisant, c'est La mère, point. Ses gamins s'adressent tous ainsi à elle. Seulement un jour par mois en moyenne Rafael peut se permettre de souffler : La mère se rend à la ville pour affaires avec les jumeaux.

Cet équilibre délétère va commencer à basculer lorsqu'une fois, ils reviendront de la ville sans Joachim. Le huis-clos oppressant se modifie avec une nouvelle répartition des cartes. Et nous ne sommes qu'à la moitié de roman... L'ambiance est tellement tendue qu'un petit rien suffit à déclencher des tempêtes. Rafael navigue à vue au milieu des bourrasques, et même s'il continue à prendre des raclées, il tire son épingle du jeu de mieux en mieux. Le fait d'avoir passé sa vie à se planquer a développé chez lui un sens de l'observation aiguisé, et son intelligence lui permettra de comprendre la moindre modification comportementale des autres. Puis un événement majeur va à nouveau tout chambouler et entraîner des conséquences insoupçonnées. C'est l’hallali final, mortellement flippant. 

Sandrine Collette nous propose avec ce Il reste la poussière un roman d'ambiance terriblement noir. Elle nous avait déjà prouvé avec son premier roman Des noeuds d'acier qu'elle dominait le huis-clos, mais là c'est carrément confirmé ! Je dois dire que je suis bluffée par la maîtrise de ce genre ô combien casse-gueule. Ce roman est réellement magistral comme l'annonce le bandeau qui l'emballe. Des chapitres courts qui alternent entre les différents personnages, la psychologie de chacun est creusée à la perfection. Du coup, aucun acte, si terrible soit-il ne surprend. Et pourtant, je vous garantis que la tension installée dès le premier chapitre ne baisse jamais, on s'y attend aux catastrophes, pourtant on stresse tout le temps.

Bref, cette auteur est en passe de devenir mon chouchou préféré dans cette catégorie. Oui, je crois qu'elle détrône Karine Giebel dans mon coeur. Et si vous passez souvent par ici, vous savez que ce n'est pas un mince compliment que je fais là. À lire absolument, pour les amateurs du genre.


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3 commentaires:

Valentine Pumpkins a dit…

J'avoue ne pas connaitre du tout l'auteur mais cette chronique élogieuse me donne envie de la découvrir ! Je m'en vais d'ailleurs jeter un coup d’œil à tes autres avis ;)

Laure a dit…

Je suis ravie de cette chronique, je suis méga impatiente de lire ce livre de cet auteur que j'aime beaucoup.

Les lectures de Licorne a dit…

Quoi quoi quoi... détrône Karine Giebel !!!! Ah ben c'est donc du lourd pour toi Dup !!
j'ai lu "un vent de cendres" ! J'ai bien aimé mais ... ! Giebel ! quand même ! bon il faudra sans doute que je lises celui ci ! ;)