vendredi 20 novembre 2015

DEUX de Penny Hancock




Sonatine Éditions 
425 pages
20 euros


4ème de couv :


Au Maroc, la vie de Mona est devenu un calvaire. Elle s’occupe de sa fille, Leila, et de sa mère malade. Al, son mari, a disparu depuis plusieurs mois, peut-être parti en Angleterre pour finir ses études de médecine. Aussi quand l'opportunité d'aller travailler à Londres s'offre à elle, Mona la saisit.


A Londres, Theodora a besoin d'aide. Entre son père qui souffre de la maladie d'Alzheimer, son fils qui passe sa journée devant la télé et son émission de radio, elle ne s'en sort plus. L'arrivée de Mona dans sa vie va tout changer. Enfin elle va pouvoir s'occuper d'elle et des siens en sachant qu'elle peut se reposer sur quelqu'un. Sa maison sera impeccable, sa vie sociale à nouveau trépidante et elle va gagner, avec l'arrivée de la discrète Marocaine, plus qu'une employée de maison, une véritable confidente.

Chacune dépend de l'autre mais, très vite, va s'instaurer entre elles un rapport étrange, insidieux et violent. Une lutte feutrée, tout en retenue et en non-dits, qui ne peut que les mener au pire.




L'avis de Dup :


J'ai plus l'habitude de lire des thrillers purs et durs chez Sonatine, enfin dans ceux que je sélectionne plus exactement. J'ai donc été bien surprise par ce Deux qui est en fait un roman noir. Un roman psychologique noir. Après une légère phase de déstabilisation, je me suis laissée happer par le récit de Penny Hancock à tel point qu'il faut que j'avoue que ce roman a été un excellent page-turner lui aussi. Alors au diable les catalogues et autres cases pour ranger ce livre, on va juste dire que c'est du tout bon. De l'excellent même. Coup de coeur !


L'auteur nous dresse un portrait de deux femmes fortes, issues d'horizons totalement différents et qui vont devoir cohabiter.
D'un côté nous avons Théodora ou Dora, anglaise, qui a désespérément besoin d'aide. Elle est seule avec un fils bientôt majeur qui ne fait rien de sa journée à part traîner devant la télé ou jouer à la Play-Station et vient de recueillir son père atteint de la maladie d'Alzheimer. Or elle bosse toute la journée dans une grande radio londonienne.
Et de l'autre Mona, marocaine, qui a désespérément besoin d'un salaire pour subvenir aux besoins de sa petite fille et de sa mère malade, depuis que son mari a disparu sans laisser de traces.

Le piège à lecteur est bien là, les chapitres alternent entre ces deux femmes. Chacune étant narratrice, on est plongé dans la tête et les pensées de chacune d'elle. On est forcé de comprendre ce choc immense qu'elles ressentent. Pour Dora accueillir une totale étrangère chez soi et devoir lui faire entièrement confiance n'est pas simple. Pour Mona se retrouver parachutée dans une banlieue londonienne au début de l'hiver quand on a jamais quitté le soleil et la chaleur marocaine non plus.

Cela va être également le choc des cultures, le choc des pensées, le choc de deux mondes non pas opposés mais différents. Je prends juste l'exemple banal du chat de la maison. Pour Mona c'est une hérésie un chat qui fainéantise toute la journée dans les canapés. Un chat c'est sale, ça vit dehors et ça gagne sa croûte en chassant les souris. Chez nous, occidentaux, l'animal va parfois jusqu'à faire partie de la cellule familiale. Et pourtant ces deux femmes ont beaucoup de choses en commun : elles sont mères, elles sont seules, elles ont en charge un enfant et un parent.

On ne peut s'empêcher de les aimer, de les admirer, car elles vivent chacune au quotidien une vie très dure, faite d'abnégation, de sacrifices. Et puis, et puis... Une sorte de danse va alors s'opérer entre ces deux femmes, une lutte d'influence, puis de pouvoir dont l'équilibre va osciller sans cesse. Gentiment mais sûrement le rythme de cette danse va s'accélérer, entraînant nos deux femmes dans un maelstrom destructeur que l'on pressent inéluctable. L'ambiance va se dégrader jusqu'à devenir irrespirable pour elles, mais également pour le lecteur dont le malaise croît de façon exponentielle. Il est impossible de dire quel personnage on a préféré sous peine de spoiler ce superbe roman. Sachez cependant que tour à tour je les ai aimées, je les ai détestées. Le profil psychologique de chacune a été ciselé à la perfection par l'auteur, manipulant ainsi à sa guise les émotions du lecteur. Du grand art vraiment !

Penny Hancock nous livre deux portraits fabuleux qui continueront leur danse mortelle encore longtemps dans ma tête. Je suis totalement impressionnée par la précision de l'intrigue déroulée alors que tout repose justement sur la psychologie de ces deux femmes, de leur évolution en fonction des événements qui surgissent et des solutions qui s'offrent à elles. C'est bluffant de réussir à maintenir un suspense ainsi et ce jusqu'à la fin. Pour moi c'est un coup de maître que je salue bien bas. Et je sais que je vais me procurer illico le premier roman de cette auteur Désordre que j'ai laissé passer l'an dernier !


7 commentaires:

Valentine Pumpkins a dit…

Aaaaaah la voilà la chronique que j'attendais ! Je voulais absolument ton avis avant de me prendre (ou pas) le bouquin. Et e voilà entièrement convaincue :)

Dup a dit…

wow, quelle responsabilité !
Pourtant il me semble que nous avons été en désaccord il n'y a pas longtemps sur un thriller. Non ?

Valentine Pumpkins a dit…

Certes. Mais ça n'empêche pas la confiance quand même ;) et je ne savais pas vraiment quoi en penser de ce roman, je ne comprenais pas la 4eme de couv, ton résumé est beaucoup plus clair :) T'inquiète, si je n'aime pas, je ne viendrais pas râler xD

Dup a dit…

Il faut juste aimer les romans déstabilisants, dérangeants ;)
Bonne lecture !

Valentine Pumpkins a dit…

C'est bien ce que j'avais compris et je pense que ça va me plaire ;) Merci !

Valentine Pumpkins a dit…

Un petit retour, si ça te dit :) J'ai adoré ! J'ai bien fait de me laisser convaincre par ta chronique ! Quel livre !

Dup a dit…

Ravie et... soulagée :)