mardi 8 septembre 2015

YSABEL de Guy Gavriel Kay



YSABEL


Éditions ALIRE
462 pages
20 euros


Résumé :


Ned, un jeune Montréalais de quinze ans, accompagne son père, Edward Marriner, dans le Midi de la France. Photographe de renommée internationale, Marriner – assisté de Mélanie, Steve et Greg, son équipe technique – a six semaines pour croquer des images inédites de ce magnifique coin de pays, qui regorge de ruines datant de l’époque des Celtes et des Romains. Mais des événements inquiétants perturbent le séjour de Ned: un inconnu le menace dans la cathédrale d’Aix-en-Provence, un étrange malaise l’affecte aux abords de la montagne Sainte-Victoire, des chiens l’attaquent dans un café... sans compter qu’au cours de la nuit de la Beltaine, une antique fête celtique, il assiste à la «magique» disparition de Mélanie! Dès lors, Ned comprend que, dans cette contrée plusieurs fois millénaire, des personnages mythiques ne veulent pas mourir et que, d’une mystérieuse façon, il est personnellement concerné par leur histoire.




L'avis de Dup :

Ce roman lu dans le cadre d'une découverte d'auteur pour un "Mois de" a rempli exactement sa mission : me charmer et me donner envie d'explorer plus avant la bibliographie de cet auteur.

Ned est ado canadien qui se trouve parachuté en Provence, forcé de suivre son père, le grand Edward Marriner, photographe réputé qui doit faire un reportage sur les vestiges historiques du sud de la France. Même si ce séjour lui permet d'échapper à un mois de cours, il se sent malgré tout un peu de trop au sein de cette équipe de professionnels composée de Mélanie, l'assistante de son père et Steve et Greg, deux techniciens. Quant à sa mère, elle officie au sein de Médecins Sans Frontières et se trouve en ce moment au Darfour malgré la forte inquiétude des siens.

Histoire de ne pas traîner dans les pattes de son père, Ned explore seul l'intérieur de la cathédrale Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence. C'est là qu'il va croiser Kate, une new-yorkaise en transit en France dans le cadre d'un échange scolaire, avec qui il va sympathiser. Et heureusement, car l'impact des événements dont ils vont être témoins ensembles va en quelque sorte les lier : quand on ne peut raconter ce qu'on a vu sous peine de passer pour un fou furieux, on est heureux de savoir qu'au moins une personne y croit et comprend votre angoisse.
Ce duo d'ados va apporter pas mal de piquant au récit, car Guy Gavriel Kay va leur prêter un humour et une répartie bien sympathique. L'idylle naissante est pure et saine, et c'est ma foi fort rafraîchissant. Les questionnements et les tâtonnements de ce gamin en passe de devenir un homme sont touchants. 

La Provence est un carrefour historique, haut lieu de conquêtes, de batailles où se sont affrontés aux cours des siècles, les Celtes, les Grecs, les Romains. Les vestiges de ces différentes époques persistent, s'empilent, s'emmêlent à l'image même de cette cathédrale, véritable patchwork de styles architecturaux. Même s'il ne le sait pas encore, Ned a des origines celtes provenant de la branche maternelle aux racines gaéliques. Il se retrouve en ces lieux fortement imprégnés d'histoires, de croyances, et surtout, en cette fin du mois d'avril, à l'approche de Beltaine, une fête religieuse celte majeure célébrant le début du printemps...

Lorsque Kate et Ned vont voir surgir sous leur nez un individu appartenant au passé, menant une quête pour le moins étonnante, cela ne va être que le début des surprises : loups et sangliers, druides et sacrifices, un homme portant ramage tel un dieu de la forêt, capable de se métamorphoser en chouette, etc. Dès lors, le roman va s'emballer : une disparition et un temps imparti très court pour espérer récupérer la disparue enchaînée par une invocation druidique. Le maelstrom entraîne derrière lui Ned et toute sa famille, ainsi que Kate et l'équipe des photographes, tous soudés devant l'impossible. La tension monte et les pages défilent vitesse grand V. 

Le surnaturel apporté par l'auteur dans le récit coule sans heurt, il nous propulse en même temps que son jeune héros dans une autre dimension. Les va et vient temporels s'opèrent tout seuls, voire même semblent logiques au sein de cette mystérieuse région de France. La Provence, chantée par bien des poètes, immortalisée par de grands peintres comme Cézanne devient sous la plume de Kay un personnage à part entière, sublime et sublimée. Ysabel est une ode à la beauté provençale, un guide touristique passionnant et ensorcelant. 

Une intrigue recherchée et prenante portée par des personnages plus que sympathiques, des tournures de phrases et des expressions québécoises (sans doute apportées par la traduction ?) qui font sourire, des relations familiales et amicales profondes, tout cela fait d'Ysabel un roman très agréable à lire que je vous recommande ! 


9 commentaires:

heclea a dit…

Une très chouette découverte de mon côté, je me suis pris d'affection et d'intérêt pour cette galerie de personnages et toute cette Histoire que Guy Gavriel Kay nous fait découvrir.

Dup a dit…

Entièrement d'accord avec toi, une belle découverte pour moi aussi. Et je compte bien aller plus avant dans les romans de cet auteur !

heclea a dit…

Moi aussi, mais je n'arrive pas à me décider sur lequel choisir ;)
Et quel plaisir de pouvoir discuter avec lui ! Merci à Phooka et toi de le permettre !

Gribouille Lechat a dit…

Merci pour cette chronique, qui donne envie de lire ce livre... Car ce n'est pas la couverture qui m'aurait attirée! ;-)

Dup a dit…

J'avoue que moi aussi ! Mais après lecture, elle prend toute sa signification et on finit par l'aimer, si, si !!!

Acr0 a dit…

Le cadre/le contexte est toujours extrêmement soigné et c'est une des qualités indéniables des romans de GGK. Ensuite, et toujours, l'intrigue ;)

Unknown a dit…

Ils ont gardés la traduction Quebecoise au lieu d'en refaire une plus "franco-française", donc il y a quelques expressions typiques qui se remarquent :P

Bouchon des bois a dit…

J'avoue que les expressions québécoises ont fooooortement ralentit ma lecture '_' Mais l'intrigue en elle-même... Fiou ! GGK est un véritable conteur, il a un don certain pour nous emmener dans son univers :) Il me tarde de découvrir ses autres romans !

Dup a dit…

Et tu as bien raison Bouchon, Les Lions d'Al-Rassan est un vrai délice, vraiment !!!