vendredi 6 mars 2015

L'OMBRE de Stephen Lloyd Jones



L'OMBRE
Stephen Lloyd Jones


Super 8 Éditions
parution le 15 janvier
536 pages
19 euros





Elle fuit. Elle est terrifié. A l'arrière de la voiture, sa fille de sept ans dort paisiblement. Sur le siège passager, son mari se vide de son sang. Lorsqu'elle arrive de nuit à Llyn Gwyr, une maison de campagne perdue dans les montagnes arides du Pays de Galles, Hannah Wilde sait qu'une traque vieille de deux cents ans touche à sa fin. Dans le coffre de sa voiture - seul recours contre la malédiction -, une liasse de journaux dévoilant des secrets de survie transmis de mère en fille depuis le XIXème siècle. Hannah n'a plus le choix : il va lui falloir affronter Jakab, un ennemi terrifiant, capable de revêtir à la perfection l'identité de ceux qu'elle aime. La littérature du XXIème siècle est encore capable d'accoucher de monstres inoubliables : Jakab est vivant, et ne ressemble à rien de ce que vous avez pu connaitre. 




L'avis de Phooka:




Les Hosszú élet sont des légendes venues tout droit de la Hongrie du XIXième siècle. Ils sont puissants, quasi immortels et surtout ils peuvent se métamorphoser et revêtir ainsi la forme de n'importe quel être humain. Ils sont, de nos jours, considérés comme un mythe de l'imaginaire populaire, des créatures fabuleuses n'ayant jamais existé. Et pourtant ...

Hongrie 1823, un père, veuf, élève seul ses trois fils, une tâche difficile, surtout lorsque l'un d'entre eux, Lukacs, est handicapé. On s'attache tout d'abord à Lukacs, son frère le traite comme un chien et son père à peine mieux. Pourtant la scène avec la taupe aurait du me mettre la puce à l'oreille (vous comprendrez lorsque vous lirez ce livre ... parce que vous le lirez vous n'avez pas le choix !). Lukacs est aigri, et on le comprend. Il éprouve une telle rancœur vis à vis des siens et de ses proches, que sa seule raison de vivre va devenir la vengeance ...

Oxford, les années 1970. Là, nous faisons connaissance de Richard, un jeune universitaire un peu coincé et de Nicole, une jeune femme qu'il rencontre par hasard dans la bibliothèque. Nicole vit avec sa mère et son comportement intrigue Richard. Elle semble fuir quelque chose ou quelqu'un.

Pays de Galle, de nos jours. Hannah, elle aussi, fuit. elle doit sauver sa fille Leah, 9 ans et son mari grièvement blessé. Elle se réfugie dans une maison de campagne isolée, éloignée de tout et de tous. Elle espère ainsi que le danger restera au loin. Que fuit-elle ou qui fuit-elle ? 

Quel est le lien entre Lukacs, Hannah, Richard et Nicole ? C'est la question que l'on se pose à chaque page. Le roman est construit sur une alternance de chapitres. Trois périodes, trois voix ou ... trois voies. Le passé lointain en Hongrie, le passé proche à Oxford et le présent au Pays de Galles.

Petit à petit, les liens entre les personnages se tissent. Le puzzle se met en place, on devine se qui se passe ... ou du moins c'est ce que l'on croit. On s'attache et on s'inquiète pour Hannah, on se passionne pour Nicole et on s'interroge sur Lukacs.

L'atmosphère de ces trois périodes est parfaitement retranscrite. Si éloignées et pourtant si proches. Si la vie, les coutumes et les gens ont évolué au fil des années, il reste une chose intangible: la peur.
Que ce soit Hannah, Leah, Richard ou Nicole, quelle que soit l'époque, ils ressentent cette même peur. Cette peur qui les oblige à être en permanence sur leur garde, à se méfier de tous et de tout. Et quand cette peur se concrétise, il est trop tard ...

Le roman, construit pour sa première moitié sur cette alternance de chapitres, vous piège dès le premier chapitre. Puis l'auteur déroule son intrigue avec grand talent et une logique implacable. Minutieusement il place ses pions pour arriver au final. A ce moment, il n'y a plus qu'un lieu, une époque car tout arrive à convergence. Le procédé est imparable et le lecteur est totalement captif de sa lecture. Si je dois faire un petit reproche, c'est qu'en ce qui me concerne, j'ai trouvé le final un peu en dessous du reste du roman. La mayonnaise était tellement bien montée que je m'attendais à quelque chose de plus grandiose ou surprenant et de moins "happy end". Là, je reste un peu sur ma faim. Cependant, en aucun cas cela ne change mon avis sur ce livre avec lequel je me suis vraiment régalée.

Une mention spéciale pour le personnage de Leah, une petite fille hors du commun, courageuse et tellement attachante. Elle me plait cette gamine.

Roman dense et sombre, L'ombre, fait partie de ces livres qui vous trottent dans la tête toute la journée et dans lequel on se replonge avec frénésie le soir venu. L'atmosphère si particulière, imprègne le lecteur et le suspense est toujours présent. Pour un premier roman, autant dire que c'est réussi et que Stephen Lloyd Jones est un nom à garder en mémoire. A découvrir sans hésitation, encore une belle découverte de Super 8 !



D'autres chroniques chez Corwall , Lea ...

1 commentaire:

Léa Touch Book a dit…

J'ai beaucoup aimé cette lecture :)