samedi 1 novembre 2014

Interview Le mois de Simon Sanahujas Tome 1








crédit photographique : Brice Maire


« Mais qu’est-ce qu’il lui prend ? » lâche enfin l’homme au crâne rasé, vêtu de noir depuis ses rangers jusqu’à sa veste de treillis sans manches.
Dans ses mains épaisses, le nunchaku de bois sombre virevolte, comme agacé, comme doué d’une vie propre. À son côté, le grand gaillard aux cheveux hirsutes et au visage mangé de barbe et de balafres grogne :
« Aucune idée, Suleyman, ça fait plusieurs jours déjà qu’il est comme ça… »
Comme mal à l’aise, le plus grand réajuste nerveusement les sangles de la longue épée qui lui barre le dos. Le métal crisse sur les clous de sa broigne usée mais le troisième occupant des lieux ne semble se rendre compte de rien, le regard rivé à l’écran d’un petit ordinateur.
« Mais il n’écrit qu’au stylo Bic ! » reprend le premier. « C’est un crédo pour lui, quasi une religion, il est capable d’argumenter là-dessus durant des heures… »
L’autre soupir, ballade son regard d’un brun mêlé de vert dans la pièce où s’entassent livres et objets étranges, à la manière d’un cabinet de curiosité.
« C’est quoi ces trucs ?
― Des trombones… à coulisse, » répond le premier distraitement. « Il a commencé par des études de musique classique ce con, a chopé un ou deux prix de conservatoire puis a expliqué à son professeur qu’il plaquait tout pour écrire des romans de science-fiction. Paraît que le gars a halluciné… »
― Ah ouais ? » grogne le guerrier avant d’ajouter, pensif : « Me rappelais pas qu’il était chauve à ce point…
― Si ce n’était que ça, Karn ! Moi ce qui m’inquiète le plus, c’est son alcoolisme galopant… Il a sorti la bonbonne de marc de champagne, » lâche-t-il en désignant le bureau du menton.
Une large bouteille trône à proximité de l’ordinateur, emplie de trois ou quatre litres d’un liquide translucide. Sur le verre, un autocollant présente une tête de mort électrisée sous laquelle apparaît une inscription sibylline : World War III.
« C’est mauvais signe… » ajoute-t-il encore.
― Sans parler de ce putain d’ordi !
― Sans parler de ce putain d’ordi… »
Une pétarade tonitruante interrompt les deux hommes qui devinent la monstrueuse Harley Davidson en train de se garer sous les fenêtres. Ils échangent un regard qui en dit long tandis que des pas lourds et des bruissements de ferraille retentissent dans l’appartement. Lorsque le colosse fait irruption dans le bureau, c’est comme si l’air venait subitement à manquer tant sa carcasse prend de la place. Recouvert d’acier des pieds à la tête, le triple canon d’une Gatling à plasma reposant nonchalamment sur une épaule, le géant darde des yeux rougeoyants sur les deux héros tandis que sa voix d’outre-tombe retentit :
« Tout va bien ? Je suis venu dès que j’ai su… Il paraît qu’il va y passer un mois !
― Quoi ? » s’exclament les deux héros à l’unisson.
« Mais il ne peut pas me laisser comme ça, pas après la fin de Rancœur », jure Karn.
« Ouais je sais…
― Comment ça ?
― Ben j’ai lu tous ses bouquins, moi.
― Même le dernier ? » répond Karn en ignorant le reproche sous-jacent.
Suleyman acquiesce, un sourire au coin de la bouche.
« Et même ceux d’après… C’est pratique de connaître les portails qui relient les univers, pour ce genre de chose.
― Eh ! Et je finis comment ?
― Ah ben ça, désolé, mais je n’ai pas le droit de le dire. Il y a des règles…
― Je vois… Et toi ?
― Ah ben moi ça va, tu sais : on a un deal. Je l’ai coursé dans tout le Multivers, j’ai tué une dizaine de ses incarnations et après on s’est mis d’accord : il n’écrit plus sur moi. Depuis je suis tranquille.
― Et tu ne t’ennuies pas ?
― Ça m’arrive, parfois, c’est curieux d’ailleurs, comme sensation…
― Cela me rappelle un poème… » intervient le colosse au casque encadré de cornes d’acier.
« Non, Mercenaire ! » gueulent les deux héros à l’unisson alors que l’autre s’apprête visiblement à déclamer.
« Excusez-moi ? »
Surpris, les trois guerriers se retournent pour découvrir un jeune homme qui hésite sur le pas de la porte, un pinceau à la main. Il est vêtu d’une manière pathétiquement normale et, à côté d’eux, paraît rachitique. Le regard qu’ils lui portent ne masque aucunement leur pensée commune, brusquement résumée par le géant aux yeux pourpres :
« C’est qui ce blaireau ?
― Désolé de vous déranger mais voilà : je me suis fait largué par ma copine un peu brutalement y’a pas longtemps, ensuite il m’a fait lire un bouquin sur la psychologie évolutionniste, ça m’a retourné le crâne et puis, alors que j’allais en parler à mon pote Freddy, plus rien. Comme s’il m’avait brusquement laissé en plan…
― Je vois, » lâche Suleyman.
Karn acquiesce, mauvais, en dévisageant le nouveau venu de la tête au pied :
« Il a… changé, visiblement, notre ami l’écrivain…
― Merdier de merdier ! J’en ai marre d’entendre cette putain de chanson partout où je vais ! » intervient alors une voix féminine, en provenance du salon.
« Suleyman’s dream par-ci, Suleyman’s dream par-là… » jure-t-elle encore avant de débarquer dans le bureau, crinière blonde lâchée au vent et yeux gris pétillants.
« J’avais même pas remarqué, » grogne Mercenaire en changeant distraitement son arme infernale d’épaule.
« C’est un monomaniaque quand il écoute de la musique, et ça ne s’est pas arrangé depuis qu’il se pique d’écrire des textes de chanson… » commente Karn.
« Ça encore, ça va, mais le mois dernier il s’est fait imprimé le corps par une typographe. Paraît que c’était de l’art mais moi je n’ai rien compris, » renchérit Suleyman.
« Tu m’étonnes, au moins quand il partait faire le con au Gabon ou en Roumanie, en essayant de prouver l’existence de Tarzan ou de Dracula, ça allait : on se sentait vaguement concerné, quoi…
― Papa ! » lance soudain une voix aigue tandis qu’une gamine aux boucles blondes traverse la pièce comme une furie, bouscule les héros sur son passage et se jette dans les bras de Suleyman.
― Merde, t’as une môme toi maintenant ? » relève Karn.
« De la part d’un gars qui possède des héritiers dans la moitié des royaumes de son monde, je trouve cette remarque un peu déplacée…
― Il est malade le monsieur ? » demande la petite fille en ouvrant de grands yeux inquiets. « Moi je l’aime bien le monsieur, j’espère qu’il va guérir. Dis, tu crois que je peux aller lui faire un câlin, papa ?
― Non mon lapin bleu : on n’est pas vraiment là, tu sais. Et puis de toute manière, je te l’interdirais : il nous en a fait baver, à ta mère et moi… »
La petite a l’air déçue. La jeune femme qui l’a guidée ici lui lance un sourire affectueux puis jette, à la cantonade :
« Bon allez les gars, rien de vraiment grave : il répond aux questions des lecteurs de Book en Stock. Ca va durer un mois et ensuite il se remettra au taf, enfin j’espère… Maintenant, chacun réintègre son univers et fissa, sinon c’est encore moi que le Conseil va venir emmerder ! »





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Ramettes :

Bonjour,
J'adore votre entrée an matière et les personnages qui parlent de leur créateur.
Je n'ai pas encore lu vos autres écrits... mais cette entrée en matière je me demande si la musique joue un rôle dans vos écrits... est-elle présente dans vos histoires ? écoutez-vous de la musique en écrivant ? pensez-vous illustrer certains écrits avec de la musique ? ou proposez-vous une liste de musiques ? on le vois avec d'autres auteurs...
Bon mois de...

Simon :






Bonjour Ramettes, content que ma petite présentation vous ait plu :)

La musique est omniprésente dans mon travail. Ce n’est pas vraiment un choix, cela vient de mes études, de mon éducation et de mon autre travail, mais, en conséquence, elle se retrouve dans tous mes textes, à différents niveaux. Par contre, je n’ai pas réellement de musique à associer à un roman en particulier, tout simplement parce que mes goûts en la matière sont assez vastes et que je vais écouter des centaines de choses différentes sur la période d’écriture d’un texte.

Pour répondre à vos question, oui : j’écris en musique, toujours. J’ai une préférence pour la musique symphonique ou les Bandes Originales de film lorsque j’écrit, mais il m’arrive d’écouter à peu près tout dans ces moments. Dans l’écriture, cette omniprésence de la musique va se retrouver dans les sonorités des phrases auxquelles j’apporte un grand soin, et surtout, dans la rythmique. J’entends les phrases quand je les lis et il m’arrive souvent de les modifier pour les équilibrer rythmiquement, ou pour jouer sur ces rythmes pour créer des effets.

Quant à illustrer mes écrits par de la musique, je crois que je n’ai rien d’autre à répondre que vous proposer d’aller jeter une oreille ici et là :

https://www.youtube.com/watch?v=kxRBqdmRIq0

https://www.youtube.com/watch?v=65q5vKgnknI (bonus : si vous avez l’œil vous me verrez jouer du trombone…)

Bon si, je vais quand même expliquer un peu J. Suleyman’s Dream est une chanson dont j’ai écrit les paroles et qui illustre l’une des scènes clefs de mon roman L’emprise des rêves. Et l’année dernière, nous avons voulu aller plus loin avec le groupe Milamarina, et nous avons monté un spectacle de presqu’une heure, une adaptation musicale complète de ce roman : Suleyman Symphonic Suite. Et pour info en passant, le spectacle sera rejoué à Reims le 10 février 2015…

Et merci pour votre question, qui tombe à pic pour évoquer ce beau projet !

Phooka :

Coucou Simon,

C'est un immense plaisir de t'avoir avec nous pour tout ce Mois de novembre.
Moi je ne peux pas résister au plaisir de te demander de nous parler de Karn. Je suis en admiration béate devant ce personnage, pourtant pas toujours sympathique, mais ô combien attachant. Il a une puissance incroyable.
D'où vient-il? Quelle ont été tes sources d'inspirations pour le créer. Y'a t'il parfois du Simon Dans Karn ?

Simon :


Salut Emma,

Tout d’abord, sache que c’est un plaisir partagé !
La genèse de Karn est très vieille, puisqu’il s’agit tout simplement de mon premier personnage. Lorsque j’ai commencé à écrire, vers l’âge de 13 ans, j’ai débuté par des nouvelles de fantasy qui mettaient déjà en scène Karn. Ce sont des textes de jeunesse et, je vous rassure : ils ne sortiront jamais des cartons où ils reposent depuis. Mais le personnage existait, et avait déjà vécu dans ces textes, possédait déjà un passif. Aussi lorsque j’ai désiré écrire un roman de fantasy, je me suis immédiatement dit que j’allais utiliser Karn. Ces premiers textes m’ont permis de donner de la profondeur et du vécu à ce personnage. D’ailleurs, je fais parfois allusion à ces histoires jamais publiées dans les trois romans qui constituent aujourd’hui son cycle.

À l’origine, lorsque je l’ai conçu, j’étais en plein dans ma période Robert E. Howard, et il y a une énorme influence Conan dedans ; mais pas seulement. Tout d’abord, je n’ai jamais souhaité réutiliser le thème archétypal du barbare, et Karn est un homme issu de la civilisation. Ensuite, il y a eu une autre influence, probablement plus grande encore, celle du Cycle des épées de Fritz Leiber. Les textes de cette série sont bien plus modernes que ceux de Conan, notamment dans la psychologie des personnages ainsi que dans leur évolution. Et cela est très présent dans Karn, beaucoup plus que la main de Robert E. Howard finalement.

Si je devais résumer Karn, je dirais tout simplement qu’il s’agit d’un homme normal. Certes c’est un guerrier émérite, mais ce n’est pas un héros, juste un homme qui vit, qui s’adapte à ses forces et à ses faiblesses et, surtout, qui se cherche constamment. C’est là ce qui en fait un personnage résolument moderne : il y a une évolution psychologique marquée entre chaque roman. Je pense que c’est cette humanité qui le rend attachant, il est bêtement comme nous : parfois lumineux, parfois très sombre.

Quant à savoir s’il existe une part de moi en lui (ou de lui en moi), eh bien la réponse est oui et non ! Il y a toujours une part de l’auteur dans une œuvre, tout simplement parce que l’auteur nourrit forcément ses histoires et ses personnages de choses qui l’ont touché ou le touchent. Karn n’est pas une version fantasy de moi-même, mais nous partageons pas mal de chose. Si je devais en conserver deux, je dirais l’insouciance et l’errance. Karn est un insouciant né, qui passe son temps à réagir aux événements sans se préoccuper du reste, à suivre la vie comme elle se présente sans s’ennuyer de questionnements trop invasifs, qui ne regrette jamais rien et qui relativise systématiquement, même au fond du trou, pour se convaincre que rien n’est véritablement grave. Et quand je parle d’errance, c’est pour un type d’errance intellectuelle : il progresse dans la vie en changeant régulièrement de cap, sans véritablement savoir où il va et en se nourrissant de multiples expériences pour affiner ses objectifs. Ces deux traits de caractère sont assez proches des miens mais, pour le reste, il s’agit bien d’un personnage de fiction ! 
Bonne journée,
Simon
Dup



N'ayant pas encore pu lire ta prose reliée, je me réfère à ton texte d'intro pour des questions d'ordre général.

Alors, finalement tu es plutôt Stylo bic ou ordi pour écrire tes bouquins ?
Si j'ai bien compris en lisant tes lignes, même si la musique reste omniprésente dans ta vie, tu as tout envoyé balader pour écrire, donc pas de double métier. Peux-tu nous décrire une journée type du "monsieur" que la petite fille de Suleyman aime bien ? :) 





Simon :



Bonjour Dup,

J’écris au stylo Bic, systématiquement et depuis toujours. Au début je ne savais pas vraiment pourquoi, je savais juste que j’appréciais le contact de la feuille, le côté physique de l’outil à l’ancienne. Et puis surtout, il m’est arrivé d’essayer d’écrire directement à l’ordinateur, et ce sont les seules fois où j’ai eu la désagréable surprise de croiser le syndrome de la page blanche. Plusieurs personnes m’ont dit ne pas comprendre cette volonté, d’autant plus en imaginant le temps perdu à retaper tout ça, ce sur quoi je ne suis pas du tout d’accord. Le fait de retaper quelque chose de fraichement rédigé fait partie de mon processus de création : cela me permet d’effectuer une première vague de correction à chaud. Généralement, je commence ma journée en tapant ce que j’ai écrit la veille, et cela me permet de me replonger dans le texte, dans ce qui vient tout juste de s’y produire, et ainsi d’attaquer la suite comme si je poursuivais la rédaction sans avoir effectué de pause.
Et puis il y a quelques années, je suis tombé sur différents articles qui traitaient des différences entre l’écriture à la main et celle à l’ordinateur ; et cela a été une révélation car tout s’expliquait. Il ressort de ces études que le fait d’écrire à la main nous plonge inconsciemment dans un état de concentration élevé. Cela provient du fait que nous nous appliquons sans nous en rendre compte, notamment pour le tracé des lettres, la gestion de la ligne, la tenue du stylo etc. Par extension, le travail de rédaction se retrouve à bénéficier de cet état de concentration, ce qui n’est pas le cas lorsque nous tapons à l’ordinateur car c’est alors la machine qui s’occupe de ces tâches, et que le fait d’enfoncer une touche ne nous demande rien de plus qu’un simple geste.
Concernant ton autre question, si : j’ai bien un double métier, malheureusement ! Je crois qu’environ 1% des écrivains français vivent de leur plume, et je fais bien sûr partie des 99% restant. Ma journée type actuelle me voit me lever vers 7h du matin, taper ce que j’ai écrit la veille puis reprendre le travail de rédaction jusque vers midi. Ensuite c’est mon autre boulot qui reprend ses droits : j’officie comme régisseur d’orchestre de 13h à 20h. Enfin, si la journée ne m’a pas trop mis KO, je reprends l’écriture en soirée.
Après, il m’arrive régulièrement de prendre un congé sans solde de un ou plusieurs mois, soit pour avancer sur un projet, soit pour faire une résidence d’auteur comme cela m’est arrivé au début de l’année à Brive-la-Gaillarde. Dans ces cas là, la matinée se déroule de la même manière, sauf que je poursuis l’écriture dans l’après-midi. Vers 17 ou 18h je lâche un peu de leste et vais lire dans un bistrot pendant une ou deux heures, puis je reprends en soirée. Ces périodes sont absolument idéales pour la création : non seulement j’écris à un rythme au moins deux fois plus rapide, mais en outre, le fait de n’avoir qu’une seule activité me permet de m’immerger entièrement dans le texte, sans souffrir des parasitages forcés qu’implique une seconde activité… Cela m’arrive assez peu mais, lorsque cela se produit, je suis comme sur un petit nuage. :)

Dup :

Merci pour cette réponse bien détaillée. Peux-tu nous parler de ces résidences d'auteur et de leurs principes ? Cela fait plusieurs fois que j'en entends parler, je comprends grosso modo le but, mais comment cela se passe réellement non.

Simon :


Le principe d’une résidence est simple : il s’agit d’un échange de bons procédés entre un auteur et un lieu, la plupart du temps incarné par une municipalité ou une intercommunalité. La structure d’accueil met à disposition de l’auteur un logement pour qu’il concrétise un projet littéraire, et le rémunère pour cela. Pour l’écrivain, l’avantage est double : d’une part on lui enlève les soucis d’argent tout en lui permettant de consacrer la majorité de son temps à ses travaux, et en même temps il s’agit d’une immersion privilégiée dans sa création. En effet, l’auteur se retrouve souvent dans un endroit où il connait peu de gens, dans un logement qui n’est pas le sien, en conséquence de quoi il n’a rien d’autre à penser qu’à son projet littéraire. Pour en avoir bénéficié, je peux te dire que c’est une manière de travailler qui n’a pas d’égale !

En contrepartie, l’auteur offre différentes prestations à la structure d’accueil : ateliers d’écriture, rencontres en médiathèque, interventions auprès de scolaires, etc. Parfois, il peut lui être demandé de rédiger une nouvelle dont il offre les droits d’exploitation à son départ. Le ratio qui fait office de norme est celui-ci : 70% du temps est consacré au projet d’écriture, et 30% à la municipalité ou à l’intercommunalité.

Enfin, les résidences se font sur candidature : l’auteur explique son parcours, le projet sur lequel il veut travailler, et les motivations qui l’amènent à postuler. Ensuite un jury se réunit pour examiner les candidatures et retenir le ou les dossier(s) qu’il va accueillir.



Phooka

Je reviens sur Karn et Rancoeur (qui m'ont laissé un souvenir très très fort). Je garde une image de noirceur intense. L'atmosphère est souvent très lourde, les situations difficiles. Je ne veux pas en dire trop pour ne pas dévoiler l'intrigue aux lecteurs mais j'ai des scènes de tortures ou de viol en tête que je ne risque pas d'oublier ! Et quand la lumière apparait, on se sent "soulagé" en tant que lecteur, on respire enfin !

Du coup je me demande s'il en est de même en tant qu'auteur ? Dans quel état écris tu ces scènes? Est-ce difficile ? Est-ce un moyen parfois d'exorciser des choses? 
je ne sais pas si je m'exprime bien, mais c'est juste que je me dis qu'on ne doit pas sortir indemne de ce genre de scènes . 




Simon :



Salut Phooka,

Dans les retours de lecteur que j’ai eu jusqu’ici pour « Rancœur », ce genre de remarque revient très souvent, et ce n’est pas étonnant étant donnée la noirceur de ces passages. Je vais me détacher un peu du texte pour répondre en tant qu’auteur pur, et commencer par cette précision : il ne s’agit absolument pas de scènes gratuites. Et je n’y prend aucun plaisir sadique ou ce genre de chose.
En fait, dans la construction de cette histoire, il s’agit de scènes nécessaires. Elles sont importantes parce que seul ce type de scène peut permettre d’appréhender quel est le réel état psychologique du héros. De par la noirceur et la folie qu’il recèle, de simples mots ne suffisent pas à le décrire pleinement, c’est pourquoi j’ai trouvé que le plus simple et le plus efficace était de montrer.
Après, il s’agit en effet de scènes très rudes à écrire. Il n’y a aucun amusement personnel là-dedans, et aucun exorcisme non plus. S’il peut y avoir de l’auto-exorcisme dans mes textes, il faudra plutôt aller chercher dans le fond que dans ce type de détails/anecdotes. Ce sont des moments pénibles, à l’écriture comme aux relectures, peut-être peut-on y voir comme une manière de sacrifice de l’auteur pour accoucher d’une œuvre ?







Xapur

Salut Simon
Je suis aussi en plein lecture de Rancoeur, et c'est vraiment sympa (et sanglant !).
La fantasy est-il ton genre de prédilection, et prévois-tu d'écrire d'autres types de récits ?




Simon :



Salut Xapur, et merci pour ta remarque, j’espère que la suite te plaira autant !
Il serait faux de dire que la fantasy est mon genre de prédilection. Il l’a été, au début, car lorsque j’ai débuté dans l’écriture je n’ai écrit que ça pendant une demi-douzaine d’années. À l’époque, j’en lisais énormément, mais je lisais aussi de la science-fiction, et ce n’est pas un hasard si mon premier roman a relevé de ce dernier genre. Et puis aujourd’hui, les choses ont beaucoup évoluées et je crois bien que je n’ai plus aucune prédilection hormis celle de l’écriture. J’écris dans tous les genres et pour tous les supports : chanson, conte, textes graphiques etc. En fait, je ne vois plus la littérature comme une fin en soi destinée à servir tel ou tel genre, mais plus comme un outil qui me permet d’aborder tout un tas de choses, et de renouveler constamment ma manière de l’utiliser.
Quant à écrire d’autres types de récit, oui, évidemment. D’ailleurs, le projet qui m’occupe actuellement est un roman de littérature blanche, donc bien éloigné de mes textes de fantasy ou de science-fiction…

13 commentaires:

Olivier Bihl a dit…

Mon billet d'introduction sur mon blog...

Olivier Bihl a dit…

ici : http://passiondelecteur.over-blog.com/2014/11/le-mois-de-novembre-2014-chez-book-en-stock-sera-celui-de-simon-sanahujas-avec-en-partenariat-son-livre-rancoeur-chroniques-de-karn.

Ramettes a dit…

Fait aussi ;-)

Bonjour,
J'adore votre entrée an matière et les personnages qui parlent de leur créateur.
Je n'ai pas encore lu vos autres écrits... mais cette entrée en matière je me demande si la musique joue un rôle dans vos écrits... est-elle présente dans vos histoires ? écoutez-vous de la musique en écrivant ? pensez-vous illustrer certains écrits avec de la musique ? ou proposez-vous une liste de musiques ? on le vois avec d'autres auteurs...
Bon mois de...
Bon mois de...

Phooka a dit…

Coucou Simon,

C'est un immense plaisir de t'avoir avec nous pour tout ce Mois de novembre.
Moi je ne peux pas résister au plaisir de te demander de nous parler de Karn. Je suis en admiration béate devant ce personnage, pourtant pas toujours sympathique, mais ô combien attachant. Il à une puissance incroyable.
D'où vient-il? Quelle ont été tes sources d'inspirations pour le créer. Y'a t'il parfois du Simon Dans Karn ?

Xapur a dit…

Je participe avec plaisir, voici mon article de présentation : http://bibliosff.wordpress.com/2014/11/03/le-mois-simon-sanahujas-chez-bookenstock/

Dup a dit…

N'ayant pas encore pu lire ta prose reliée, je me réfère à ton texte d'intro pour des questions d'ordre général.
Alors, finalement tu es plutôt Stylo bic ou ordi pour écrire tes bouquins ?
Si j'ai bien compris en lisant tes lignes, même si la musique reste omniprésente dans ta vie, tu as tout envoyé balader pour écrire, donc pas de double métier. Peux-tu nous décrire une journée type du "monsieur" que la petite fille de Suleyman aime bien ? :)

Dup a dit…

Merci pour cette réponse bien détaillée. Peux-tu nous parler de ces résidences d'auteur et de leurs principes ? Cela fait plusieurs fois que j'en entends parler, je comprends grosso modo le but, mais comment cela se passe réellement non.

Phooka a dit…

Je reviens sur Karn et Rancoeur (qui m'ont laissé un souvenir très très fort). Je garde une image de noirceur intense. L'atmosphère est souvent très lourde, les situations difficiles. Je ne veux pas en dire trop pour ne pas dévoiler l'intrigue aux lecteurs mais j'ai des scènes de tortures ou de viol en tête que je ne risque pas d'oublier ! Et quand la lumière apparait, on se sent "soulagé" en tant que lecteur, on respire enfin !

Du coup je me demande s'il en est de même en tant qu'auteur ? Dans quel état écris tu ces scènes? Est-ce difficile ? Est-ce un moyen parfois d'exorciser des choses?
je ne sais pas si je m'exprime bien, mais c'est juste que je me dis qu'on ne doit pas sortir indemne de ce genre de scènes .

Xapur a dit…

Salut Simon
Je suis aussi en plein lecture de Rancoeur, et c'est vraiment sympa (et sanglant !).
La fantasy est-il ton genre de prédilection, et prévois-tu d'écrire d'autres types de récits ?

Phooka a dit…

Tu dis dans l'ITV "Vers 17 ou 18h je lâche un peu de leste et vais lire dans un bistrot pendant une ou deux heures,"

C'est marrant ça de lire dans un bistrot ? Pourquoi donc? Pourquoi pas sur ton canapé ou sue la terrasse ?

Et puis justement que lis-tu ? As tu un genre de prédilection ? Quel(s) livre(s) t'a(ont) marqué récemment ?

Nahe a dit…

Bonjour Simon,

je suis justement plongée dans Rancoeur et je rejoins totalement Phooka quand à la noirceur et aux scènes fortes. Justement, et là, je la retrouve encore, as-tu besoin de changer de genre pour choisir tes lectures après avoir écrit des pages si dures ? Ou le contraire ?

Anonyme a dit…

Bonjour Simon,

Vous avez écrit des nouvelles et des romans. Dans lequel de ces modes d'expression vous sentez-vous le plus à l'aise ? Dans lequel vous amusez-vous le plus ?
Merci. Claire

Olivier Bihl a dit…

Avant de revenir aux questions ma chronique sur le partenariat ; http://passiondelecteur.over-blog.com/2014/11/le-mois-de-novembre-2014-chez-book-en-stock-sera-celui-de-simon-sanahujas-avec-en-partenariat-son-livre-rancoeur-chroniques-de-karn