vendredi 21 février 2014

LES MAINS DE DIEU de Ludovic Rosmorduc





Editions J'ai Lu
15 euros
380 pages
Sortie le 19 février 2014



« Onzième jour du mois de novembre de l’an 1215. Un jour terne se levait sur Rome, capitale de la Chrétienté. Tous les ecclésiastiques piétinant sur le parvis attendaient cela depuis plus de deux ans. Depuis le 19 avril 1213, date à laquelle le pape Innocent III les avait convoqués au quatrième concile du Latran. Les yeux rivés sur le portail, aucun des religieux ne remarqua les ombres furtives qui, à la dérobée, s’échappèrent du saint édifice par l’une des portes du transept. » 


À l’heure où la croisade contre les albigeois fait rage, Théodore d’Havricourt, vieil érudit passionné, et la jeune Jehanne sont accusés à tort et doivent fuir Carcassonne pour sauver leurs vies. Pourtant, les chevaliers de Simon de Montfort, le chef des croisés, ne sont pas leurs plus farouches poursuivants. De mystérieux dominicains semblent résolus à s’emparer d’un étrange livre en leur possession… Et les Mains de Dieu sont prêtes à tout pour arriver à leur fin.

L'avis de Phooka:


Quand je commence une chronique en criant "Coup de coeur !!!!", c'est que c'en est un et un gros. Alors, bouchez-vous les oreilles parce que je vais le hurler: COUP DE COEUR !!!!

Rhooo qu'il est bien le nouveau roman de Ludovic Rosmorduc !!!

Alors c'est quoi ?

Un roman historique ?
-Oui évidemment, mais pas que ....
Une enquête ? Un mystère ?
-Oui, mais pas que ....
Un roman d'amour alors ?
-Aussi, mais pas que ....
Un thriller? Du suspense ?
-Mais pas que ....

Bref, pour le résumé vous l'avez au-dessus. Sachez juste que pendant tout le roman, nous allons suivre Théodore, un vieil érudit passionné de lecture ce qui le rend immédiatement sympathique aux lecteurs que nous sommes. En effet, sa seule passion c'est d'amasser des livres, le plus possible et de les dévorer pour en garder la quintessence en tête. Il voudrait accumuler le plus de savoir possible, c'est son but, son idéal. Mais voilà, Théodore se fait vieux et la maladie héréditaire qui le touche comme elle avait touché son père et son grand-père, lui fait apercevoir le bout du couloir ... Il ne se déplace plus qu'avec difficulté, et doit avoir recours de plus en plus souvent à une potion pour soulager momentanément ses douleurs. Rien ne peut le guérir, son destin est écrit. Heureusement deux rencontres fortuites vont égayer ses derniers jours, celle avec Jehanne, une mystérieuse jeune femme qu'il va recueillir sous son toit et celle avec un ... mystère. Et quel mystère! La quête parfaite pour Théodore: un vieux livre. Un ouvrage très ancien, que personne n'a jamais vu, ni même entendu parler. La seule chose qu'il sait c'est que des envoyés du pape, les mains de Dieu, sont sur la trace de ce mystérieux écrit. La curiosité de Théodore s'éveille, curiosité qui devient obsession et il n'aura de cesse que de retrouver ce recueil.
Cette enquête va le mener sur les chemins, lui qui avait pour seul horizon les murs de sa maison couverts de livres. Il va bien sûr affronter des dangers car les envoyés du pape ne supportent pas la concurrence et sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. Il sera secondé par Jehanne et d'autres rencontres faites le long des routes. Une bien belle façon de vivre ses derniers jours.


Cette enquête se déroule dans un XIII ième siècle troublé, une période à laquelle il ne fait pas bon être autre chose que chrétien. Les albigeois en ont d'ailleurs fait les  frais, massacrés lors des sacs de villes comme Bézier par des croisés sans pitié. Comme toujours (voir la biblio de l'auteur en bas de cet article) le contexte historique dépeint par Ludovic Rosmorduc est criant de vérité. L'auteur redonne vie à cette période trouble de l'histoire. Il ne se contente pas de re-situer le récit dans ce contexte, non, il lui donne une vraie vie avec un réalisme confondant. A aucun moment le côté "Historique" (avec le grand H), ne devient lourd. Bien au contraire, il est un cadre idéal, crédible et passionnant.

A ceci il faut ajouter des personnages très forts. En premier lieu, Théodore bien sûr; Comme dit plus haut, son amour des livres en fait un héros auquel le lecteur s'attache immédiatement. On le suit à son rythme lent tout au long de cette aventure. Car oui, le rythme de Théodore est lent. Il est vieux et malade et le roman suit son allure. Malgré le suspense, ne vous attendez pas à de folles chevauchées ou courses poursuites, non, tout est finalement "paisible" ... ou presque.
Et puis il y a Jehanne, une jeune femme à l'orée de sa vie et qui se pose bien des questions.

Mais ce qui m'a vraiment transportée, au-delà de l'histoire par elle-même passionnante, c'est bel et bien l'écriture de Ludovic Rosmurduc. Par rapport à ces précédents ouvrages, il a gagné en maturité et surtout en "efficacité". Point de longues et interminables descriptions que l'on retrouve parfois dans ce type de récit. Non, l'auteur nous dépeint l'époque, le décor, le vie des gens avec une vivacité et un réalisme qui permet au lecteur de s'y plonger corps et âme sans la moindre lourdeur. Les chapitres sont courts et l'écriture est belle et prenante, alors les pages défilent toutes seules et ce n'est que plaisir de lecture. Pendant longtemps je me suis demandée comment ce roman allait finir vu le contexte (et non je ne dirais rien pour ne pas spoiler) et cette fin au tout début m'a parue un peu "plate", un peu rapide. Mais d'un autre côté, compte tenu de l'essence même du livre mystérieux que Théodore recherche, il ne pouvait en être autrement. Par cette belle pirouette, Ludovic Rosmorduc, termine son roman de la meilleure façon qu'il soit en y faisant passer un très beau message sur la façon d'envisager sa propre vie.

Bref, je l'ai dit au début et je le redis, je me suis régalée de bout en bout avec Les mains de dieu. C'est un vrai coup de coeur et c'est pour moi le meilleur roman de Ludovic Rosmorduc à ce jour. J'attends donc le prochain avec une énorme impatience !!

(Et  pour ceux qui liront les remerciements en début de ce livre, je ne suis pas peu fière de l'avoir poussé à se surpasser. Bravo Monsieur Rosmorduc !)


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10 commentaires:

Lady K a dit…

Wouaw, tu en as bien de la chance ! J'ai adoré toutes ses précédentes publications, je brûle d'envie de découvrir celle-ci ! ^^ Surtout s'il est aussi génial que tu le dis !

Cornwall a dit…

Un terme d'ambiance, au vue de ta description, ça me fait penser à L’apothicaire ?! ( que j'avais gagner grâce deux à vous d'ailleurs :p )

Phooka a dit…

Oui mais en plus "fluide", je ne sais pas comment dire ça. L'apothicaire il y a des digression que j'ai allegrement sautées (je le dis dans ma chronique je crois) alors que ça tout coule parfaitement!

Olivier Bihl a dit…

tout cela me touche direct, c'est mon style littéraire favori, il faudra que je le trouve ainsi que les précédents....

Belledenuit a dit…

Jamais lu l'auteur mais ce titre là me tente beaucoup :)

Phooka a dit…

Laisse toi tenter Belldenuit !!

Phooka a dit…

Alors lance toi Olivier !

Anonyme a dit…

Fier de soutenir la comparaison, à tes yeux Emma, avec le grand Loevenbruck!

Praline a dit…

Bon bon, je me le note...

Frankie a dit…

Pas un coup de coeur, comme toi, mais une lecture très agréable ! J'ai aussi trouvé le dénouement un peu plat comme tu dis mais quand on y réfléchit c'est très bien comme ça. En tout cas, merci de m'avoir permis de le lire et surtout j'ai été ravie de voir ton nom dans le livre ! :)