jeudi 16 janvier 2014

UN VENT DE CENDRES de Sandrine Collette





Parution le 13/02/14
255 pages
18 euros


Résumé :


Des années plus tôt, un accident l'a défiguré. Depuis, il vit reclus dans sa grande maison. Jusqu'au jour où surgit Camille... 


Malo a un mauvais pressentiment. Depuis leur arrivée au domaine de Vaux pour faire les vendanges, Octave, le maître des lieux, regarde sa sœur Camille d'un œil insistant. Le jeune homme voudrait quitter l'endroit au plus vite, partir loin de cette angoisse qui ne le lâche plus. 
Camille trouve ses inquiétudes ridicules, mais Malo n'en démord pas. L'étrange fascination d'Octave pour Camille, pour ses cheveux d'un blond presque blanc, le met mal à l'aise. Camille, elle, oscille entre attirance et répulsion envers cet homme autrefois séduisant, au visage lacéré par une vieille blessure. 
Ils se disputent et, le troisième jour, Malo n'est plus là. Personne ne semble s'en soucier, hormis Camille qui veut retrouver son frère à tout prix. 
Mais leur reste-t-il une chance de sortir vivants de ce domaine, ou le piège est-il déjà refermé?



L'avis de Dup :

Cette auteur est incroyable ! Dès les premiers chapitres, alors que ce qu'elle raconte est plein de jeunesse, d'insouciance, des jeunes qui vont faire une semaine de vendanges, on sent déjà sourdre l'angoisse. Est-ce le fait que ces chapitres suivent un prologue choc ? Est-ce l'ambiance Des nœuds d'acier qui est restée collée à mon cerveau ? Non, je crois tout simplement que Sandrine Collette a un don pour distiller au milieu de ses mots, au sein de ses phrases, une angoisse profonde. J'allais dire malsaine, mais ce mot est trop chargé de négativité. Une angoisse dérangeante, voilà.

Malo et sa sœur Camille, la vingtaine, débarquent en Champagne pour huit jours de vendanges, suivant un couple de copains, habitués du domaine viticole d'Andreas et Octave. On démarre par, titre du chapitre : Jour 1. Et si on feuillette le livre, on s'aperçoit qu'il est découpé en neuf parties, Jour 1, etc, Jour 8, et ... Jour dernier. Déjà, rien que le découpage met la pression, c'est froid, sec, sans fioritures .

Ils arrivent donc, prennent leurs repaires, font la connaissance des autres, du vrai vigneron de la propriété, Lubin, des patrons... et les vendanges démarrent. Le travail est harassant, répétitif. La température est chaude, trop chaude. Les insectes agacent, piquent. Et les proprios du domaine viticole sont trop bizarres. Il y a Andreas, qui se terre dans sa folie et ne quitte jamais l'étage de cette immense maison, presque un château. Et il y a Octave, affreusement défiguré et boiteux, qui fait le lien pesant, gênant, entre les jeunes, Lubin et Andreas.

Ils sont sympas Camille et Malo, jeunes, impulsifs, pleins de vie et d'envies. Ils sont torturés ces deux vignerons propriétaires, mais qui ne le serait pas après ce terrible accident qui a fracassé leur vie ? C'est difficile de les apprécier, et pourtant on est très souvent empli de compassion, surtout pour Octave. Normal, on le croise plus souvent, il va et vient Octave, tout boiteux qu'il est. Alors qu'Andreas se cache, mais on ne s'y trompe pas, on sait que c'est lui qui domine tout depuis son donjon, à commencer par Octave.

Jour 3, Malo disparaît. Et la pression monte inexorablement, à mesure que les jours passent, c'est intenable ! L'ambiance est lourde, puis tout d'un coup le rythme s'accélère, s'emballe, le temps d'une battue en forêt, puis les vendanges reprennent, il reviendra bien cet impulsif... Ou alors c'est une course poursuite dans les n pièces de cette immense baraque qui nous plonge en apnée. Cette dissociation des rythmes est super bien faite et accentue encore plus la lourdeur des temps "calmes".  Je me suis faite avoir par l'intrigue, et même si parfois j'ai eu quelques doutes, ils étaient immédiatement balayés au paragraphe suivant ! C'est dingue ça, on le voit venir, et deux pages plus loin l'auteur nous persuade du contraire, alors que si, on avait raison bon sang !!! J'avoue que j'adore toujours autant me faire rouler dans la farine.

Quant au Jour dernier, c'est juste ignoble ! Cette auteur est sans pitié, c'est incroyable. Et pourtant, pour l'avoir croisée aux Quais des polars, je vous jure qu'on lui donnerait le bon Dieu sans confession. Mais c'est un être machiavélique qui se cache derrière ce sourire angélique. 

© S. Sartiaux.

Ce Vent de cendres confirme ce que je pensais déjà après Des nœuds d'acier, je le résume en trois phrases :


Immense talent
Auteur à suivre absolument
Énorme coup de coeur.



4 commentaires:

nanou22 a dit…

J'avais vraiment adoré Des noeuds d'acier alors je vais me jeter sur celui-ci dès sa parution. J'ai bien l'impression qu'on assiste à la naissance d'une future grande dame du thriller français

izagh a dit…

Ta chronique donne TRÈS envie de le livre ce "Vent de cendres" !

Belledenuit a dit…

Je ne connais pas du tout l'auteur mais tu donnes très envie de la découvrir :)

Praline a dit…

Ce roman est incroyable ! La façon dont l'angoisse monte... brr, j'en frissonne encore !