vendredi 12 avril 2019

SMOKE de Dan Vyleta






Le Livre de Poche
Parution: janvier 2019
9.70 euros
768 pages



Angleterre, fin du XIXe siècle. À Londres s’entassent les classes laborieuses qui par tous les pores exsudent une infecte Fumée, preuve de leur noirceur intérieure et de leur infériorité. À la campagne vivent les aristocrates, d’une blancheur de lys et qui ne fument jamais, signe de leur vertu et de leur droit à gouverner.
Dans un internat d’élite, Thomas et Charlie, seize ans, s’exercent sans relâche à dompter leurs instincts afin de ne pas fumer. Mais le doute les tenaille : comment se fait-il que l’un de leurs congénères, un vrai petit tyran, soit épargné par la marque du vice ? Avec l’aide de Livia, ils enquêtent sur la nature réelle de la Fumée. Et découvrent que l’ordre établi est fondé sur une scandaleuse duperie.
Dès lors, une lutte à mort s’engage : c’est la guerre de la passion contre la raison, du désir contre la bienséance, du droit contre l’injustice – même si leurs frontières sont souvent imprécises.

Un tour de force d’une féroce imagination, un conte d’une audace dickensienne en parfaite résonance avec notre époque.





Dans une Angleterre du XIXe siècle, totalement coupée du reste du monde et de sa très mauvaise influence (qui a dit Brexit ?? :)), le lecteur fait la connaissance de trois jeunes gens: Charlie, Livia et Thomas.

Charlie et Thomas se sont rencontrés dans l'internat il y a peu de temps. Ils suivent leur cursus scolaire normal dans une école à la discipline stricte. Si cette discipline est au centre de l'éducation, c'est pour une bonne raison. En effet, ce qui différencie le Londres du XIXe que l'on connaît de celui du roman, c'est la fumée. Oui la fumée, celle que laisse échapper les corps en fonction des émotions ressenties ou des pensées impures. Si cette fumée est tolérée pour les jeunes enfants, il est évident qu'en grandissant elle doit disparaître ou être contrôlée. En tout cas pour les gens de la haute société. A ce petit jeu, Charlie est clairement doué. Pas autant que Julius, le préfet du dortoir qui pérore avec ses chemises blanches immaculées. Quant à Thomas ...
Thomas est un cas à part, il vient à peine d'arriver à l'internat. il n'a donc pas eu une éducation classique qui lui permet se contrôler sa fumée. Ou alors c'est autre chose. Peut-être sa fumée est-elle spéciale et ne veut/peut pas être mise sous contrôle?

Arrivent les vacances de Noël, Thomas et Julius sont invités par Lady Naylor à passer les fêtes dans son manoir. Là, les deux garçons vont rencontrer Livia. Une jeune femme, une ado plutôt, d'une rigueur sans faille, qui ne fume strictement jamais. On pourrait même la considérer comme trop rigide. Auprès de Lady Naylor, Thomas va en apprendre beaucoup sur la fumée et son histoire. Ça lui donnera envie d'en découvrir beaucoup plus sur les origines de cet étrange phénomène. Ainsi les trois jeunes gens vont-ils enquêter et cette enquête va les emmener bien plus loin qu'ils ne pouvaient imaginer ...

C'est un étonnant roman que propose Dan Vyleta. La vision de Londres sous un fog épais dû à la fumée des gens "ordinaires" est tout bonnement saisissante. Un Londres plongé dans le noir constant et dont les habitants dégoulinent de suie ...
Contrairement à ce qui est annoncé sur la quatrième de couverture, rien à voir avec Harry Potter, à part peut-être le fait que les garçons se rencontrent dans un internat. Beaucoup plus avec Dickens par contre. La vie des différentes couches de la société anglaise y est très présente.
Cette fumée obsède le lecteur tout autant que les protagonistes du récit. Fumer c'est le mal, c'est un signe de manque d'éducation. Les pauvres fument, mais pas les riches, cela ne se fait pas. Pourquoi ? D'où vient cette fumée? Pourquoi existe t'elle et surtout a t'elle toujours existé ? Toutes ces questions que les trois héros se posent. Rien que le fait de se les poser est déjà une avancée en soi. Le fait de ne pas accepter les choses telles qu'elles sont. Compte tenu de l'éducation reçue par les jeunes gens, c'est déjà difficile de franchir cette étape.

Le roman est passionnant ... du moins dans ses premiers 3/4. Le lecteur découvre, se passionne, apprend à connaître puis à aimer les héros. Il y a des longueurs oui, mais qui apportent toute la saveur au récit, un peu comme dans Jonathan Strange et Mister Norell avec une écriture un peu datée, mais c'est une ambiance que j'apprécie particulièrement. Par contre dans le dernier quart du roman, cette lenteur prend trop d'ampleur au point de se transformer en ennui. La frontière n'est jamais loin, c'est sûr et là elle a été franchie. Dommage. Ça ne m'a pas empêchée d'apprécier ma lecture, mais par contre ça ne sera pas un coup de coeur.

Le concept de fumée est très étonnant et réussi. Il permet de montrer physiquement des émotions. Est-ce aussi grave de mentir pour aider quelqu'un que de mentir pour son propre intérêt ? La fumée sera visible dans les deux cas, aura t'elle la même couleur ? Que se passe t'il lorsqu'on ressent du désir ou de la haine ? Je vous laisse imaginer si un tel phénomène existait vraiment ...
Et puis la fumée est finalement un révélateur des injustices de la société anglaise.

Smoke est une uchronie originale. Cette fumée cristallise toutes les émotions. Peut-on réellement maîtriser nos sentiments, nos angoisses, nos émois. Est-ce d'ailleurs une bonne chose ? Un roman vraiment étonnant qui nous plonge dans l'Angleterre du XIXe siècle, une Angleterre très isolée du reste du monde ...


4 commentaires:

Lady K a dit…

Ils ont osé le rapprocher d'Harry Potter ?? Ça va faire des déçus car il n'y a rien à voir!!
J'ai aussi apprécié cette lecture, mais ça m'a laissé un petit goût d'inachevé. L'auteur nous plante là sans véritable fin et sans répondre à toutes les questions qu'il a soulevées... Dommage!

Phooka a dit…

Oui la fin nous laisse un peu sur notre faim (jeu de mot maître Capello) et c'est dommage, parce que l'idée du roman est vachement bonne!

Zina a dit…

J'étais très curieuse de le lire puis j'ai lu plusieurs mauvaises chroniques qui m'ont refroidie, la tienne est plus nuancée, et il faut avouer que le sujet m'intrigue toujours !
Pour la fin, peut-être qu'une suite est prévue ?

Elhyandra a dit…

J'étais intriguée par ce livre, dommage pour le côté inachevé