mardi 22 mai 2018

[Audio] LA FORME DE L'EAU de Guillermo del Toro et Daniel Kraus









Le pitch :


Nous sommes en 1963, et Elisa Esposito survit tant bien que mal. Née muette, abandonnée par sa famille, elle travaille de nuit comme femme de ménage au Centre Occam de recherche aérospatiale. 



Un soir, elle surprend quelque chose qu'elle n’était pas censée voir : un homme amphibie prisonnier d'une cuve, qui doit être étudié par les scientifiques pour faire avancer la course à l'espace de la Guerre Froide. La créature est terrifiante, mais aussi magnifique - elle fascine Elisa. Utilisant la langue des signes, celle-ci établit une communication. Bientôt, la créature devient sa seule raison de vivre. 

Pendant ce temps, Richard Strickland, le militaire brutal qui a capturé la créature en Amazonie, envisage de la disséquer avant que les Russes ne tentent de s'en emparer. Elisa doit tout risquer pour sauver la créature. Avec l'aide d'une collègue qui souffre du racisme ambiant et d'un voisin malchanceux qui n'a plus rien à perdre, elle met au point un plan d'évasion. Mais Strickland ne l'entend pas de cette oreille. Et les Russes sont bel et bien sur l'affaire...




Ce n’est pas le tapage autour de la sortie du film qui m’a attirée vers ce livre audio, c’est plutôt l’association des deux noms d’auteurs. De Guillermo del Toro j’ai lu La lignée et Daniel Kraus, j'ai récemment découvert sa plume incisive et acérée dans le merveilleusement glauque Teigneux. La forme de l'eau avait donc des arguments sérieux pour me séduire.


Amazonie : Richard Strickland est un militaire qui revient de la guerre de Corée. Nous sommes dans les années 60. Il vient d'être envoyé par son supérieur, le colonel Hoyd pour débusquer le dernier dieu sur terre : Deus Brânquia qui se terre dans les marécages profonds de l’Amazonie. Sa traque durera un an et demi. Un an et demi pendant lesquels on assistera à la montée en puissance de la violence et de la folie de Richard. Le dieu vivant sera ramené aux USA, à Baltimore, dans les laboratoires hautement sécurisés d'Ockam afin d’y être étudié pour ses capacités amphibiennes.

Baltimore : nous suivons une jeune femme muette Elisa qui travaille de nuit à Ockam comme femme de ménage avec son amie Zelda, une black volubile qui a pris la peine d’apprendre le langage des signes pour communiquer avec elle. Leur routine habituelle va être perturbée par de nouvelles zones jusque-là inaccessibles qu’elles vont devoir nettoyer : le secteur F1 où vient de se jouer un drame. Le superviseur de ces locaux, Richard Strickland vient de se faire sectionner deux doigts qu'Elisa récupérera au sol. Ce faisant elle croisera le regard luminescent et hypnotique de la créature enchaînée dans un bassin.

Commencera alors une romance naïve et ma foi poétique entre ces deux êtres… Mais les grains de sable seront nombreux, à commencer par notre fou furieux de Richard. Mal dans sa peau depuis son retour, n’arrivant pas à retrouver sa place auprès de sa femme et ses enfants. Shooté h 24 aux analgésiques à cause de la douleur de son amputation, la folie monte crescendo. Et ce rayon là, Daniel Kraus excelle à le décrire et nous faire flipper. Le second grain de sable sera un professeur bardé de diplômes, d’origine russe qui lui aussi sera sous le charme de Deus Brânquia. Dimitri, qui se fait appeler Bob et qui est un agent soviétique infiltré (1960, la guerre froide, tout ça, tout ça...).

Le choix de la narration alternée et au présent joue bien son rôle et les chapitres s'écoulent tous seuls, s'enchaînent sur un rythme soutenu. Cette histoire nous évoque clairement La belle et la bête où bien sûr le monstre n’est pas la bête que l'on croit. Cependant elle permet également d’aborder de nombreux sujets brûlants de l’époque. En suivant Lainie, la femme de Richard, la caricature même de la femme au foyer des années 50 dans son chemin vers l'émancipation dans une Amérique machiste, à l’image de son mari. Une Amérique rétrograde qui charrie son lot d'opprimés : les femmes (Elisa), les noirs (Zelda), les homosexuels (Giles, un ami d'Elisa).

La forme de l’eau est un roman qui fait passer un agréable moment, sans prétention. Une romance fantastique vite lue écoutée, probablement vite oubliée. En revanche ce que j’ai le plus apprécié dans cette écoute est sans conteste l’évolution de la folie de Strickland, ce personnage hautement détestable, avec ses explications, ses origines et les différents facteurs qui l'activent. Je ne regrette donc absolument pas mes 12 heures d’écoute en compagnie de Manon Jomain. Elle forcerait un poil moins sa voix dans certains dialogues et ce serait parfait.

1 commentaire:

Acr0 a dit…

Je pense découvrir ce roman car j'aimerais bien découvrir un peu plus l'aspect psychologique des personnages qui ne peut qu'être plus poussé que dans le film.