vendredi 5 juin 2015

LE FOSSOYEUR d'Adam Sternbergh




Editions Denoël
Collection Lunes d'encre 

272 pages
19.90 euros

Trad. de l'anglais (États-Unis) par Florence Dolisi
Parution : 13-05-2015






«Tous les cimetières sont pleins, depuis longtemps.»

Il se fait appeler Spademan, le Fossoyeur, presque un nom de super-héros. Vous ne saurez jamais son vrai nom. Il a été éboueur. Un jour, il a trouvé un bébé dans un sac-poubelle. Quelques années plus tard, sa femme est morte dans la série d’attentats radioactifs qui a vidé New York de ses habitants.
C’était il y a longtemps : une autre vie.
Maintenant, Spademan est tueur à gages. Il est resté dans les ordures, mais son salaire a considérablement augmenté. Il n’est pas sexiste : homme, femme, il s’en fout. Vos raisons, il s’en fout. D’ailleurs, le fric aussi il s’en fout.
Et quand on lui demande de tuer la fille du richissime prédicateur T.K. Harrow, une gamine qui vient tout juste d’avoir dix-huit ans, il n’y voit aucun problème. Mais dans la toile de Harrow, pour la première fois de sa sinistre carrière, Spademan n’est pas la plus grosse araignée.

Mélange foudroyant de roman noir et de cyberpunk, au style sec comme du vieil os, Le Fossoyeur est un uppercut qui en dit long sur la tentation nihiliste. Dès parution, Hollywood en a acquis les droits d’adaptation cinématographique.



L'avis de Phooka:



Voilà un roman dont le pitch m'intriguait et rajoutez à cela la sublime couverture d'Aurélien Police et vous comprendrez pourquoi je n'ai pas su résister ! 

Spademan est un éboueur, comme son père avant lui. En tant que tel, les ordures, déchets et autres produits de notre civilisation ne le rebutent guère. De là à considérer les humains comme des déchets potentiels, il n'y a qu'un pas ... que Spademan a franchi depuis un moment déjà. Il est devenu tueur à gages. Comme il le dit lui-même, personne ne connaît mieux la ville que les éboueurs et de plus il peut accéder aux incinérateurs, ce qui lui permet de faire disparaître toute trace. Il est devenu un pro, il ne rate jamais ses coups, il est hors concours. Mais Spademan a une limite, une sorte de philosophie de "vie" ou de mort plutôt. Avec son rasoir, il tue homme ou femme sans distinction, mais jamais des enfants. Il suffit de l'appeler et de verser la somme d'argent demandée, l'affaire est faite. Il ne veut rien savoir, ni qui sont les demandeurs, ni pourquoi, rien. Il s'en fout. Tout comme d'ailleurs il se fout totalement du fric qu'il gagne et qu'il n'utilise pas.

Spademan vit à New-York, un New-York qui a bien changé depuis les attentats. La grosse pomme s'est vidée de la moitié de ses habitants, partis trouver un meilleur environnement "ailleurs", là où tout est resté normal. Mais Spademan est resté, il est retourné dans le quartier de son enfance dans le New-Jersey. Il s'est choisi un bel appartement, puisque la plupart sont vacants. Et depuis que sa femme est morte, il vit "tranquille" sa vie de tueur. Il n'a rien à perdre ... rien à gagner non plus.

Et puis son chemin croise celui de Grace, alias Perséphone, la fille d'un prédicateur à succès. Et là, sa vie va changer. Pour la première fois de son existence, il ne va pas respecter un contrat et de chasseur il va devenir proie. Heureusement il a quelques rares amis sur lesquels compter, mais vu les adversaires en face de lui, la partie va être difficile.

Ce qui est vraiment bluffant avec ce livre c'est d'abord son héros. Un type qu'on ne pense pas pouvoir aimer. Un type sans âme, à priori, qui ne recule devant rien ni personne. Sauf que ce type a des fêlures, qu'il cache tout au fond de lui. On apprend petit à petit sa vie passée, sa femme, l'enfant qu'ils n'ont jamais eu, sa dépression. Une vie bien noire et vide. Noire et vide comme l'est devenue la ville de New-York. Un monde post-apocalyptique, mais restreint seulement à une ville. Partout ailleurs rien n' a changé, c'est notre monde. Un peu comme les autres humains sont "normaux" vis à vis de Spademan qui lui est ravagé de l'intérieur. Alors du coup on l'aime ce Spademan, on s'y attache et on le suit avec passion.

Et puis il y a Grace. Au début, une morveuse, une fugueuse, on ne sait pas trop. Mais elle aussi, cache d'horribles fêlures que l'on va découvrir petit à petit.

Des personnages très forts donc, et servis par une écriture incroyablement puissante. Des phrases courtes, beaucoup de dialogues qui y sont mélangés (sans les habituels "tirets" ou "guillemets"). L'impression est d'abord bizarre, puis terriblement addictive. La lecture est hyper rapide.

Et le tout est dans le style thriller. Une chasse à l'homme (ou à la femme selon le point de vue), des poursuites, des meurtres aussi bien dans le monde réel que dans le virtuel. Aucun temps mort. Bref une lecture en apnée, incroyablement intense.

Je dois reconnaître qu'au début de ma lecture j'étais un peu inquiète de savoir si elle allait me plaire ou non. Inquiétude qui a été très vite levée, car il m' a été difficile de relever le nez du livre une fois commencé. L'attachement que l'on ressent envers les personnages, le style percutant et la noirceur du roman, en font un réel page-turner. Ce fossoyeur restera dans ma tête un bon moment. Un livre à lire, croyez-moi (ou sinon je sors ma lame de rasoir !) 

5 commentaires:

Léa Touch Book a dit…

J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre :) C'est très original ^^

Phooka a dit…

Tu l'as chroniqué Léa? Je fouine sur ton blog pour te linker, mais je ne trouve pas ! ;)

Léa Touch Book a dit…

Je viens juste de le chroniquer :D avec L'adjacent : c'est soirée collection Lunes d'encre haha ^^

Acr0 a dit…

Moi j'ai résisté (malgré la superbe couv' comme tu le stipules) et je ne sais pas ce qu'il m'a pris :P Après j'ai un peu peur du côté thriller, mais il m'intrigue.

Phooka a dit…

Je te le prête volontiers Miss Acr0 ! ;)