samedi 4 avril 2015

Second volet de l'interview de Manon Fargetton



Le premier volet de cette ITV se trouve ICI





Bonjour, tous !


Première révélation d'importance : je n'aime pas les interviews.

(oui, je me suis dit que j'allais balancer cette information politiquement incorrecte d'entrée de jeu, comme ça c'est fait...)

Mon problème n'est pas l'idée de l'interview – je trouve ça chouette de pouvoir parler de mon travail et échanger avec mes lecteurs. C'est juste que ça prend un temps fou. Enfin, pour moi, parce que je n'aime pas répondre à moitié, ni répondre trois fois la même chose quand on me pose trois fois la même question dans des interviews différentes. J'aime bien creuser un peu, quoi.


Sauf que vous n'avez pas vue la tronche de mon planning (et vous ne la verrez pas, c'est personnel une tronche de planning, namého!). En plus de l'écriture, j'ai un autre métier : la régie lumière au théâtre ; je tente en parallèle de me remettre à la musique que j'ai délaissé ces dernières années ; et j'essaye aussi, parfois, un peu, d'avoir une vie personnelle. Par conséquent, lorsque je suis en train de répondre à une interview, surgit toujours dans ma tête une petite voix perfide qui me lance, au choix :


- Tu ne ferais pas mieux d'avancer sur ton bouquin en chantier, là ? T'as déjà du mal à trouver assez de temps pour écrire, qu'est-ce que tu fous à te demander si oui ou non Dune est ton roman préféré ever ? (ce à quoi je rétorque un timide : mais c'est important... et puis on attend ma réponse..., réflexion aussitôt mouché d'un « plus important que ton bouquin ? » devant lequel je m'incline sans plus de discussions.)


- Dis, tu ne devrais pas plutôt appeler le théâtre dans lequel ton spectacle joue la semaine prochaine pour vérifier qu'ils ont bien loué tout le matériel dont tu as besoin ?


- Tu ne crois pas que ton violoncelle en a marre de rester dans sa boîte ? Moi, à sa place, j'en aurais marre. Et puis tu vas encore devoir refaire toute la corne au bout de tes doigts...

- Tu ne ferais pas mieux de profiter de l'heure que tu as devant toi pour aller changer les ampoules chez ta mère comme elle te l'a demandé il y a trois semaines ?

- Et tes nièces, tu ne les as pas vu depuis combien de temps, tes nièces. Ouais. Bien ce que je pensais. Tata indigne.


Bref.
Vous voyez l'idée.



C'est pourquoi quand Dup et Phooka m'ont proposé d'être l'invitée du « mois de »... j'ai accepté avec enthousiasme !



Pas logique ?

Mais si ! J'ai fait un calcul savant (oui, on peut écrire des romans ET avoir fait un bac S!) qui a aussitôt relégué la petite voix perfide aux oubliettes de mon cerveau : si je prends le temps de répondre à toutes les questions imaginables durant un mois entier, je suis tranquille pour au moins un an ! Ben oui, quand on me demandera une interview dans ce laps de temps, je pourrais renvoyer mon interlocuteur vers ce blog avec un sacré défi : « trouvez-moi une seule question, en lien avec mes romans ou l'écriture (faut quand même pas déconner), que l'on ne m'a pas posée ici, et alors okay, j'accepte de vous répondre ».

Et j'espère bien que l'interlocuteur pré-cité n'en trouvera aucune.

Parce que c'est votre mission, qu'il n'en trouve aucune.

Je compte sur vous.

Et ça commence maintenant !




Heu...

Oui, alors en fait, ça ne va pas commencer maintenant-maintenant, rapport à la tronche du planning dont je vous parlais plus haut ; parce que là, tout de suite, je suis quelque part dans le Limousin pour assurer la régie lumière d'un super spectacle, et on est logée à un endroit où il n'y a pas de connexion internet. Voilà voilà. Du coup, ben, rendez-vous à mon retour, le 4 avril !







**************************************




Jour 2: question 2 :p
Bonjour Manon, ça va tu n'as pas trop peur de toutes ces questions? ;)

Avant d'être auteur, quelle lectrice es-tu? Quels sont les auteurs ou romans qui t'ont donné le gout de la lecture ou même celui de l'écriture? Quel genre affectionnes-tu le plus? As-tu des auteurs "préférés"? Qui te font voyager ou qui t'inspirent peut être? 


Manon :

Écoute, ça va, j'éponge doucement mon retard ! ^^


Je lis ce qu'on me conseille. Du coup, c'est aussi éclectique que les goûts de mes proches et de mes éditeurs (mes plus gros fournisseurs de lectures !). J'ai été une très grosse lectrice, enfant et ado, je pouvais relire jusqu'à vingt fois le même bouquin, j'en connaissais certains presque par cœur (on faisait un jeu avec mon frère et ma sœur, on ouvrait le roman à n'importe quelle page, lisait la première phrase qui nous tombait sous les yeux, et les autres devaient situer de quelle scène elle était extraite...). Ce n'est plus le cas aujourd'hui, même si dès que je suis en période d'écriture (sans théâtre), je le redeviens, et j'ai toujours un ou deux romans en cours de lecture.
 J'appartiens à la première génération biberonnée au roman "jeunesse". Des auteurs comme Christian Grenier, Danielle Martinigol, Michel Honaker, m'ont beaucoup influencée ado et je repense souvent à certains de leurs romans. Mais même avant ça, je lisais énormément d'albums illustrés, et je crois que ce sont eux qui ont le plus profondément façonné mon imaginaire. Claude Ponti, en particulier.
En SFF, Feist, Herbert et Gemmell m'ont fichu de bonnes claques, à l'époque, et je les relis régulièrement. J'ai une tendresse toute particulière pour Graham Joyce dont je découvre les romans les uns après les autres depuis deux ans. Je sais qu'il n'y en aura plus de nouveaux, alors je prends mon temps.
 Côté litté Gé, je lis pas mal de Nancy Huston en ce moment (conseillé par une amie, comme souvent). Pennac m'a beaucoup marquée ado. Henri Bauchau, tout, chacun de ses livres est un bijou qui me parle droit au cœur - Déluge, Antigone, Oedipe sur la route...
 Je m'y connais mal en comics, pourtant, Sandman de Neil Gaiman m'a accompagnée durant presque un an (c'était ma lecture du soir, quelques pages avant de m'endormir !) et revient souvent me visiter, accompagné de Death, sa petite frangine, ma petite frangine, notre petite frangine à tous, ainsi que Delirium et le reste de cette fratrie improbable. L'inclassable "l'oeil et l'esprit" de Merleau-Ponty est l'un de mes livres de chevet.

En théâtre, j'aime Sarah Kane, Shakespeare (il faut que je les relise, ça fait trop longtemps, d'ailleurs !), Sophocle, Maeterlinck... L'Antigone de Brecht est comme une jumelle qui sommeille dans un coin de ma tête, entrelacée avec l'Antigone d'Henri Bauchau.
Je lis aussi pas mal d'ouvrages de théorie sur l'écriture et le scénario.
Et pour la poésie, je lis tout ce qui me tombe sous la main. Parfois juste une phrase. ça me parle, je continue, ça ne parle pas, je repose l'ouvrage, pour retomber peut-être dessus des années plus tard et le dévorer d'un bout à l'autre. La poésie, c'est le seul domaine où le hasard est le meilleur des conseillers.
Je reste persuadée qu'un livre nous trouve au bon moment, et qu'il existe un moment pour chaque livre.



La question qu'on a dû te poser dix mille fois... Tu t'es inspiré de ta coiffure pour la coupe de cheveux de June ou inversement ? Je plaisante mais j'ai trouvé la scène terriblement violente dans le contexte actuel (dans certains pays). Et oui après "la nuit des Fugitifs" me voilà en train de terminer "June" Tome 1 !

Manon :


Oui et non, comme souvent ! J'ai en effet, un soir, posé un miroir sur une table, saisi des ciseaux et coupé mes longs cheveux blonds, avant de prendre une tondeuse pour finir le travail (ce que j'ai ensuite fait tous les quinze jours pendant un an, jusqu'à perdre le sabot de la tondeuse et laisser mes cheveux repousser par flemme de racheter un sabot !). Lorsque j'ai écrit cette scène, j'avais donc en effet expérimenté physiquement certaines sensations décrites. En revanche, mon contexte n'avait rien à voir avec celui de June (j'avais envie de me couper les cheveux très courts, j'en avais marre d'être la blondinette aux longs cheveux parfaits, je voulais une apparence qui ressemble plus à l'idée que je me faisais de moi, et j'avais envie de changement, point !), or c'est bien ce contexte qui rend la scène violente, qui donne à l'acte de June sa portée symbolique... Quant à l'illustration de couverture, il se trouve que la dessinatrice, Elvire decock, me connait, et qu'elle m'a avoué avoir eu l'impression en lisant le roman de m'entendre parler dans sa tête. Naturellement, elle s'est ensuite inspirée de moi pour dessiner June, ce qui est surtout flagrant sur la couverture du premier tome. ;)

Mariejuliet :


Allez, continuons l'avalanche de question :

J'ai vu sur Facebook que tu faisais des "séjour" d'écriture à plusieurs. Est-ce vraiment plus prolifique?

Manon :


Je n'en ai plus fait depuis un moment parce que les derniers étaient justement moins prolifiques. Ce qui est sûr, par contre, c'est que ne faire qu'écrire pendant quatre ou cinq jours d'affilée est beaucoup plus efficace que d'écrire quatre ou cinq jours entrecoupés d'autres activités, et c'est pourquoi je continue à partir seule en Bretagne dès que mon emploi du temps me le permet !Et merci pour la chronique ! ;)


XL :


bonjour et bienvenue, comme Katycat je viens de découvrir le tome 1 d'une trilogie et je ne peux pas en rester là, donc j'attends impatiemment l'arrivée de la suite ! du coup ma chronique n'est pas encore rédigée mais j'ai d'ores et déjà trouvé June très attachante. Je me posais la question de la musique en lisant ce roman, car elle est très présente et j'aime beaucoup l'idée des feuilles qui chantent pour l'attirer. Il y a déjà une partie de la réponse puisque tu es également musicienne. Entends tu l'histoire dans ta tête au fur et à mesure que tu écris ou bien travailles tu sur un scénario élaboré que tu suis en rédigeant ?

Manon :


La musique est en effet très présente dans cette trilogie, en particulier dans les deuxième et troisième tomes. Concernant l'arbre-bibliothèque, j'ai passé mon enfance à grimper dans les arbres, à écouter leurs sons, et j'aime leur mode de "communication" à distance (pollen et autres petites molécules qu'ils relâchent dans l'air pour échanger avec les autres), c'est un fonctionnement très poétique... J'ai déjà en bonne partie répondu à ta question : je fais un plan avant de me lancer dans l'écriture. Il contient des étapes par lesquelles l'histoire va passer, et je me laisse la liberté de ne pas le suivre ! Je ne peux pas dire que j' "entende" l'histoire dans ma tête comme June entend les feuilles de l'arbre-bibliothèque. C'est plus un puzzle incomplet avec des milliers de minuscules pièces : certaines sont là, immuables, évidentes, et je dois à la fois comprendre comment les agencer et dessiner celles qui manquent pour révéler l'image-histoire. :)

Ptitetrolle :


Une autre question me vient : quand j'ai lu la nuit des fugitifs, j'ai été gênée par l'omniscience d'E-Nathan, par tout ce qu'il pouvait voir ou faire. Je m'attendais presque à le voir se transformer en une entité incontrôlable et malfaisante ! Mais aucun des personnages ne se pose de question à son sujet... Est-ce qu'E-Nathan était un moyen pour toi d'aborder d'autres thèmes que les manipulations génétiques, ou est-ce que je me fais un film et tu trouvais juste qu'une entité artificielle mais avec des souvenirs d'humain, c'était supra cool et qu'il fallait absolument que tu en mettes une dans ton roman ?

Manon :


E-Nathan... tout d'abord, je savais dès le départ qu'il devait mourir, c'était un de ces moments clef inévitable pour l'histoire. Mon problème, c'était que j'aimais vraiment ce personnage, et que je n'avais pas envie qu'il disparaisse, donc... j'ai trouvé un moyen de le faire revenir ! 

Ensuite, il y a effectivement la question de l'intelligence artificielle. Dans les romans, films, séries, les auteurs mettent souvent en lumière le côté inquiétant de l'intelligence artificielle, et en effet, incontrôlable et malfaisant. Évidemment, il est essentiel de se poser des questions pour ne pas faire n'importe quoi, de mesurer les risques pour choisir dans quel monde nous voulons vivre. Mais j'ai aussi envie de croire que si intelligence artificielle contient le mot "artificielle", la partie "intelligence" est tout aussi forte. J'ai envie de croire que, peut-être, une intelligence artificielle pourrait devenir véritablement "intelligente", au sens noble du terme, et plus humaine, peut-être, que les humains. Protectrice, à sa manière. E-Nathan est tout cela. Je comprends que son côté omniscient t'ait dérangé, et en même temps, il n'utilise que ce que les humains ont mis en place : caméras, téléphones, achats en ligne, satellites, etc... le tout avec une puissance de calcul gigantesque. On n'en est pas là technologiquement, mais une telle entité est loin d'être inenvisageable dans le futur... ;) 

Allisonline :

Bonjour Manon ! :D
Je vais "te" découvrir grâce à l'Héritage des Rois Passeurs, et j'ai hâte ! Je vais donc rester dans le superficiel pour le moment : Que penses tu de la couverture de Marc Simonetti ? ;)


Manon :


Je l'aime beaucoup. Paradoxalement, ce qui est peut-être mon roman le plus sombre possède une couverture très lumineuse ! Mais elle correspond très bien à l'une des scènes du livre et, je crois, donnera aux amateurs du genre envie de prendre le bouquin pour lire la quatrième de couv, ce qui est précisément le boulot d'une illustration de couverture, donc... je suis ravie !









Bonjour Manon ! 



Entre deux chocolats (au lait, si j'ai bien suivi), voilà mes questions ! Celle portant sur la couverture de June et l'impression que j'avais d'une certaine ressemblance physique vient d'être résolue, donc je vais la laisser. 

J'ai lu Aussi libre qu'un rêve quand j'étais au lycée et cette lecture m'a fortement marquée (depuis j'ai lu un paquet de dystopies, dont un certain nombre que j'ai vraiment appréciées, mais je ne sais pas si je repenserai encore à celles-là dans 10 ans !). Comment est venue cette idée de dates de naissance déterminant l'emploi ? Et l'idée générale du roman ? 



Manon :



Bonjour Sia ! ça me fait toujours super plaisir d'entendre des lecteurs me reparler de ce roman !

Pour ceux qui ne l'ont pas lu, il parle d'une société dans laquelle on a son métier en fonction de sa date de naissance. Les natifs de janvier ont droit aux métiers glamour et de pouvoir, mais plus on avance dans l'année, moins c'est fun, et lorsqu'on arrive en décembre, il n'y a plus que ce que les parents des autres n'ont pas choisi pour leur enfant. Le roman s'articule autour des points de vue de quatre personnages : deux jumelles, l'une née dans les dernières minutes de décembre et l'autre dans les premières de janvier, Kléano, un natif de novembre qui fait de la musique alors qu'il n'a pas le droit car il n'est pas né le bon mois pour ça, et Nériss, le fils du président de la région qui a instauré ce système.
L'idée de la dictature des dates de naissance a été la toute première de ce projet, celle autour de quoi s'est construit et développé le reste. Honnêtement, je suis incapable de dire avec précision de quelle manière elle m'est venue. Ce que je sais, en revanche, c'est que j'ai commencé à l'écrire l'été entre ma première et ma terminale, pile à cette époque où la question de l'orientation devient cruciale. À l'époque, je n'étais pas encore sûre du/des métier(s) que je voulais exercer, et je crois que cette idée des dates de naissance était juste une manière de me dire "ce serait quand même carrément plus simple si on savait dès le départ ce qu'on allait faire dans la vie, si le choix était déjà fait pour nous...", et, sans que ça ait été une démarche consciente de ma part à l'époque, j'ai écrit ce roman pour me prouver qu'en fait non, c'est quand même mieux d'avoir le choix, même si ça peut bien prendre la tête par moment ! ;)



Elodie 



Et bonjour Manon :)



Je reviens avec une autre question, qui concerne le choix de la narration cette fois.

Aussi libres qu'un rêve est omnisciente, celle de June est principalement à la 1ère personne et au fils des tomes la narration à la 3ème personne devient de plus en plus présente quant à celle des thrillers est une narration alternée. Qu'est-ce qui défini tes choix? Qu'est-ce qui fait qu'une narration s'adapte mieux qu'une autre à l'histoire? Dans laquelle te sens-tu plus à l'aise pour écrire? 


Manon :



Si je me souviens bien, même dans Aussi libres qu'un rêve, chaque séquence est dans le point de vue d'un personnage. J'ai du mal avec l'omniscience. Si je choisis un jour ce mode de narration, ce sera pour une très bonne raison, intimement liée à l'histoire. Sinon, je trouve ça presque trop facile... et puis j'aime explorer le gouffre entre ce qu'on pense d'une personne, l'image qu'on en a, et ce qu'elle est en réalité. Combiner les points de vue de plusieurs personnages permet de mettre en évidence ce décalage, et c'est vraiment le mode de narration dans lequel je suis le plus à l'aise. Il permet aussi un dynamisme qui colle bien au thriller.
Pour June, c'est un peu différent. J'ai conçu cette trilogie comme un immense zoom arrière. Au départ, on a le point de vue de June à la première personne, elle est dans La Ville, cernée de remparts, dont elle ne sort jamais. C'est une petite personne dans un petit bout de monde. Et plus on avance dans l'histoire, plus elle découvre l'immensité et la diversité de son monde et ce dont elle est capable, plus elle s'ouvre aux autres, et plus de nouveaux points de vue apparaissent (à la troisième personne, car je souhaitais garder le "je" pour June). Sur la fin, le texte s'explose en juxtapositions de séquences comme une mosaïque géante, un caléidoscope organique qui n'en finit plus de se modifier.
Le plus souvent, l'histoire impose sa forme, ou si elle ne le fait pas, il est essentiel de trouver celle qui correspondra le mieux, qui fera le mieux "passer" événements et personnages vers le lecteur. J'aime réfléchir à la mécanique interne de chaque histoire, ses engrenages, car c'est aussi la justesse de cette réflexion qui fait que le roman fonctionne ou non. Et en tant que lectrice, quand je sens intuitivement qu'un roman a de vraies lignes de force, qu'il m’entraîne quelque part, avec subtilité mais implacablement, alors je suis en confiance et je peux m'abandonner à l'histoire. Quand au contraire je trouve que l'auteur a été un peu léger sur ce plan, ça me fait sortir du roman toutes les deux pages...

Mariejuliet :

Pour une fois pas de question, un peu de repos.
Ce que je viens de lire sur l'arbre bibliothèque me donne terriblement envie de lire June, c'est malin


Manon :


... désolée.

(muahaha, mon plan machiavélique pour vous faire tous lire tous mes romans est en train de fonctionner ! :p)



Ramettes :


J'ai bien gâté mes enfants en chocolat noir (alors je me suis gâtée aussi !) J'espère que as été bien gâtée aussi en chocolat au lait... Bon revenons au sujet... parfois lors des interventions de E-Nathan j'avais le coeur gros parce qu'il n'était qu'une IA, le manque de corps alors que c'est un jeune humain qui l'a créé m'a troublé... J'attendais presque qu'il puisse intégrer le corps d'un hybride... ça n'est pas envisageable dans un troisième volet ?


Manon :


Mes réserves de chocolat sont reconstituées, en effet !

Je comprends ton manque concernant E-Nathan. En même temps ce qui m'intéresse dans l'I.A. est autant l' "intelligence" que l' "artificielle" ! Il pourrait s'implanter dans un robot humanoïde, à la limite, mais j'aime cette entité complètement dématérialisée et libre de surfer sur les réseaux d'une manière inenvisageable pour un humain prisonnier de son corps. Quant à un troisième volet, ce n'est pas prévu au programme, je m'arrête à deux... ;)




Miam les chocolats... Perso j'ai dû courser le lapin car un peu plus et il zappait la maison (et là j'avais 3 très gros déçus) !! Sur ces quelques péripéties, je pensais te proposer un portrait chinois en guise de questions :
- Si tu étais un auteur ?
- Si tu étais un animal ?
- Si tu étais une saison ?
- Si tu étais un objet ?
- Si tu étais un personnage célèbre ?
- Si tu étais une langue ?
Et puis j'arrête là d'embêter mon monde... ;) Bonne semaine !!



Manon :


Pour l'auteur, je me suffis à moi-même. :p
Un animal : un chat ou un ours.
Une saison : l'automne, sans hésiter.
Un objet : un miroir grossissant (j'ai tendance à renvoyer aux autres des vérités dont ils se seraient parfois bien passés) ou bien le trombone de Mac Gyver.
Un personnage célèbre : un mélange de River (Firefly) et Jo (Twister).
Une langue : la langue des signes (dans la sphère privée, j'ai du mal à exprimer ce qui me fait mal, et je laisse souvent à ceux qui m'entourent la difficile tâche de déchiffrer les "signes" que je leur envoie)




Licorne

Je vais bientôt découvrir l'héritage des roi des passeurs, je guette la boîte aux lettres avec avidité, le facteur déglutit péniblement lorsque je le trouve les mains vides, et mon air aimable disparait.. Mais bon …En attendant, j'ai pu commencer à te découvrir grâce aux premières questions, et pour une fois l'effet inverse est intéressant, te découvrir avant de te lire … c'est pas mal ! Je suis fan de Fantasy, alors cette facette de ton écriture me tente plus que les autres.

J'ai lu plus haut que l'écriture te saisit à n'importe quel endroit ou moment.. Tu ne te crées donc pas un environnement spécifique avant de te lancer dans de longues pages d'écriture, et tu n'as donc pas d'endroits qui t'inspirent plus que d'autres… ? Comment tu t'organises, tu as un petit cahier fétiche sur toi, tu notes et tu recopies ?…Le besoin d'écrire parait assez spontané, as tu tout de même des tics d'écriture, des manies avant, pendant, après… ?



Voilà, en attendant de me plonger dans cette nouvelle lecture et de pouvoir venir en parler, je te souhaite une bonne continuation avec les copinautes !




Manon :



Laisse souffler ton facteur : vos exemplaires sont partis aujourd'hui de Bragelonne, ils arriveront dans deux jours ! ;)

Non, ce n'est pas ce que j'ai écrit, ou alors je me suis mal exprimée.

Des idées peuvent surgir à n'importe quel moment, oui, que je vais griffonner sur un carnet ou noter dans un mémo de mon téléphone. Mais ce n'est pas parce qu'une idée surgit que je vais la rédiger tout de suite - parfois, je ne l'écris pas avant plusieurs années, et parfois, je ne l'utiliserai jamais.

L'écriture - et j'entends par la "rédaction du roman sur lequel je travaille" -, en revanche, ne me "saisit" pas : je la provoque. Elle n'est pas spontanée (bon, ça peut arriver, mais ce n'est vraiment pas la majorité du temps). Je me mets derrière mon ordi et j'écris, parce que je l'ai décidé, parce que c'est à ce moment là que j'ai quatre heures de libre devant moi et que donc, c'est maintenant que je peux avancer dans mon roman, et pas dans six heures, inspiration ou pas inspiration.

J'ai bien sûr des habitudes d'écriture. Je sais que je vais mieux réussir à me concentrer si je suis dans mon café habituel, avec mes écouteurs et une tasse de thé, en début d'après midi. C'est ma session idéale, disons. Ce qui ne m'empêche pas d'écrire dans d'autres lieux/contextes quand j'y suis contrainte par mes déplacements, ou quand je le choisis (par exemple lors des séjours bretons dont je parlais plus haut).


Je suis désolée de casser le mythe de l'auteur torturé qui, à la lueur de sa bougie, attend que le génie lui vienne tandis qu'un éclair déchire le ciel nocturne au-dehors, mais vraiment, ce n'est ni ma réalité ni ma conception du métier d'écrivain !

J'en suis évidemment venue à l'exercer parce j'ai un besoin d'écriture latent et que j'aime écrire. Au quotidien, néanmoins, c'est une organisation, c'est une pratique à laquelle je m'astreins, parce que c'est pour moi la seule manière d'aller au bout d'un roman. J'ai retrouvé la citation originale dont je vous parlais l'autre jour, elle est de Pablo Picasso et dit : "L'inspiration existe mais elle doit te rencontrer lorsque tu es en train de travailler." Voilà. ça, c'est ma conception de l'écriture.


J'ai partagé avant-hier sur ma page facebook un texte de Neil Gaiman sur l'inspiration, avec lequel je suis totalement d'accord. En voici ma traduction imparfaite :

"Si vous écrivez seulement quand vous êtes inspirés, vous pouvez faire un poète tout à fait correct, mais vous ne serez jamais un romancier parce que vous allez devoir rendre votre parole importante aujourd'hui et que ces mots ne vont pas attendre que l'inspiration vous vienne.

Vous devez écrire quand vous n'êtes pas inspirés. Et vous devez écrire les scènes qui ne vous inspirent pas. Et le truc étrange, c'est que six mois plus tard, un an plus tard, vous y reviendrez et vous serez incapable de vous souvenir quelles scènes vous avez écrit quand vous étiez inspirés et quelles scènes vous avez juste écrit parce qu'elles étaient les scènes suivantes à écrire.

Le processus de l'écriture peut être magique... La plupart du temps, il s'agit de mettre un mot après l'autre.
Neil Gaiman"
C'est plus clair, là ?


Quant à mes habitudes, carnets et autres, j'en ai, mais je les utilise peu. Je fonctionne beaucoup en mémos sur mon téléphone (c'est toujours un problème quand je dois en changer ^^). Quand je commence à travailler sur un roman, dans la phase préparatoire à l'écriture, je griffonne sur des feuilles blanches ou des fiches cartonnées, puis je passe à l'ordinateur pour mettre en ordre mes notes. Après ça, je ne reviens au papier que si je bloque sur un point et que j'ai besoin de me faire des petits shémas avec des flèches dans tous les sens (pour clarifier des liens de cause à effet, ou les différents arguments logiques à développer dans un monologue par exemple.) Parfois, sur le trajet du retour après une session d'écriture, mon cerveau fonctionne encore à fond, et de nouvelles scènes / dialogues / idées sur le roman en cours me viennent, que je prends en note sur mon téléphone pour les retranscrire plus tard à l'ordinateur...



Voilà, tu sais tout !

La suite ICI


11 commentaires:

Sia a dit…

Bonjour Manon !

Entre deux chocolats (au lait, si j'ai bien suivi), voilà mes questions ! Celle portant sur la couverture de June et l'impression que j'avais d'une certaine ressemblance physique vient d'être résolue, donc je vais la laisser.
J'ai lu Aussi libre qu'un rêve quand j'étais au lycée et cette lecture m'a fortement marquée (depuis j'ai lu un paquet de dystopies, dont un certain nombre que j'ai vraiment appréciées, mais je ne sais pas si je repenserai encore à celles-là dans 10 ans !). Comment est venue cette idée de dates de naissance déterminant l'emploi ? Et l'idée générale du roman ?

Mariejuliet a dit…

Pour une fois de question, un peu de repos.
Ce que je viens de lire sur l'arbre bibliothèque me donne terriblement envie de lire June, c'est malin.

Elodie a dit…

Et bonjour Manon :)

Je reviens avec une autre question, qui concerne le choix de la narration cette fois.
Aussi libres qu'un rêve est omnisciente, celle de June est principalement à la 1ère personne et au fils des tomes la narration à la 3ème personne devient de plus en plus présente quant à celle des thrillers est une narration alternée. Qu'est-ce qui défini tes choix? Qu'est-ce qui fait qu'une narration s'adapte mieux qu'une autre à l'histoire? Dans laquelle te sens-tu plus à l'aise pour écrire?

Ramettes a dit…

J'ai bien gâté mes enfants en chocolat noir (alors je me suis gâtée aussi !) J'espère que as été bien gâtée aussi en chocolat au lait... Bon revenons au sujet... parfois lors des interventions de E-Nathan j'avais le coeur gros parce qu'il n'était qu'une IA, le manque de corps alors que c'est un jeune humain qui l'a créé m'a troublé... J'attendais presque qu'il puisse intégrer le corps d'un hybride... ça n'est pas envisageable dans un troisième volet ?

K Aisling / Rêves et Imagines a dit…

Miam les chocolats... Perso j'ai dû courser le lapin car un peu plus et il zappait la maison (et là j'avais 3 très gros déçus) !! Sur ces quelques péripéties, je pensais te proposer un portrait chinois en guise de questions :
- Si tu étais un auteur ?
- Si tu étais un animal ?
- Si tu étais une saison ?
- Si tu étais un objet ?
- Si tu étais un personnage célèbre ?
- Si tu étais une langue ?
Et puis j'arrête là d'embêter mon monde... ;) Bonne semaine !!

Bouchon des bois a dit…

Bonjour Manon !

A mon tour de délaisser les chocolats pour te remercier de te prêter au jeu des questions :D

Comme quelques unes (uns ?) d'entre nous, je m'apprête à découvrir ta plume avec l'Héritage des Rois Passeurs (en même temps, avec un tel résumé et une telle couverture... Comment veux-tu résister ?), mais du coup, je me demandais... Si tu devais nous conseiller un seul de tes livres, par lequel devrions-nous commencer ? Ma PAL ne te remercie d'avance pas, évidemment ;)

Et puis, en parlant de Gemmell... Lequel as-tu lu en dernier ? Je ne me suis toujours pas remise de Légende, je dois bien l'avouer... Fiou !

Les lectures de Licorne a dit…

Je vais bientôt découvrir l'héritage des roi des passeurs, je guette la boîte aux lettres avec avidité, le facteur déglutit péniblement lorsque je le trouve les mains vides, et mon air aimable disparait.. Mais bon …En attendant, j'ai pu commencer à te découvrir grâce aux premières questions, et pour une fois l'effet inverse est intéressant, te découvrir avant de te lire … c'est pas mal ! Je suis fan de Fantasy, alors cette facette de ton écriture me tente plus que les autres.

J'ai lu plus haut que l'écriture te saisit à n'importe quel endroit ou moment.. Tu ne te crées donc pas un environnement spécifique avant de te lancer dans de longues pages d'écriture, et tu n'as donc pas d'endroits qui t'inspirent plus que d'autres… ? Comment tu t'organises, tu as un petit cahier fétiche sur toi, tu notes et tu recopies ?…Le besoin d'écrire parait assez spontané, as tu tout de même des tics d'écriture, des manies avant, pendant, après… ?

Voilà, en attendant de me plonger dans cette nouvelle lecture et de pouvoir venir en parler, je te souhaite une bonne continuation avec les copinautes !

Nath Aely a dit…

Rebonjour Manon

A lire toutes ces réponses un chose m'a marquée (bon d'autres aussi hein mais celle-là est restée en avant de mon petit cerveau).
Lorsque tu parles d'écriture tu as lancé que tu écrivais aussi des chansons. Est-ce juste une activité en dilettante ou en connaissons-nous quelques unes sans le savoir?
Et si pour l'instant ça reste concentré chez toi, envisages-tu de trouver quelqu'un ou de les chanter toit-même un jour?? ;)
Je ne te proposerai pas mes services pour ça la Bretagne est suffisamment verdoyante pour que j'y rajoute une météo humide :p

Harmonie (Une critique aiguisée mais avisée) a dit…

Bonjour Manon ! Honte à moi je n'ai pas encore découvert ta plume mais ça ne serait tarder avec Le suivant sur la liste et L'héritage des rois-passeurs où j'ai été sélectionné par Livraddict.

L'héritage des rois-passeurs est un one-shot ? Ou une suite est prévu ?
Y'aura-t-il un autre Thriller de prévu chez Rageot ?

Bienvenue pour le Mois de !!!

Elodie a dit…

Bonjour Manon.

Je me posais une question d'ordre éditorial cette fois :p

Tu travailles (ou as travaillé) avec 3 maisons d'édition, tu disais par exemple que "le suivant sur la liste" tu avais envoyé un projet qui avait été validé, est-ce toujours comme ça? Ou parfois tu ne démarches que lorsque tu as fini d'écrire le roman (ou du moins une version presque finale puisque l'on sait tout le parcours que petit roman doit faire avant de sortir tout beau). Comment se passe ce processus d'échange d'idées, de projets et de validation?

Du coup ma curiosité continue, y a-t-il des chances pour une réédition de "aussi libres qu'un rêve"? Il mérite tellement de trouver sa place dans la bibliothèque de plein plein de lecteurs <3

XL a dit…

voilà c'est gagné j'ai maintenant envie de découvrir Aussi libres qu'un rêve
mais je serai patiente car j'attends l'arrivée de la suite de June
avant la fin du mois de... si tout va bien