mercredi 2 juillet 2014

L'ASSASSINAT DE HICABI BEY de Alper Canigüz




Mirobole éditions
248 pages
20 euros


4ème de couv :


Alper Kamu est un curieux petit garçon qui s’est promis de résoudre un meurtre commis dans son quartier à Istanbul. Il a trouvé Ertan le Timbré à côté du cadavre encore chaud d’Hicabi Bey, policier à la retraite, la télévision allumée à plein volume, mais le cinglé du voisinage était plutôt là pour regarder l’équipe du Besiktas perdre en Ligue des champions. Déjà tête à claques d’existentialiste, Alper le désormais détective va sécher la maternelle et balader son revolver en plastique Dallas Gold dans une mégapole bigarrée, pleine d’amantes fatales, d’épiciers lyriques et de directeurs sournois…



L'avis de Dup :

Les éditions Mirobole nous réservent souvent de belles surprises, et celle-ci en est encore une. Ils sont allés dénicher un polar turc qui est vraiment "à part", pas du tout classique. On ne s'attend pas du tout à ça, malgré un pitch qui le dit clairement : c'est un enfant de cinq ans qui mène l'enquête, avec son pistolet en plastique !


Son charme, car c'est bien de ça qu'il s'agit, vient donc de son personnage principal, le petit Alper. Un gamin surdoué, qui refuse d'aller à la maternelle où il perd son temps. Cela fait deux ans qu'il lit couramment, Sartre, Rousseau et même Kant n'ont plus de secrets pour lui. Mais il possède également un culture générale qui serait déjà assez étourdissante pour un adulte... Et à côté de ça, il reste un gamin de cinq ans avec ses questionnements, ses incompréhensions, et le mélange de ces deux traits de caractère est finement dosé par l'auteur.

Un soir de match de foot, alors qu'il traînait sur le trottoir devant chez lui, un raffut inhabituel dans la maison d'en face l'interpelle et c'est ainsi qu'il découvre le meurtre du fameux Hicabi, ancien commissaire à la retraite. Bey étant un qualificatif marquant le respect pour un adulte, on a aussi des Abi pour des jeunes garçons plus âgés que soi et des Aba pour des filles. La police, le commissaire, le procureur, tout ce monde là va tourner autour d'Alper, chercher à en savoir plus. Mais le fait d'habiter dans le quartier, de pouvoir fouiner partout et surtout d'interroger les adultes mine de rien, va donner une bonne longueur d'avance à Alper...

Avec une plume fluide et agréable, Alper Canigüz nous présente ce petit bout d'homme à la fois touchant et caustique qui porte un jugement très acéré sur tous ceux qui l'entourent.
Mais de toute évidence, elle se réjouissait de ce qu'elle appelait un naufrage. Ma mère ne sait pas vivre sans chagrin. Les désastres sont le suc de son existence. Je crois qu'elle se sent inutile quand tout va bien. 
Ils s'engueulaient jour et nuit. Parfois j'espérais qu'il ferait comme Gauguin et s'en irait habiter à Tahiti, mais non.
Une plume pleine d'humour également. La description de la maîtresse de maternelle qui annone ses leçons vaut son pesant de cacahuètes, mais est bien trop long à citer ici, comme celle de l'imam en prière pour l'enterrement d'Hicabi Bey. Celle ci en revanche...
Il a constamment de la morve au nez, au point qu'une route fluviale s'est creusée entre ses narines et sa lèvre supérieure. A croire qu'il entretient un élevage d'escargots.
Le tout donne un roman sympathique et agréable à lire, mais qui n'a rien du polar auquel je m'attendais. Ce que je trouve dommage c'est de n'avoir découvert que le petit quartier d'Istambul où vit Alper, mais c'est vrai que ce n'est pas l'objet de ce livre de nous faire une brochure touristique ! Hormis un passage "délire" où Alper après avoir mâchonné un champignon hallucinatoire s'entretient avec un personnage intérieur, les pages ont défilé toutes seules. Un auteur que je ne manquerai pas de suivre s'il continue à être traduit en français.


Deuxième but de mon équipe de foot livres !


4 commentaires:

Les lectures de Mylène a dit…

j'ai été hyper déstabilisée au départ par l'âge de notre enquêteur mais finalement ça s'oublie assez rapidement :)

Dup a dit…

Oui, tout à fait, et c'est ce qui fait son charme finalement, car sinon, c'est un polar comme un autre quoi !

Pierre FAVEROLLE a dit…

Je l'ai fini aujourd'hui et je suis d'accord avec toi. Un enfant de 5 ans philosophe, c'est rare. Parfois, c'est gênant, mais le plus souvent c'est drole. Par contre, l'intrigue policière est fort bien maitrisée. Un auteur à suivre, comme tu le dis. Amitiés

Dup a dit…

J'ai hâte de lire ton avis Pierre/ Merci de ton passage ;)