mardi 15 octobre 2013

Interview de David S. Khara tome 2



Et c'est parti pour un tome 2 , le tome 1 est ici

(c) Hannah Assouline 


Accoudé contre la bibliothèque en bois clair, le géant observait avec attention l’imprimante dont la diode verte, annonçant l’arrivée imminente de nouvelles pages, refusait désespérément de s’allumer. L’imposant personnage fouilla dans les poches de sa veste de treillis. Il en sortit une boîte d’allumettes et un cigare qu’il alluma aussitôt.
Coutumier des longues planques et des attentes interminables, il tira tranquillement une bouffée et expira un panache blanchâtre tout en passant une immense paluche sur son crâne chauve.
Il n’est pas pressé, et ça tombe bien, moi non plus, pensait-il quand son attention fut attirée par le fin filet de brume qui s’engouffrait sous la porte fermée du bureau.
La brume se fit plus dense puis prit peu à peu forme humaine sans que le géant s’en émeuve. Son regard se porta de nouveau sur l’imprimante, toujours muette.
— Du neuf ? lui demanda l’homme d’une cinquantaine d’années aux tempes grisonnantes et à la mise élégante qui venait de se matérialiser à ses côtés.
— Toujours rien. Pour vous comme pour moi, du reste…
— Fâcheux.
— Gonflant, vous voulez dire.
— Ce vocabulaire vous sied plus qu’il ne me correspond, mais je concède en partager l’idée. Que fait-il ?
— Monsieur répond aux questions des lectrices et lecteurs de Bookenstock, soupira le géant, ça va durer tout le mois d’octobre…
— Et pendant ce temps, il nous relègue au second plan, se lamenta le quinquagénaire en réajustant le nœud de sa cravate pourpre.
Il lissa les pans de son manteau de cachemire bleu et approcha ses doigts de l’imprimante.
— En dépit de mes efforts pour m’adapter à votre époque, je ne suis guère spécialiste de cet outil, êtes-vous certain de son bon fonctionnement ?
— Ouaip, répondit distraitement le chauve en dégainant un pistolet automatique calé à l’arrière de ses jeans motif camouflage. Bon, vous je ne sais pas, mais moi, j’entends bien passer à l’action.
Sur ces mots, il fit sauter la sécurité de son arme et vissa sur le canon un silencieux récupéré dans l’une des poches de sa large veste.
— Vous êtes donc l’agent secret, constata l’homme en se fendant d’un sourire carnassier dévoilant des incisives acérées.
— Et vous êtes le vampire, souffla le géant en lui présentant sa main libre.
 Deux paumes se rencontrèrent, l’une chaude, l’autre glacée. Ils échangèrent une poignée de main cordiale.
— Werner, enchanté de vous rencontrer enfin en personne.
— Eytan, de même.
— Croyez-vous que notre créateur leur dira tout ?
— À Bookenstock ? S’il est comme moi, je serai surpris qu’il ait la langue dans sa poche. Et s’il est comme vous…
—… il pourrait avoir la dent dure…




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Comment t'es venu l'idée d'un personnage tel qu'Eytan ? IL n'est pas "classique" quand même, il n'est pas toujours sympa, ce n'est pas un "gentil" au sens strict du terme et pourtant on s'y attache incroyablement. Il évolue beaucoup au fil des tomes et à la fin du tome 3 j'ai versé ma petite larme à l'idée qu'on ne le reverrait peut-être plus (et je suis ravie de m'être trompée :))


David:

Eytan… Personnage complexe s’il en est, et dont les origines méritent d’être détaillées tant elles prennent racines dans la réalité. Eytan est né de mes recherches sur la Seconde guerre mondiale, recherches durant lesquelles j’ai compilé un nombre très important de témoignages de survivants des camps, de résistants, militaires (alliés comme allemands) et criminels de guerre. 
Mon objectif était non seulement de connaître les faits historiques, mais aussi et surtout de ressentir une époque très difficilement imaginable pour nous aujourd’hui. Ces témoignages étaient souvent poignants, certains à la limite du supportable, mais c’était une étape dont je ne voulais, ni pouvais, faire l’économie dans la mesure où l’un des objectifs de la série était rendre hommages aux femmes et aux hommes qui avaient vécu cette période folle. 
La première inspiration pour Eytan m’est venue…d’une femme. Aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est en écoutant Simone Lagrange raconter son parcours que le géant a commencé à se dessiner. Je ne vous dirai rien sur cette personnalité incroyable et vous invite à effectuer quelques recherches pour en savoir plus. Mes mots ne lui rendraient jamais assez hommage. J’ai d’ailleurs mis du temps pour évoquer Madame Lagrange car je ne voulais pas me l’approprier ou que l’on pense que je me le permettais. 
Aujourd’hui la trilogie est terminée, et il m’est plus aisé de parler d’elle, et surtout, j’aimerais que le roman incite ses lecteurs à découvrir son courage et l’énergie incroyable qui émane d’elle. Dans le tome 3, Eytan dit à l’officier SS qui l’avait traqué en Pologne : « je suis la somme de vos victimes ». Tout est là. Il rassemble à travers son destin et sa psychologie des bribes de tous les témoignages que j’ai pu rassembler. Et parmi eux, une constante m’a frappé : les blessures de cette époque ne se sont jamais refermées.
 Du coup, j’ai appliqué cette réalité à Eytan, et c’est Franck Meyer qui la verbalise lorsqu’il explique qu’Eytan n’est jamais sorti du camp dans lequel il a subi les expériences de Bleiberg. Là encore, c’est une clef du personnage. Eytan est tout à la fois un homme posé qui aspire à la paix, et un enfant dont la souffrance est omniprésente et dont la rage ne s’est jamais atténuée. Il est donc en permanence déchiré entre le désir de mener une vie normale, et une soif de vengeance qu’il tente tant bien que mal de maîtriser. A ce titre, le projet Shiro, outre son fond historique et scientifique que je souhaitais traiter car nous le connaissons mal en Europe, me permettait de présenter Eytan pour ce qu’il est vraiment : un homme de devoir, fidèle, implacable, mais aussi un passionné de peinture et un avide lecteur de Zweig. Guerrier, poète, Eytan est une sorte de samouraï idéal, fantasmé. Cela dit, il est d’une dangerosité extrême, coincé entre une forme de folie et une certaine sagesse. C’est ce que décrit l’épisode du soldat tchèque dans le Projet Shiro, un épisode court, mais que je vous trouve terriblement cruel et emblématique de l’ambiguïté d’Eytan. Mais, et c’est tout l’enjeu du tome 3, c’est un homme qui a fait le choix de s’oublier au profit des autres. Sa plus grande satisfaction est de voir Jeremy et Avi s’entendre comme larrons en foire, Jacky et Eli créer une intimité. Lui ne s’autorise que des bribes de ces moments privilégiés et se met très vite en retrait, tétanisé par la peur de perdre ceux qu’il aime. Et c’est là son vrai drame, bien plus que ses spécificités biologiques et les convoitises qu’elles attisent. 

Je pourrais en parler des heures tant il existe de passerelles entre le tome 1 et le tome 3, tant j’ai disséminé des éléments dans les différents romans pour le dépeindre par petites touches. Ce qui me touche le plus dans le succès de cette trilogie, c’est que les lecteurs se sont attachés à Eytan. 

Mais si vous pensez tout savoir sur lui, vous êtes loin, très loin, du compte…


Paméla :

Bonjour David !
Je suis une grande admiratrice de tes bouquins alors je saute sur l'occasion pour te poser quelques questions sur Eytan. Pour info, j'ai les tomes 1 et 2 mais pas encore le 3 et j'ai plongé avec délices dans Les Vestiges de l'Aube.
Donc, concernant ce géant pour le moins étrange mais auquel je me suis très vite attachée, je souhaitais savoir si pour garder l'équilibre entre sagesse et folie il a plusieurs mécanismes.
Est-ce qu'il se représente un instant de pur bonheur (comme dans le film X-men : le commencement) avant d'atteindre le point de non-retour ? Ou bien il se chante dans sa tête des ballades ou visionne des peintures plus douces ? La respiration entre-t-elle en compte ?
Merci d'avance pour tes réponses,
Paméla alias Sorcière du Désert ^^

David :

Bonjour Paméla !
La réponse à cette question se trouve dans le Projet Morgenstern, et comme tu ne l’as pas encore lu, je ne vais pas trop en dire. Une partie de ce roman est consacré à ce qu’il est advenu d’Eytan après son évasion du Stutthof, et à sa formation, combattante, mais aussi humaine, au sein d’un groupe de résistants polonais. A un certain point, Eytan va franchir une ligne morale, et une discussion va l’empêcher de basculer irrémédiablement dans la folie meurtrière.
Cette discussion, et l’homme qui l’a initiée, sont la base de tout, et Eytan y repense chaque jour. C’est d’ailleurs ce qui apparaît à la fin du roman (promis, je ne dévoile rien), et qui constitue le vrai sens de la trilogie : le destin et le cheminement d’un homme, englué dans la toile de l’Histoire.
La peinture symbolise plus sa soif de paix, tout autant que ses lectures (c’est un grand amateur de Zweig).
Donc, pour résumer, faudra lire le tome 3 pour comprendre ce qui aide notre géant à s’équilibrer :)
Bises et toujours à l’écoute !
David

Dup


Tu nous as dit que Bleiberg avait été au début écrit pour des amis, or il s'avère que tu as fait des recherches historiques assez poussées. En tous cas, je n'ai lu que le premier tome et je suis bluffée par ce contexte, pour du "divertissement amical" je dirais. A quel moment as-tu décidé que ce serait une trilogie ? 



David :


Sympa, Dup, je le note ! Donc sous prétexte que j’écrivais pour des amis, j’aurais dû bâcler mes recherches… Tu ne vas te faire que des copains avec un raisonnement pareil ! Ralalalala, je vous jure…. 
Mais bon, soyons sérieux et reprenons, pouf pouf. Donc, il m’apparaît important de repréciser les intentions qui ont présidé à l’écriture de Bleiberg. Il y en avait trois :
- Ecrire un roman d’aventure tel que j’aimerais les lire, et du coup, le faire honnêtement, ce qui signifie que tout ce qui se trouve dans le roman fonctionne sur moi. Les bêtises de Jeremy m’amusent, l’humour à froid d’Eytan aussi, la romance entre Jacky et Jeremy me touche, et l’attachement de ce dernier pour Eytan (avec qui il va tisser une relation quasi fraternelle) me touche aussi. Donc, quand c’est idiot, je rigole, quand c’est triste, je suis ému. Au moins de cette façon, mes détracteurs peuvent se rassurer : je suis aussi crétin que mes romans.
- Explorer des pans méconnus de l’Histoire, avec un travail de recherche très important, mais sans jamais asséner un cours magistral et, au contraire, en replaçant les protagonistes dans les contextes explorés. Ainsi de très nombreux éléments de Bleiberg sont basés sur des faits réels, et bien plus qu’on ne le pense communément. Cette tendance est encore plus marquée dans Shiro, ou je ne m’appuie que sur des éléments historiques réels. Et même dans Morgenstern, tout ce que j’écris sur l’Humain Amélioré est basé sur des réalités scientifiques déjà opérationnelles pour la plupart. C’est à la fois un travail que je livre aux lecteurs, et un apprentissage personnel.
- Raconter en filigranes l’histoire d’un homme, acteur et témoin de l’Histoire et des dérives de l’humanité. Par ailleurs, je souhaitais le traiter à travers le regard des autres. Jeremy le perçoit d’abord comme une menace, puis comme un exemple. C’est d’ailleurs là tout le but de Bleiberg. De nombreux lecteurs me disent avoir deviné qui était le patient 302 à la moitié du roman et je leur réponds invariablement : « J’espère bien, je vous le dis ! ». Car le suspense n’est pas là, du moins pas pour moi. Le suspens, l’enjeu derrière l’aventure, c’est l’importance de la survie d’Eytan aux yeux de Jeremy. Pourquoi ? Parce que j’écris sur l’espoir, le refus de la fatalité et le rejet du cynisme qui prévaut aujourd’hui et que je vomis. Le monde se porte-t-il si bien qu’il faille en plus noircir le tableau ? L’individualisme contribue-t-il à créer une vie meilleure ? Je ne le crois pas, ou je me refuse à y croire, et du coup, mes héros aussi. A dire vrai, Eytan n’est pas le véritable héros de la trilogie. Les véritables héroïnes sont la résistance et la liberté.


Alors, après avoir digressé un tantinet, j’en reviens à ta question. Pourquoi une trilogie ? Parce que j’étais un élève studieux et que j’aime qu’il y ait un début, un milieu et une fin. Comment ça pas crédible ? Si, j’étais studieux. Enfin…quand la matière m’intéressait…
Non, la vérité, est beaucoup moins rationnelle. La vérité est qu’Eytan a pris une importance sans cesse croissante au fil de l’écriture de Bleiberg. J’avais toujours plus à dire, plus à explorer avec lui, et comme il est un vecteur pour raconter les victimes de la folie humaine, je ne voulais pas l’abandonner sans en avoir dit plus. Dans une première version, Eytan mourrait à la fin de Bleiberg, et en la relisant, j’ai trouvé cela insupportable. Alors il s’est étoffé, développé, et des éléments sont apparus qui trouvaient une place logique dans d’autres tomes et les aspects de l’Histoire que je souhaitais traiter. Du coup, j’ai repris Bleiberg et j’ai disséminé des indices, des références et des fausses pistes qui prennent du sens dans le Projet Shiro, et plus encore dans le projet Morgenstern. Ainsi, le lien qui unit Eli Karman à Eytan résume-t-il parfaitement mes intentions.
Pour résumer, s’il y a trois projets, ce n’est donc pas de ma faute mais celle d’Eytan.
Et la trilogie était décidée bien avant que le premier roman rencontre un quelconque succès.

Dup :

Mais euh !!! Bon, effectivement, vu sous cet angle...

Quand je lis " Dans une première version, Eytan mourrait à la fin de Bleiberg, et en la relisant, j’ai trouvé cela insupportable." les cheveux se dressent sur ma tête, et je comprends.
Cependant j'aimerai te demander si tu estimes identique le lien empathique qui se créé entre un personnage et le lecteur, et celui avec son auteur ?
Est-ce le personnage ou l'intrigue qui prime dans ton coeur ?
Karine Giébel disait que si l'intrigue impliquait, nécessitait le mort d'untel, et bien zou, négocié untel :P Thomas Geha n'a pas été tendre avec Tiric Sherna, etc, etc...


David :


Déjà, je crois avoir identifié une petite méprise, mais avec un esprit d'escalier et en pleine écriture de la suite des Vestiges de l'Aube, mes neurones patinent. Ce sont les Vestiges de l'Aube que je destinais à un ami. Bleiberg, je pensais au mieux avoir une centaine de lecteurs.

Pour revenir à ta première question, et je ne parlerai là que de ma situation qui n'a donc qu'une valeur relative, le lien qui m'unit à mes personnages est bien plus fort que celui éprouvé en tant que lecteur avec des héros que j'adore. Je suis fan de Dennis Lehanne et inconditionnel de Patrick Kenzie. Pourtant, une fois les livres refermés, Kenzie me sort un peu de l'esprit. Mes personnages, eux, ne me quittent jamais, qu'il s'agisse d'ailleurs des principaux ou des secondaires. C'est aussi pour cela que j'aime faire passer un personnage d'un rôle de figurant à un rôle principal, comme ce fut le cas pour Elena dans le Projet Shiro, au point qu'elle aura son propre roman prochainement. Ce qui est surprenant, car je ne m'y attendais pas, c'est de voir à quel point Eytan ou Werner et les autres sont en permanence dans mon esprit. Il m'arrive d'entendre une news ou de lire un article et de le jauger à l'aune de la psychologie de l'un ou de l'autre de mes héros.
Naturellement, confronté à un psychiatre, je nierai cette déclaration en bloc et affirmerait sans vergogne que tu en es l'auteure :)


Concernant le rapport intrigue-personnage, je rejoins totalement Karine. Pour autant qu'on aime un personnage, l'intrigue a ses exigences, et au-delà de l'intrigue, le ou les propos que l'on souhaite développer. Dans Morgenstern, et sans rentrer dans le détail ou dévoiler quoi que ce soit, c'est une véritable hécatombe parmi les héros. Et j'en ai souffert lors de l'écriture car je m'étais attaché à certains. Mais, et c'est toute la cruauté de notre travail, faire disparaître un personnage auquel on s'attache, auteur comme lecteur, et se le faire reprocher au cours d'une dédicace ou d'une rencontre sur la base de "vous n'aviez pas le droit" est un réel bonheur. Le sadisme de l'écrivain existe, mais il ne faut pas croire qu'il n'en est pas la première victime...

Phooka :

Dans une de tes réponses tu écris:

"mes détracteurs peuvent se rassurer : je suis aussi crétin que mes romans."

Ca me titille du coup.
As tu beaucoup de détracteurs ?
Es tu sensible à la critique (évidemment oui, mais en fait ma question serait plutôt : comment y réagis tu ?)
Il y a eu un réel engouement derrière Bleiberg: comment as tu vécu ça?



David :

Alors, je vais commencer par les détracteurs, histoire d’expédier la chose. La réponse est : non, je n’en ai pas tant que ça. Par contre, ils sont d’une virulence qui me dépasse. Mais à la rigueur, ça les occupe et pendant ce temps là, moi j’avance. Les chiens aboient, etc…

J’étais très sensible à la critique au tout début, espérant y trouver matière à amélioration, ce qui est trop rarement le cas. Le plupart du temps, je n’y prête plus attention, mais certaines sont choquantes, comme cette personne qui a écrit que Bleiberg relançait le débat sur la pertinence de l’autodafé. Là, ça me heurte et pas en tant qu’hauteur, mais en tant qu’homme.
L’engouement autour de Bleiberg n’a pas été une période simple à gérer. D’abord je traversais un épisode familial difficile qui relativisait considérablement l’importance de l’aventure littéraire. Ensuite, il a fallu répondre aux multiples sollicitations et assumer un statut que je n’avais pas demandé et absolument jamais anticipé. Je pensais publier un ou deux romans, sans prétention ou ambition particulière. Une expérience supplémentaire dans un parcours de vie plus global. Et là, d’un coup, je me retrouvais de l’autre côté d’un miroir dans lequel je n’avais jamais regardé. Alors il y a des côtés très agréables, avec de très nombreux projets, des rencontres formidables voire inespérées. Et puis, il y a une timidité maladive contre laquelle je lutte du mieux possible.
Mais bon, ce qui a changé, c’est que je travaille énormément et sans interruption aucune depuis trois ans. J’ai complètement gardé les pieds sur terre, la preuve : je vide le lave-vaisselle, je sors la poubelle et change la litière du chat. Plus sérieusement, je sais qui je suis, et j’ai la chance d’être en paix avec moi-même. Ce qui m’intéresse, c’est d’essayer d’apporter un peu de plaisir à mes lecteurs, et hors littérature à ceux que j’aime. Le reste n’est que vanité et je vis le tout avec beaucoup de recul et de dérision.

Artikel Unbekannt

"Elena" et "handicap" sont deux mots qui vont très mal ensemble...
Ou alors ils sont synonymes, si l'on considère l'aspect "bombe à retardement" de cette explosive jeune femme et les dommages qu'elle peut infliger à autrui. ;)
D'ailleurs, David, puisque tu l'évoques, as-tu déjà calé l'écriture du spin-off quelque part sur ton planning démentiel, ou est-il encore trop tôt pour en parler ?
Profite bien de ton week-end aux Halliennales et à très bientôt. Des bises.




David :

Ciel, un « article inconnu » !
Alors oui, Elena est une bombe à retardement, et à plusieurs niveaux, et oui, l’écriture du roman qui lui sera consacré est déjà calée puisque, sauf accident, je l’entame au printemps prochain pour une sortie en 2015.
Et les Halliennales furent très sympa, tout comme la première édition.
Et donc, des bises aussi !





Puisque que tu en es à parler un peu plus de ta personne. Je crois que tu l'as déjà évoquer lors d'une interview. Mais il me semble que Khara est un pseudo, pourrais-tu nous en expliquer l'origine, ce choix de pseudo, et pourquoi un peusdo ? Ah oui et le S. que signifie-t-il ? Pas simplement pour avoir les même initiales d'une personne publique dont on évoquera pas le nom ?




David :


Alors, à l’origine, j’avais opté pour un pseudonyme pour deux raisons.
Premièrement, je souhaitais créer une distance entre ce qui pouvait éventuellement arriver à l’écrivain et la vie quotidienne. Alors évidemment je ne m’attendais pas à ce qui s’est produit, mais compte tenu de l’ampleur de la chose, je ne regrette pas ce choix. Ce qui arrive à Khara, arrive à Khara, pas à David. Je sais, c’est du pain béni pour un psychiatre…
Deuxièmement, toute exposition, volontaire ou pas, désirée ou pas, entraîne des commentaires acerbes, voire agressifs, et je ne souhaitais pas que le nom de mes parents soit mêlé à ça. Là encore, bien m’en a pris.
Et cela m’amène logiquement au S. N’utilisant pas mon nom de famille, je voulais inclure une symbolique familiale dans le pseudonyme et j’ai opté pour la première lettre du prénom de mon grand-père, Serge.
Pour Khara, c’est à la fois un clin d’œil à la littérature russe que j’adore, à la Cité de la Peur que j’adore, et c’est un mot ou un consonance que l’on trouve dans quasiment toutes les langues, ce qui colle parfaitement à l’espoir qui m’habite de voir un jour les humains accepter les différences. Et là, c’est pas gagné…


Finissons avec DSK, le vrai, le seul, l’inimitable, l’homme qui a cru pouvoir gagner une élection présidentielle avec des casseroles, certes personnelles, mais invraisemblablement lourdes. Il ne s’agit que d’un hasard, et je l’assume d’autant mieux que mon rapport aux femmes est totalement différent du sien, et c’est un doux euphémisme…. Cela dit, le S. a disparu de certaines éditions étrangères, et je pense à le supprimer également en France, non pas à cause de l’autre fâcheux, mais pour simplifier, car beaucoup de gens pensent que je m’appelle Skhara ou Eskhara.
Dans tous les cas, je préfère que l’on m’appelle David ou Khara, ou Raoul si ça vous tente, même si je ne comprendrais pas vraiment pourquoi 





 

J'ai une question très générale qui me titille depuis longtemps, mais que je n'ai jamais posée... pas de chance, ça tombe sur toi ! Mais tu vas vite comprendre pourquoi toi...
Est-ce l'auteur ou l'éditeur qui gère la 4ème de couv' ?
Comment expliques-tu la différence énorme entre le résumé de Bleiberg sur le Critic et sur celui de 10/18 ? Perso, ce dernier, je le lis, je l'achète. L'autre, je réfléchis, j'hésite, j'attends d'en entendre parler... Je précise que ce n'est pas une question de coût bien sûr.


David :


Je comprends totalement la question et me considère effectivement malchanceux d'en être le destinataire...Ma réponse sera donc ferme, tranchée et définitive : ça dépend. Pas mal, hein ? Non ? Bon, je développe.En règle générale, l'éditeur gère la 4eme, ainsi 10/18 rédige les 4eme de mes poches, comme Michel Lafon s'était occupé de celle des Vestiges. Dans le cas de Bleiberg en grand format, je fournissais à Critic des éléments pour la 4eme et nous y travaillions ensemble. Je suis donc en grande partie responsable. En toute franchise, je n'aime pas cet exercice car je pense qu'un point de vue extérieur accouchera d'un meilleur texte que le mien. Il est très compliqué de vanter son travail, de "vendre" ses livres, en tout cas, pour moi. Aujourd'hui, je n'écrirai plus une seule de mes 4eme et c'est un sacré soulagement !




Bonjour David,
Je vous découvre grâce à Dup et Phooka et c'est une belle surprise !
Vous avez un très beau style, très agréable à lire.
Mais je ne suis pas venue vous passer de la pommade hein ?
Plutôt faire ma curieuse, comme les autres !

Vous avez parlé de votre parcours un peu "touche à tout" qui a fini par vous amener à l'écriture, pensez vous qu'un jour vous en aurez fait le tour ou avez vous trouvé l'occupation idéale qui remplit l'esprit et le frigo ? 


Et d'ailleurs si on vous demandait comme ça, sans réfléchir, quel autre métier vous voudriez essayer, ce serait quoi 



David :

Bonjour Wal, ne lésinez pas sur la pommade, j'ai la nuque complètement bloquée (et en plus c'est vrai). En tout cas, merci pour vos gentilles paroles, je vous assure qu'elles ne sont jamais anodines...Votre question est très intéressante car elle m'amène à prendre encore plus de recul sur ma "carrière" actuelle, ce qui n'est pas un mal, bien au contraire. J'écrirai tant que j'aurai des personnages en tête, des histoires à raconter, des propos à développer, même s'en avoir l'air, dans mes romans. Tant que j'y prends plaisir, j'écris. Le jour ou je m'ennuie, le jour ou l'écriture devient purement mécanique, il sera temps pour moi de passer à autre chose. En termes crus, si le but est de m'emmerder, j'ai déjà largement donné en tant que chef d'entreprise ! Ce qui pose la question d'un éventuel après, et là, j'hésite. L'idéal serait de trouver un boulot rémunéré honteusement, avec un besoin de réflexion minime voire inexistant, et une absence totale de franchise... Je réfléchis en live, mais je pense que je ferai....Jean-François Copé :)

Blague à part (quoi que...), si j'arrête l'écriture, je me tournerai vers l'humanitaire, ce qui a déjà failli se faire à deux reprises par le passé. La troisième serait certainement la bonne. Wait and see... 


11 commentaires:

Paméla a dit…

Bonjour David !
Je suis une grande admiratrice de tes bouquins alors je saute sur l'occasion pour te poser quelques questions sur Eytan. Pour info, j'ai les tomes 1 et 2 mais pas encore le 3 et j'ai plongé avec délices dans Les Vestiges de l'Aube.
Donc, concernant ce géant pour le moins étrange mais auquel je me suis très vite attachée, je souhaitais savoir si pour garder l'équilibre entre sagesse et folie il a plusieurs mécanismes.
Est-ce qu'il se représente un instant de pur bonheur (comme dans le film X-men : le commencement) avant d'atteindre le point de non-retour ? Ou bien il se chante dans sa tête des ballades ou visionne des peintures plus douces ? La respiration entre-t-elle en compte ?
Merci d'avance pour tes réponses,
Paméla alias Sorcière du Désert ^^

Dup a dit…

Tu nous as dit que Bleiberg avait été au début écrit pour des amis, or il s'avère que tu as fait des recherches historiques assez poussées. En tous cas, je n'ai lu que le premier tome et je suis bluffée par ce contexte, pour du "divertissement amical" je dirais. A quel moment as-tu décidé que ce serait une trilogie ?

Phooka a dit…

Dans une de tes réponses tu écris:

"mes détracteurs peuvent se rassurer : je suis aussi crétin que mes romans."

Ca me titille du coup.
As tu beaucoup de détracteurs ?
Es tu sensible à la critique (évidemment oui, mais en fait ma question serait plutôt : comment y réagis tu ?)
Il y a eu un réel engouement derrière Bleiberg: comment as tu vécu ça?


Dup a dit…

Mais euh !!! Bon, effectivement, vu sous cet angle...

Quand je lis " Dans une première version, Eytan mourrait à la fin de Bleiberg, et en la relisant, j’ai trouvé cela insupportable." les cheveux se dressent sur ma tête, et je comprends.
Cependant j'aimerai te demander si tu estimes identique le lien empathique qui se créé entre un personnage et le lecteur, et celui avec son auteur ?
Est-ce le personnage ou l'intrigue qui prime dans ton coeur ?
Karine Giébel disait que si l'intrigue impliquait, nécessitait le mort d'untel, et bien zou, négocié untel :P Thomas Geha n'a pas été tendre avec Tiric Sherna, etc, etc...

Dup a dit…

Oui, c'est vrai... quand on ferme le livre, nos amis de papier ont tendance à s'effacer, sauf quand on en parle comme maintenant. D'ailleurs, je ne vais pas tarder à m'occuper du cas de Shiro, rien que pour voir ce que donne Elena en perso principal... Je te préviens de suite, elle part avec un lourd handicap !

Artikel Unbekannt a dit…

"Elena" et "handicap" sont deux mots qui vont très mal ensemble...
Ou alors ils sont synonymes, si l'on considère l'aspect "bombe à retardement" de cette explosive jeune femme et les dommages qu'elle peut infliger à autrui. ;)
D'ailleurs, David, puisque tu l'évoques, as-tu déjà calé l'écriture du spin-off quelque part sur ton planning démentiel, ou est-il encore trop tôt pour en parler ?
Profite bien de ton week-end aux Halliennales et à très bientôt. Des bises.

Cornwall a dit…

Puisque que tu en es à parler un peu plus de ta personne. Je crois que tu l'as déjà évoquer lors d'une interview. Mais il me semble que Khara est un pseudo, pourrais-tu nous en expliquer l'origine, ce choix de pseudo, et pourquoi un peusdo ? Ah oui et le S. que signifie-t-il ? Pas simplement pour avoir les même initiales d'une personne publique dont on évoquera pas le nom ?

Dup a dit…

J'ai une question très générale qui me titille depuis longtemps, mais que je n'ai jamais posée... pas de chance, ça tombe sur toi ! Mais tu vas vite comprendre pourquoi toi...
Est-ce l'auteur ou l'éditeur qui gère la 4ème de couv' ?
Comment expliques-tu la différence énorme entre le résumé de Bleiberg sur le Critic et sur celui de 10/18 ? Perso, ce dernier, je le lis, je l'achète. L'autre, je réfléchis, j'hésite, j'attends d'en entendre parler... Je précise que ce n'est pas une question de coût bien sûr.

Anonyme a dit…

Bonjour David,
Je vous découvre grâce à Dup et Phooka et c'est une belle surprise !
Vous avez un très beau style, très agréable à lire.
Mais je ne suis pas venue vous passer de la pommade hein ?
Plutôt faire ma curieuse, comme les autres !

Vous avez parlé de votre parcours un peu "touche à tout" qui a fini par vous amener à l'écriture, pensez vous qu'un jour vous en aurez fait le tour ou avez vous trouvé l'occupation idéale qui remplit l'esprit et le frigo ?

Anonyme a dit…

Et d'ailleurs si on vous demandait comme ça, sans réfléchir, quel autre métier vous voudriez essayer, ce serait quoi

Anonyme a dit…

Bonjour David,
Petites questions relatives à la vie d'écrivain et à l'écriture.
C'est en général un sujet qui alimente beaucoup de fantasmes.
Alors, à quoi ressemble les journées où tu écris (à part sortir les poubelles, faire le repassage, etc.) ?
Ensuite, est-ce qu'écrire est difficile ? (j'ai essayé et je trouve ça difficile, même si je continue d'écrire régulièrement, un plaisir masochiste je crois, pareil pour quelques amis). Ou est-ce que ça te vient facilement ? En tout cas, tes textes sont très fluides et se lisent facilement d'une traite. En gros, pour paraphraser ma question, est-ce que la réalisation du texte est aussi fluide que le résultat l'est.
Et dernière question : comment ton entourage et ta famille perçoivent ton activité professionnelle ? Beaucoup de scénaristes et romanciers français galèrent pas mal (on le sait tous) mais en plus leur entourage ne considère pas leur "job" comme étant un véritable travail (surtout les belles mères, paraît-il). Mais je te dispense de réponse sur la dernière question si cela t'incommode : après tout ça empiète un peu sur ta vie privée.
Voilà voilà...
Je suis sûr que tu vas mettre à mal nos fantasmes d'écrivains qui ont des idées toutes les deux minutes, en font un roman en trois mois d'écriture et dans lesquels l'éditeur ne retouche presque pas le texte...
A bientôt,
Eric