jeudi 5 septembre 2013

LA PORTE DES ÉONS 3 de Sam Sykes




Tome 3 : L'Ombre de l'abîme


Editions Fleuve Noir
568 pages
24 euros


Résumé :

Le monstrueux Daga-Mer s'est libéré de sa prison millénaire. 
Pour empêcher la fin du monde et recevoir la récompense qui leur a été promise, Lenk et ses amis doivent à tout prix rejoindre l'île de Jaga, aussi dangereuse que mystérieuse. Mais ils ne sont pas les seuls à avoir choisi cette destination... 
Dans l'ombre, les démons rôdent.


L'avis de Dup :


Lenk, le chef des aventuriers est de plus en plus perturbé par l'intervention dans son esprit de non pas une, mais plusieurs voix. D'autant que celles-ci lui susurrent des horreurs. Elles vont jusqu'à se chamailler dans sa tête, il n'arrive quasiment plus à reprendre le contrôle. La seule idée fixe à laquelle il arrive encore à se raccrocher, c'est son but : retrouver le Codex de l'Outremonde pour lequel ils ont été engagé.  Or ce satané livre serait aux mains des Shens, les guerriers reptiles verts qui peuplent l'inaccessible île de Jaga. Inaccessible parce que bordée de récifs meurtriers, tels de gigantesques lames de rasoirs affleurant une mer infestée d'Akaneed. Qu'à cela ne tienne, s'étant déjà frottés à un monstre de cette espèce, ils s'en vont affronter le reste de la horde pour accomplir leur mission. 

Or Jaga se révèle être la prison de la terrible Ulbecetonth, la reine mère de tous les démons, sur le point de se libérer. Jaga qui semble être le point de ralliement de toux ceux que l'enfer est capable de vomir sur Terre. Et comme si tout cela n'est pas assez compliqué pour Sam Sykes, l'auteur rajoute l'armée des Infernelles, ces impitoyables guerrières à la peau violette. Elles viennent du néant, sont là pour tuer ou être tuées, sans état d'âmes. En ont-elles une d'ailleurs ? Elles sont commandées par l'ignoble Sheraptus, celui-là même qui grâce à sa couronne du chaos, pratique la magie interdite et leur en a fait tant voir lors du tome précédent, sur l'île de Teji. 

Bref, je ne vous cache pas que l'ensemble de ce joyeux méli-mélo est un brin compliqué et que bien souvent l'auteur m'a perdu au milieu de ces démons, déités, seigneurs, vassaux, fidèles ou traîtres. Mais qu'importe, le but de nos compères reste le même. Leurs soucis, leurs préoccupations aussi et c'est avec plaisir que l'on suit leurs pérégrinations jonchées de batailles épiques qui apportent leur lot d'actions haletantes et entraînantes. Les mauvaises langues pourraient dire que l'intrigue n'a pas beaucoup évoluée, que nous sommes sur Jaga au lieu de Teji. 
Mais c'est là toute la différence, et ce grâce à l'imagination fertile de l'auteur. Les descriptions qu'il nous fait de cette île maudite valent à elles seules la lecture de ce dernier tome. Imaginez être dans un aquarium géant, avec la flore et la faune qui vous entoure. Les algues qui ondulent alors qu'il n'y a pas de vent, les coraux qui forment des barrières acérées, des poissons qui nagent...dans l'air. Ils ne volent pas, ils nagent. Seulement voilà, il n'y a pas que des jolis petits poissons colorés, on y rencontre également des raies, des requins embusqués. Tout cela serait malgré tout idyllique si comme d'habitude Sam Sykes n'y rajoutait pas des monstres hideux et repoussants, verruqueux et bavant à qui mieux mieux histoire d'aviver les contrastes. Encore une fois je salue la prouesse du traducteur ! 

Une chose est sûre, nos aventuriers n’ont pas franchement le temps de souffler ! Et le lecteur encore moins car l’auteur reprend le même découpage que précédemment, chaque chapitre concernant l’un des aventuriers, et parfois même, lorsque l'action s'accélère, le changement de narrateur se fait d'un paragraphe à l'autre. Ce qui rend la vision de la même scène, de la même bataille sous un prisme diffractant assez singulier que je n'ai jamais lu nulle part ailleurs. Ce kaléidoscope d'images, d'actions, mais aussi de pensées (parfois profondes voire philosophiques, parfois légères voire grivoises,dans un registre intime ou tout simplement spectaculaire) en fait une marque distinctive. Une signature Sam Sykes que j'apprécie de plus en plus et que je ne suis pas prête de lâcher. D'autant que malgré la complexité des différentes factions en lice ( sincèrement on s'y perd parfois ), l'humour et le cynisme de l'auteur sont un délice, sa plume est d'une finesse exquise. 

Page 495 : Il posa une main sur son flanc et sentit le sang couler entre ses doigts. Lentement. C'était une blessure courtoise, qui n'était pas pressée de le tuer et voulait bien laisser quelqu'un d'autre s'en charger.
J'adore !  Si l'imagination de l'auteur est son point fort, le must reste sans conteste le ton développé. Sincèrement j'aime beaucoup cette plume et je ne peux que vous encourager à découvrir cette trilogie. Et je ne peux m’empêcher de saluer Marc Simonetti, l'auteur de cette magnifique couverture qui est de loin la plus réussie des trois volumes. On devrait décerner des coups de coeur couverture tiens !

2 commentaires:

Gillossen a dit…

Allez, je vais poster un petit commentaire pour qu'il ne reste pas à 0 ! ;-)
Merci encore pour la chronique. :-)

Dup a dit…

:))