lundi 14 juin 2010

LE FILS DES BRULES de Laurent Brard



Résumé:

Sarole. Une petite ville tranquille où il ne se passe jamais rien. Flic sans ambitions, au placard depuis douze ans pour avoir laissé se commettre le meurtre de la jeune Cécilia, Oscar Bellem est sur le point de mettre un terme à sa carrière. Dans cet endroit retiré, il espère oublier, tirer un trait sur le passé. Mais derrière son apparence tranquille, Sarole cache un secret. Une ombre se faufile entre les morts. Cécilia n'a jamais été aussi proche.


L'avis de Dup:

Il m'a bien plu cet Oscar Bellem, même si (ou parce que!) l'auteur ne l'épargne pas. Présenté d'entrée de jeu comme mou, indécis, fataliste. Aussi bien dans son métier que vis-à-vis de ses sentiments, il hésite en permanence. Il subit, encaisse, laisse glisser...une sorte d'osmose est passé entre lui et moi!
Alors qu'il s'apprête à baisser les bras, tourner la page et abandonner son métier de flic (qu'il ne voyait de toute façon que comme une nécessité alimentaire d'ailleurs), les évènements le rattrapent. Il est contacté anonymement par une personne se faisant appeler "le fantôme" et qui lui rappelle que le meurtrier de Cécilia court toujours, qu'il pourrait très bien être à Sarole et que tout pourrait recommencer. Oscar Bellem va donc se replonger dans cette enquête, baclée il y a douze ans. Il se débat tout seul ou quasiment, avec ses états d'âmes, ses angoisses et ses hallucinations. Ses cauchemars bien réels emmêlent le tout et c'est avec plaisir que j'ai suivi ses pas tout du long de cette enquête bien chaotique. Au fil des pages on constate qu'Oscar Bellem n'est plus le même, il gagne en assurance, jusqu'à finir par donner des ordres à son patron alors même qu'il avait toujours fait profil bas.
En revanche j'ai trouvé la coïncidence de Sarole un peu tirée par les cheveux, bien trop grosse donc peu crédible.Sarole n'a rien à voir avec la ville où s'est passé le meurtre de Cécilia. Oscar Bellem "finit" sa carrière dans ce petit patelin parce que sa petite soeur s'y est installée et comme par hasard, il va découvrir que c'est là que toute l'histoire, le drame de sa carrière, a démarré. Sans que cela ait gâché réellement ma lecture, je reste sur un sentiment mitigé: le hasard fait trop bien les choses en quelque sorte....

Lecture faite en partenariat avec Livraddict et les éditions PLON


Et je me permets de vous encourager à venir lire les commentaires de ce billet car l'auteur lui-même s'explique quant à cet hasard qui m'a tant gêné. Et c'est un bon éclairage que je vous conseille vivement !

Avec son autorisation je publie son commentaire:

Bonjour à toutes et à tous. Bonjour Dup.
Merci d'avoir lu Le fils des brûlés. Autant que possible, je m'efforce d'éviter de réagir aux commentaires / avis qui, jour après jour, paraissent sur le net. La relation du livre avec ses lecteurs est, je crois, une affaire dans laquelle l'auteur n'a pas à interférer. Si cette fois je ne résiste pas à l'envie, c'est parce qu'il me semble que vous abordez un aspect essentiel de mon roman. Un aspect "voulu", assumé, que vous présentez pourtant comme un défaut. Vous parlez en effet de "hasard" et laissez entendre qu'il "fait trop bien les choses". Mais, justement, Le fils des brûlés repose entièrement sur le hasard ! C'est l'axe du récit, l'enjeu auquel doit faire face le protagoniste, "le" problème, "la" zone d'ombre qu'il oppose systématiquement aux événements. "Le hasard pouvait-il être vicieux à ce point ? " est la question qui inhibe Bellem dans ses choix, qui introduit le doute, en permanence. Donc, sans hasard, il n'y a pas d'histoire. Pour ma part, en position d'auteur, j'ai fait un choix : prévenir le lecteur. Lui dire d'avance et lui rappeler à plusieurs reprises que dans cette histoire "tout est possible, tout est impossible". Un choix, comme un clin d'œil, motivé par un constat : les intrigues policières, quand elles ne sont pas exclusivement documentaires (et encore !), reposent sur des événements, des rencontres, des "coïncidences" hautement improbables. Du début à la fin de son œuvre, Hitchcock cultive le thème du hasard. Fred Vargas, dont j'admire le talent, son "Homme à l'envers", à y regarder de près (à la loupe, pour essayer de dénicher l'erreur, le truc qui ne marche pas), s'appuie sur l'absurde, sur une succession de rencontres et de "retrouvailles" impossibles (Adamsberg se penche sur une affaire de Loup garou après avoir vu "l'amour de sa vie", son amour perdu, à la télé !). "Mystic River" réunit trois personnages que tout oppose, ou presque, autour d'un deuxième drame, une sorte de répétition, de fatalité, de "faute à pas de chance". Un hasard malheureux. Un prétexte, en somme, pour qu'ils soient ensemble. Alors oui, j'ai écrit un livre autour du hasard. Une succession, un enchevêtrement de hasards. Une juxtaposition de prétextes pour parler "d'autres choses" dont les commentaires, sur le net, ne se font pas beaucoup l'écho. Sauf le votre. Donc, je le répète : vous touchez à l'essentiel. Et je vous en remercie. Au plaisir de vous lire. Votre blog est beau et plein de sens. J'y reviendrai.
Laurent Brard.

Si vous voulez participer au débat, rendez-vous sur facebook, le mur de l'auteur! :)


Editions PLON
Collection nuit blanche
256 pages
17,90 euros

12 commentaires:

Véro a dit…

Bon, vu que c'est un avis mitigé, je laisse ma LAL tranquille pour une fois !

Dup a dit…

Non, faut attendre l'avis des autres!
;)

Céline a dit…

Ce que j'en avais dit...

Alors, une sombre histoire du passé qui resurgit et dans laquelle on plonge avec plaisir...

1 - j'ai bien aimé et dévoré...il n'aura pas à passer la nuit sur la table de chevet...
2 - les thèmes abordés sont bien présentés ; les croyances des sarolais, le fantôme, le Mal...
3 - Bellem, un policier auquel on s'attache, un peu écorché quand même...
4 - Saroles, oui d'accord avec ses sarolais OK mais pas de lieu précis, pas de région à croire que l'histoire pouvait se produire n'importe où... enfin je l'imagine bien dans nos campagnes normandes...
5 - et cette fin, une ouverture ????

Quant à ton avis mitigé, je le comprends bien, moi aussi j'ai trouvé que le hasard faisait peut-être un peu trop bien les choses... mais j'en ai fait abstraction car l'histoire est bien construite si on omet ce point de départ.

Alex a dit…

J'aime bien l'histoire et cette collection récemment présentée me donne envie. j'ai surhumain à coté de moi ^^

Dup a dit…

Alors fonce Lexounet!
Et le tout nouveau sorti dans cette collection nuit blanche doit être plus que top: c'est Potens de Ingrid Desjours. ( J'ai lu et chroniqué son premier, Echo, énorme!!!)

Lolo a dit…

Je ne l'avais pas relevé, mais c'est vrai que le hasard fait un peu trop bien les choses. Mon avis est beaucoup moins enthousiaste que le tien.

Céline a dit…

Potens est excellent ma Dup va falloir s'y coller...

Anonyme a dit…

Bonjour à toutes et à tous. Bonjour Dup.
Merci d'avoir lu Le fils des brûlés. Autant que possible, je m'efforce d'éviter de réagir aux commentaires / avis qui, jour après jour, paraissent sur le net. La relation du livre avec ses lecteurs est, je crois, une affaire dans laquelle l'auteur n'a pas à interférer. Si cette fois je ne résiste pas à l'envie, c'est parce qu'il me semble que vous abordez un aspect essentiel de mon roman. Un aspect "voulu", assumé, que vous présentez pourtant comme un défaut. Vous parlez en effet de "hasard" et laissez entendre qu'il "fait trop bien les choses". Mais, justement, Le fils des brûlés repose entièrement sur le hasard ! C'est l'axe du récit, l'enjeu auquel doit faire face le protagoniste, "le" problème, "la" zone d'ombre qu'il oppose systématiquement aux événements. "Le hasard pouvait-il être vicieux à ce point ? " est la question qui inhibe Bellem dans ses choix, qui introduit le doute, en permanence. Donc, sans hasard, il n'y a pas d'histoire. Pour ma part, en position d'auteur, j'ai fait un choix : prévenir le lecteur. Lui dire d'avance et lui rappeler à plusieurs reprises que dans cette histoire "tout est possible, tout est impossible". Un choix, comme un clin d'œil, motivé par un constat : les intrigues policières, quand elles ne sont pas exclusivement documentaires (et encore !), reposent sur des événements, des rencontres, des "coïncidences" hautement improbables. Du début à la fin de son œuvre, Hitchcock cultive le thème du hasard. Fred Vargas, dont j'admire le talent, son "Homme à l'envers", à y regarder de près (à la loupe, pour essayer de dénicher l'erreur, le truc qui ne marche pas), s'appuie sur l'absurde, sur une succession de rencontres et de "retrouvailles" impossibles (Adamsberg se penche sur une affaire de Loup garou après avoir vu "l'amour de sa vie", son amour perdu, à la télé !). "Mystic River" réunit trois personnages que tout oppose, ou presque, autour d'un deuxième drame, une sorte de répétition, de fatalité, de "faute à pas de chance". Un hasard malheureux. Un prétexte, en somme, pour qu'ils soient ensemble. Alors oui, j'ai écrit un livre autour du hasard. Une succession, un enchevêtrement de hasards. Une juxtaposition de prétextes pour parler "d'autres choses" dont les commentaires, sur le net, ne se font pas beaucoup l'écho. Sauf le votre. Donc, je le répète : vous touchez à l'essentiel. Et je vous en remercie. Au plaisir de vous lire. Votre blog est beau et plein de sens. J'y reviendrai.
Laurent Brard.

Dup a dit…

Cher Monsieur,
Tout d'abord merci pour votre message et vos compliments sur notre blog. Personnellement je trouve que c'est un honneur pour nous lecteurs, pour notre blog, d'avoir des commentaires de l'auteur lui-même.
Et de ce fait, je suis ravie d'avoir suscité votre réaction, même si c'était justement le point que je "critiquais".
Je vous remercie pour cet éclairage, cette explication qui permettra, je l'espère de tout coeur, à vos futurs lecteurs d'aborder Le fils des brûlés sous un meilleur angle que le mien.
C'est pourquoi j'aimerai vous demander si je pouvais reprendre votre explication et la publier à la suite de mon avis sur le blog?
Encore merci.
C'est un beau cadeau d'anniversaire que vous m'avez fait là cher monsieur!
Dup

Anonyme a dit…

Pas de soucis, Dup. La critique, le débat, tout ça me va ! Aucun problème pour publier. Et je vous souhaite un très joyeux anniversaire !
Laurent Brard.

Dup a dit…

Merci!

Véro a dit…

Eclairage intéressant de l'auteur qui va peut-être modifier mon opinion et le faire passer dans ma LAL.